Le Don de la Torah au mont Sinaï fut l'événement le plus important de toute l'histoire du peuple juif. Chacun sait qu'à cette occasion nous avons reçu les Dix Commandements, mais certains ignorent les détails relatifs à cet événement.
La Torah évoque un détail apparemment mineur : la voix de D.ieu ne produisit nul écho. Ceci requiert quelques explications. La voix de D.ieu était si forte, nous dit la Torah, qu'elle fut entendue par plusieurs millions de personnes. Un bruit pareil ne peut pas, dans des conditions naturelles, rester sans écho. Comment cela fut-il possible ?
La réponse nous permettra d'appréhender un aspect essentiel de ce que fut le Don de la Torah, ainsi que son impact sur le monde.
Examinons tout d'abord la notion d'écho. Il se produit lorsqu'un son rencontre un obstacle. Si le son est arrêté et « renvoyé » par un objet, il y a écho. Par contre, si l'objet absorbe le son, il n'y a pas d'écho.
Ce qu'on a entendu au mont Sinaï, ce n'était pas seulement une voix telle que nous la connaissons. Il s'agissait d'une Révélation Divine qui transforma radicalement la nature de l'univers. Avant le Don de la Torah, on pratiquait aussi les mitsvot : Abraham mangeait de la matsa, Jacob donnait le maasser (la dîme), etc. Mais ces actions, bien que méritoires, ne changeaient pas la nature du monde. Les actions étaient saintes, mais le monde n'était pas encore sensible à cela. Le monde matériel était imperméable au spirituel. Lors du Don de la Torah, la Révélation Divine pénétra le monde. Depuis cette époque, l'univers est relié au monde spirituel.
C'est pour cela qu'il n'y eut pas d'écho. En effet, ce phénomène se produit uniquement lorsqu'un son rencontre un obstacle. Mais au mont Sinaï la Divinité pénétra et transforma le monde dans sa totalité. Il n'y eut donc aucun écho parce que la Révélation Divine pénétra toute la Création.
À l'époque messianique, « toute chair verra » la révélation Divine concrètement. Actuellement, seuls les yeux sont capables de voir, et notre vision elle-même est limitée, on ne peut voir que des objets physiques. Par ailleurs, nos yeux sont incapables d'entendre un bruit et, à plus forte raison, d'apercevoir un phénomène spirituel. À l'époque messianique, notre chair pourra voir, et non seulement les phénomènes physiques, mais aussi les phénomènes spirituels les plus subtils. Cette transformation du monde physique achèvera la mutation qui s'est opérée lors du Don de la Torah, lorsqu'on a commencé à sentir la Divinité à travers le monde matériel. Observant les mitsvot nous accélérons ce processus en accomplissant l'unification du physique avec le spirituel. À l'époque messianique, ce processus s'achèvera et la Divinité sera perceptible à travers les éléments les plus triviaux de la vie quotidienne.
Cette notion nous donne une très grande leçon en ce qui concerne notre mode de vie. Une leçon qui devrait accroître l'enthousiasme avec lequel nous accomplissons les mitsvot, parce que chacune de nos actions opère une transformation définitive du monde matériel, et en lait le véhicule de la Divinité. Nous devons aussi apprendre à utiliser tous les objets physiques dans une intention sainte, même s'ils n'ont pas de rapport direct avec une mitsva. Nous devons manger de façon sainte ; il ne suffit pas que la nourriture soit cachère, mais nos intentions doivent l'être aussi. Nous ne devons pas manger seulement pour satisfaire notre appétit, mais surtout pour que la nourriture renforce notre corps afin qu'il serve D.ieu du mieux possible. De même, toutes nos actions doivent être imprégnées de sainteté et participer au développement de la sainteté dans le monde.
C'est en répandant la Divinité à travers chaque parcelle du monde matériel que nous préparerons le terrain à (et que nous hâterons) la venue du Machia'h.
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