Sujet : La nécessité de revêtir l’éveil du cœur dans des « réceptacles », à travers l’étude de la Torah et la bienfaisance.

[Dans ce chapitre, le maamar ajoute que même lorsque l’homme est parvenu à « rechercher D.ieu », il lui est nécessaire de s’adonner à une autre avoda spirituelle pour pouvoir « intégrer en soi » ce dévoilement divin.]

ג. אַךְ עוֹד אַחַת הִיא צָרִיךְ לָשִׁית עֵצוֹת בְּנַפְשׁוֹ, מָה שֶׁכָּתוּב: "בַּשְּׁוָקִים וּבָרְחוֹבוֹת אֲבַקְשָׁה אֵת שֶׁאָהֲבָה נַפְשִׁי וְגוֹ' עַד שֶׁמָּצָאתִי אֶת שֶׁאָהֲבָה נַפְשִׁי. אֲחַזְתִּיו וְלֹא אַרְפֶּנּוּ, עַד שֶׁהֲבֵאתִיו אֶל בֵּית אִמִּי וְאֶל חֶדֶר הוֹרָתִי."

Cependant, il est une autre tâche pour laquelle il convient de déployer des efforts afin de conserver le fruit de cette recherche du divin : c’est d’accomplir ce qui est écrit dans le Cantique des Cantiques : « Dans les places et dans les rues, j’ai cherché Celui que mon âme aime [...] jusqu’à ce que j’aie trouvé Celui que mon âme aime. Je Le saisis et ne Le lâchai pas, jusqu’à L’avoir emmené dans la maison de ma mère, dans la chambre de celle qui m’a enfantée. »1 En effet, cette quête « dans les places et dans les rues » décrit la « recherche » de la révélation de l’étincelle divine présente en l’homme. C’est ce que désigne « Celui que mon âme aime » : l’amour de D.ieu inné présent dans toutes les âmes d’Israël, appelé ahava méssoutéreth, « un amour dissimulé », car sa source est l’étincelle divine qui donne vie à l’âme2 et qui s’y trouve « enfouie » et est par nature très voilée et occultée.3

וְהִנֵּה בְּחִינַת הַחִפּוּשׂ הוּא "בַּשְּׁוָקִים וּבָרְחוֹבוֹת", בִּמְקוֹם הָאֲבֵדָה.

Or, cette recherche de l’amour de D.ieu perdu se fait « dans les places et dans les rues », c’est-à-dire dans l’endroit où il a été perdu, qui sont les actions, les paroles et les pensées étrangères à la volonté de D.ieu.

אַךְ אַף גַּם אִם מָצָא אֶת הָאֲבֵדָה, הִנֵּה לֹא יִתְקַיֵּם בּוֹ אוֹר ה' בִּלְתִּי כֵּלִים, כִּי זֶה גּוֹרֵם הִסְתַּלְּקוּת הָאוֹר כַּנּוֹדָע.

Cependant, même après l’avoir retrouvé, il est nécessaire, selon les termes du verset, de « Le saisir et ne pas Le lâcher », car la Lumière de son étincelle divine ne subsistera pas en lui, en cet homme, sans « réceptacles » pour la contenir, car si ceux-ci sont absents, cela engendre la disparition de la Lumière divine, du fait que sa nature est de s’élever vers sa source dans le divin et de s’y fondre.

וְלָכֵן הָעֵצָה: לַעֲשׂוֹת כֵּלִים לְאוֹר ה', וְהֵם אוֹתִיּוֹת הַתּוֹרָה. כִּי "בֵּית אִמִּי" זוֹ תּוֹרָה שֶׁבִּכְתָב, וְ"חֶדֶר הוֹרָתִי" זוֹ תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה.

C’est pourquoi la solution est de forger des réceptacles pour la Lumière de D.ieu, et ces réceptacles sont les lettres de la Torah. C’est ce qu’exprime la suite du verset du Cantique des Cantiques en disant : « [...] jusqu’à L’avoir emmené dans la maison de ma mère, dans la chambre de celle qui m’a enfantée », car « la maison de ma mère » désigne la Torah Écrite, les 24 livres du Tanakh, et « la chambre de celle qui m’a enfantée » désigne la Torah Orale, l’interprétation des Écritures transmise oralement à Moïse au mont Sinaï, qui découle des Écritures et est comme « enfantée » par celles-ci.

וּכְמוֹ שֶׁכָּתוּב "כִּי הֲוָיָ"ה אֱ-לֹהֶיךָ אֵשׁ אֹכְלָה הוּא", וּכְשֵׁם שֶׁאִי אֶפְשָׁר לְאֵשׁ לְהֵאָחֵז בְּלִי פְּתִילָה, אוֹ שׁוּם דָּבָר הַנֶּאֱחָז בּוֹ. כָּךְ "אֲחַזְתִּיו וְלֹא אַרְפֶּנּוּ עַד שֶׁהֲבֵאתִיו כוּ'".

Une analogie peut-être donnée à la nécessité de constituer des « réceptacles » qui maintiendra le sentiment de l’amour de D.ieu : c’est le feu, comme il est écrit4 : « Car l’Éternel ton D.ieu est un feu dévorant », car de même que le feu ne peut tenir sans mèche ou quelque autre chose combustible qui puisse le faire tenir, de même il faut accomplir « Je Le saisis et ne Le lâchai pas, jusqu’à L’avoir emmené etc. », au moyen de l’étude de la Torah Écrite et de la Torah Orale, c’est-à-dire le Talmud.

Une autre analogie, celle de l’alimentation, est à présent donnée :

וְכִדְאִיתָא בַּזֹּהַר עַל פָּסוּק "הָרוֹעֶה בְּשׁוֹשַׁנִּים", "שׁוֹשַׁנִּים", שֶׁשּׁוֹנֶה הֲלָכוֹת כּוּ'.

Il est fait référence à cette tâche de constituer des réceptacles permettant à la Lumière de l’âme de maintenir l’amour de D.ieu dans ce qui est écrit dans le Zohar5 au sujet de l’expression du verset évoquant « celui qui fait paître son troupeau parmi les roses » haroé bachochanim. Le mot pour « roses » – chochanim, évoque chéchoné halakhot, « celui qui étudie les lois de la Torah ».

וְלָכֵן כְּתִיב "הָרוֹעֶה", כִּי "יִשְׂרָאֵל מְפַרְנְסִין לַאֲבִיהֶם שֶׁבַּשָּׁמַיִם". מִפְּנֵי שֶׁעַל יְדֵי עֵסֶק הַתּוֹרָה שֶׁהוּא רְצוֹנוֹ יִתְבָּרֵךְ, "רוּחַ אַיְיתִי רוּחַ, וְאַמְשִׁיךְ רוּחַ", לִהְיוֹת שׁוֹרֶה וּמִתְגַּלֶּה בּוֹ בְּחִינַת פְּנִימִיּוּת רְצוֹנוֹ יִתְבָּרֵךְ.

C’est pourquoi il est écrit « celui qui fait paître » bien que cela évoque l’action des Juifs. En effet, le berger permet au bétail d’être nourri, c’est-à-dire que la pâture devient assimilée dans sa chair et partie intégrante de celle-ci. Il en est de même spirituellement : c’est à travers leur étude de la Torah que la Lumière divine est assimilée et intégrée aux vécu des Juifs, de sorte que le Zohar6 dit « Les Enfants d’Israël sustentent leur Père Céleste », c’est-à-dire qu’ils « nourrissent » leurs âmes de la Lumière de leur Père Céleste. Cela est dû au fait que, par leur étude de la Torah qui est la volonté de D.ieu, « l’esprit de l’homme qui s’adonne à l’étude de la Torah attire l’esprit de D.ieu qui rayonne alors en lui, et suscite en lui l’esprit d’amour transcendant de D.ieu »,7 de sorte que réside et se révèle en lui la profondeur de la volonté divine.

כְּמוֹ שֶׁעַל יְדֵי אֲכִילַת הָאָדָם מְחַבֵּר נִשְׁמָתוֹ בְּגוּפוֹ, שֶׁיִּתְפַּשְּׁטוּ בּוֹ כּוֹחוֹת נִשְׁמָתוֹ בְּהַרְחָבָה, כָּךְ כִּבְיָכוֹל "יִשְׂרָאֵל מְפַרְנְסִין לַאֲבִיהֶם שֶׁבַּשָּׁמַיִם" עַל יְדֵי הַתּוֹרָה וּמִצְוֹת שֶׁהֵם רְצוֹנוֹ יִתְבָּרֵךְ, "רוּחַ אַיְיתִי רוּחַ, וְאַמְשִׁיךְ רוּחַ" לִהְיוֹת שׁוֹרֶה וּמִתְגַּלֶּה בְּחִינַת הֶאָרַת רְצוֹן הָעֶלְיוֹן, בְּהֶאָרַת פָּנִים כוּ', עַל יְדֵי אוֹתִיּוֹת הַתּוֹרָה.

Et ainsi, comme l’alimentation de l’homme relie son âme à son corps, et permet que les forces de son âme s’y déploient de façon large, de même, si l’on peut dire, « Israël sustentent leur Père Céleste » à travers l’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvot qui sont la volonté de D.ieu, alors « mesure pour mesure » : « l’esprit attire l’esprit et suscite l’esprit » de sorte que réside et se révèle en lui le rayonnement de la volonté suprême, d’une manière profonde, et tout ceci par l’effet de l’étude des « lettres de la Torah ».

גַּם עַל יְדֵי מִצְוַת הַצְדָּקָה שֶׁהוּא מִדַּת הַחֶסֶד, שֶׁהוּא חִיצוֹנִיּוּת וּכְלִי לִבְחִינַת הָאוֹר, וְהָאַהֲבָה בְּחִינַת פְּנִימִיּוּתוֹ.

La tâche de constituer des réceptacles à la Lumière de D.ieu peut s’accomplir aussi à travers la mitsva de Tsédaka (charité) qui est l’expression de l’attribut de bonté, car la bienfaisance est l’expression extérieure – le « réceptacle » – de la lumière de l’âme, dont l’amour est la partie intérieure qui la motive.

וּכְמוֹ שֶׁכָּתוּב: "כִּי בְּאוֹר פָּנֶיךָ נָתַתָּ לָנוּ תּוֹרַת חַיִּים וְאַהֲבַת חֶסֶד". פֵּרוּשׁ: כִּי לְ"אוֹר פְּנֵי ה'", שֶׁהוּא בְּחִינַת הָאוֹר, יֵשׁ שְׁנֵי כֵּלִים שֶׁהֵם תּוֹרָה וְחֶסֶד כַּנָּ"ל:

Comme il est écrit dans le texte de la bénédiction Sim Chalom à la fin de la Amida : « Car dans la lumière de Ta face Tu nous a donné une Torah de vie et un amour bienfaisant », ce qui signifie que pour « la Lumière de la face de D.ieu » – qui est donc le niveau de « lumière » – il y a deux réceptacles qui sont la Torah et la bienfaisance, comme nous l’avons dit plus haut.

[Résumé de ce chapitre :

Quand bien même mérite-t-on que l’étincelle divine qui est en nous se révèle, entraînant un sentiment d’amour de D.ieu, il est nécessaire de « revêtir » cette révélation dans des « réceptacles », car la lumière sans réceptacles disparaît en s’élevant vers sa source. Ces réceptacles sont, d’une part, l’étude de la Torah qui est comme une « nourriture » pour l’âme, reliant le vécu de celle-ci à la vie corporelle, et d’autre part, la charité et la bienfaisance, qui « donnent corps » à l’amour du cœur.]