1. Mythe : Chavouot est toujours le 6 Sivan

Chaque année, la fête de Chavouot a lieu le 6ème (et 7ème) jour du mois hébraïque de Sivan (correspondant à mai-juin). Il semblerait que Chavouot ait toujours été célébré à cette date.

Fait : Chavouot est le 50ème jour du Omer

La Torah nous demande de compter sept semaines (49 jours) à partir du jour de l’offrande du Omer, et de célébrer Chavouot le 50ème jour.1 L’offrande du Omer était apportée le deuxième jour de Pessa’h (plus de détails ci-dessous), et dans le calendrier que nous suivons aujourd’hui, 50 jours plus tard, il y a le 6 Sivan.

À l’époque du Temple, cependant, chaque mois était proclamé par le tribunal rabbinique, sur la base du témoignage de témoins qui avaient observé la nouvelle lune. La durée de chaque mois variait en conséquence, et Chavouot pouvait donc avoir lieu le 5ème, 6ème ou 7ème jour de Sivan.

Il est intéressant de noter que des dates alternatives de Chavouot sont également possibles aujourd’hui, dans le cas de quelqu’un qui a traversé la Ligne de Changement de Date entre Pessa’h et Chavouot. Dans un tel cas, votre 50ème jour est différent du 50ème jour de votre entourage. Si vous avez traversé la ligne vers l’ouest (par exemple, de l’Amérique à l’Australie), votre Chavouot commencera le 7 Sivan. Inversement, si vous avez traversé la ligne vers l’est (par exemple, de l’Australie à l’Amérique), vous commencerez à célébrer Chavouot le 5 Sivan.

Si vous prévoyez de traverser la Ligne de Changement de Date entre Pessa’h et Chavouot, assurez-vous de discuter des détails halakhiques pertinents avec un rabbin compétent.

2. Mythe : Chavouot est toujours le dimanche

Bien que cette erreur appartienne soit largement révolue, il s’agit probablement du plus ancien mythe de Chavouot de l’histoire, remontant à l’époque talmudique.

La Torah nous demande de « compter sept semaines complètes à partir du lendemain du jour de repos, du jour où vous apportez l’offrande du Omer. »2 Cela semble impliquer que l’offrande du Omer était apportée un dimanche (le lendemain du « jour de repos » – Chabbat). Si c’est à ce moment-là que commence le décompte des sept semaines, il doit toujours se terminer le Chabbat, et Chavouot – le cinquantième jour – doit toujours être célébré le dimanche.

Fait : Le « jour de repos » est le premier jour de Pessa’h

Avec la Torah écrite, D.ieu nous a donné la Torah orale pour assurer l’interprétation correcte de la loi. Le Talmud cite une tradition orale,3 provenant de Moïse, qui l’a reçue de D.ieu Lui-même, selon laquelle le « jour de repos » dans ce verset ne se réfère pas au Chabbat, mais au premier jour de Pessa’h. (En effet, il est courant que les Écritures se réfèrent aux jours fériés comme des « jours de repos » ou des « temps fixés ».)

Par conséquent, l’offrande du Omer était toujours apportée le deuxième jour de Pessa’h, quel que soit le jour de la semaine, et Chavouot est 50 jours plus tard, que ce soit un dimanche, lundi, mercredi ou jeudi.

3. Mythe : Il suffit de célébrer Chavouot pendant un jour

Beaucoup de gens croient à tort qu’il suffit de célébrer Chavouot pendant un jour.

Fait : Chavouot est célébré deux jours en diaspora

Selon la loi de la Torah, Chavouot est un seul jour. À l’époque du Temple, comme chaque mois était établi à nouveau par le tribunal rabbinique de Jérusalem et qu’il fallait du temps pour faire connaître le jour où le nouveau mois a été proclamé, les communautés de la diaspora étaient souvent dans l’incertitude au sujet de la date exacte d’une fête. C’est pourquoi en Terre d’Israël, où l’information parvenait plus vite et où il n’y avait ainsi pas de doute sur le premier jour du mois, les fêtes étaient célébrées pendant un jour (selon la loi de la Torah), tandis que dans la diaspora un deuxième jour était observé dans le doute.

Cela se comprend pour Pessa’h et Soukkot, définies respectivement comme tombant le 15 Nissan et le 15 Tichri. Toutefois, comme nous l’avons dit, Chavouot se définit comme étant le 50ème jour à partir de l’offrande du Omer, elle-même définie comme le second jour de Pessa’h, et dépendant donc du premier jour du mois de Nissan, soit plus de 65 jours avant Chavouot ! Un tel délai permettait certainement de faire parvenir aux communautés juives de diaspora la date de Roch ‘Hodech Nissan. En fait, le Talmud nous explique que la raison pour laquelle Chavouot est quand même célébré deux jours en diaspora est que les Sages n’ont pas voulu faire une distinction entre les fêtes.

4. Mythe : Manger des produits laitiers est une mitsva

À Roch Hachana, c’est une mitsva d’entendre le shofar ; à Soukkot – de manger dans une soukka ; à Pessa’h – de manger de la matsa ; et à Chavouot – de manger des produits laitiers. Chavouot sans gâteau au fromage n’est pas Chavouot, non ?

Fait : C’est une coutume (délicieuse certes, mais une coutume)

La Torah ne nous ordonne pas de manger des produits laitiers ; cela n’est même pas mentionné dans le Talmud. Manger des produits laitiers à Chavouot est une coutume qui s’est développée dans l’époque post-talmudique, avec de nombreuses explications (voir le mythe suivant pour en savoir plus). Comme pour toutes nos coutumes, nous exprimons notre dévotion à D.ieu en faisant encore plus que ce qu’Il nous demande.

Lire : L’amour, le mariage et les Hakafot

5. Mythe : C’est principalement parce que c’est ce que nous avons mangé après le Don de la Torah

Peut-être que la raison la plus connue pour la coutume de manger des produits laitiers à Chavouot est que lorsque D.ieu donna la Torah, les Juifs devinrent obligés d’observer les lois de l’alimentation casher. Toute la viande en leur possession devint impropre à la consommation, et puisque la Torah fut donnée le Chabbat, il n’était pas possible d’abattre de bétail et les ustensiles ne pouvaient pas être rendus casher. Ils n’eurent d’autre choix que de manger des produits laitiers, et nous commémorons cela en faisant de même.

Beaucoup pensent que c’est la seule raison, ou du moins la raison principale, de manger des produits laitiers à Chavouot.

Fait : Ce n’est qu’une parmi de nombreuses raisons (antérieures)

Cette explication est apparue dans un livre imprimé il y a environ 100 ans, présentant des enseignements de Torah des maîtres ‘hassidiques du 18ème siècle. Cependant, de nombreuses autres raisons fascinantes furent données pour cette coutume, certaines remontant à des siècles plus tôt.

6. Mythe : Il n’est pas nécessaire de manger de la viande à Chavouot

Le repas typique du Chabbat et des fêtes juives comprend un somptueux plat à base de viande. Manger de la viande est l’une des façons dont nous accomplissons la mitsva de nous réjouir lors des fêtes. Certains supposent que Chavouot est une exception. Étant donné que nous devons attendre un certain temps entre la consommation de viande et de produits laitiers, la coutume de manger des produits laitiers semble avoir préséance sur l’obligation de manger de la viande.

Fait : Il y a une obligation de manger de la viande le jour de Chavouot (à distance des produits laitiers, bien sûr)

Chavouot ne fait pas exception, l’obligation de manger de la viande demeure. Il existe de nombreuses coutumes concernant le moment de servir des produits laitiers de sorte que leur consommation n’interfère pas avec celle du repas de viande. Une pratique courante consiste à servir un repas laitier immédiatement après l’office du matin. Ensuite, après avoir récité l’Action de grâce après le repas (birkat hamazone) et attendu une heure, un repas de viande est servi.

7. Mythe : Le traité Chevouot parle de Chavouot

Il y a un traité talmudique consacré à chacune des grandes fêtes – Roch Hachana, Yom Kippour, Soukkot, Pourim et Pessa’h (bien que Hanoucca soit une exception notable). Il existe également un traité nommé Chevouot. Conclusion évidente : le traité Chevouot parle de Chavouot.

Fait : Le traité Chevouot discute des serments

Pourtant le traité Chevouot ne parle pas de Chavouot mais de serments. Alors que le nom de la fête signifie « semaines », du fait qu’elle est célébrée sept semaines après l’offrande du Omer, le mot chevouot signifie « serments », et c’est le sujet du traité.

Bien que Chavouot soit dotée de quantité de belles coutumes, cette fête a très peu de lois qui lui soient propres. De nombreuses lois relatives aux fêtes en général sont discutées dans un autre traité : Betsa.

Il y a, cependant, un lien entre le traité Chevouot (serments) et Chavouot (la fête) : ce jour-là, D.ieu nous a juré une dévotion éternelle, et nous lui avons à notre tour promis une fidélité éternelle.

Pour en savoir plus sur Chavouot, visitez notre minisite sur Chavouot.

8. Mythe : Nous avons reçu les Tables de la Loi à Chavouot

Chavouot est le jour où D.ieu nous a donné la Torah. Beaucoup comprennent que cela signifie que nous avons reçu les deux Tables de la Loi (les lou’hoth) ce jour-là.

Fait : Nous les avons reçues (et perdues) le 17 Tammuz

À Chavouot, D.ieu nous a communiqué les Dix Commandements, les deux premiers directement et les huit derniers via Moïse. Moïse est ensuite monté sur le mont Sinaï et y est resté pendant 40 jours, où D.ieu lui donna les Tables sur lesquelles ces Dix Commandements – le fondement de toutes les 613 mitsvot que D.ieu lui a enseignées pendant ce temps – étaient gravés.

Les 40 jours s’achevèrent le 17 du mois hébraïque de Tamouz. Quand Moïse descendit avec les Tables, il vit les Juifs adorant le veau d’or. Horrifié, il jeta les Tables au sol, les brisant instantanément.

Moïse remonta sur le mont Sinaï pour intercéder en faveur des pécheurs. D.ieu répondit à ses prières et pardonna aux Juifs, et 80 jours plus tard, à Yom Kippour, 567990 Moïse redescendit avec deux nouvelles Tables.

Lire : Quelle était la forme des Lou’hot: ronde, carrée ou rectangulaire?

9. Mythe : Le don de la Torah fut un événement ponctuel

Le don de la Torah fut une expérience merveilleuse, sans précédent depuis. La perception commune est qu’à Chavouot, nous commémorons un événement paroxystique survenu il y a plus de 3330 ans.

Fait : Chaque année, chaque jour, nous recevons la Torah

D’un point de vue plus profond, les fêtes juives ne font pas que commémorer des événements révolus. Sur le plan spirituel, les événements d’autrefois se reproduisent chaque année, nous imprégnant d’une énergie et d’une vigueur toujours croissantes.

De plus, il nous est enseigné que D.ieu nous redonne la Torah chaque jour. Cette idée est exprimée dans la bénédiction que nous récitons – au présent – chaque matin avant d’étudier la Torah : Béni sois-tu Éternel notre D.ieu qui nous donne la Torah.

Alors cette année à Chavouot, représentez-vous le Don de la Torah comme une réalité présente. Cela se passe aujourd’hui ! Et assurez-vous d’aller à la synagogue et d’entendre les Dix Commandements lus dans la Torah.

Lire : La révélation au mont Sinaï

10. Mythe : Les Dix Commandements sont les mitsvot les plus importantes

Il est de notoriété publique que les Dix Commandements sont les plus importantes des 613 mitsvot, tandis que les autres sont moins significatives et peut-être non contraignants. Où sont-ils ?

Fait : Chaque mitsva est tout aussi importante

Bien que les Dix Commandements occupent certainement un rôle unique, nous ne devons pas sous-estimer l’importance de toute mitsva, aussi petite qu’elle paraisse.

Une mitsva est la volonté de D.ieu, et sa valeur dépasse de loin tout ce que nous pouvons saisir. Chaque mitsva est l’occasion de forger un lien personnel avec D.ieu Lui-même. Alors faites-en autant que vous le pouvez !

Lire : Qu’est-ce qu’une mitsva ?

11. Mythe : Nous avons dormi parce que nous étions indolents

Le Midrash raconte que la nuit précédant le Don de la Torah, le peuple juif se coucha tôt pour une bonne nuit de sommeil. Le lendemain matin, ils eurent une panne d’oreiller et Moïse dut les réveiller. Pour rectifier cette faute, il est de coutume de rester éveillé toute la nuit de Chavouot et d’étudier des textes de la Torah.

Cet épisode est généralement considéré comme une partie honteuse de notre histoire, reflétant le manque d’enthousiasme de nos ancêtres pour recevoir la Torah.

Fait : Nous voulions nous préparer en puisant de l’énergie spirituelle

Bien que les Juifs aient effectivement trop dormi ce matin-là, il y a une dimension plus profonde à cette histoire qui nous donne une manière plus positive de considérer ce qui s’est passé.

Le Rabbi de Loubavitch explique que les Juifs n’ont pas dormi par indolence, mais parce qu’ils pensaient que c’était la meilleure façon de se préparer. Lorsque vous dormez, votre âme monte vers les dimensions célestes où elle reçoit une énergie spirituelle renouvelée. Quelle meilleure façon de se préparer à recevoir la Torah, pensaient-ils, que de passer les heures précédentes à se prélasser dans la spiritualité ?

Malgré leurs bonnes intentions, c’était une erreur. En dormant, les Juifs ont démontré qu’ils avaient mal compris le but de la Torah. La Torah n’a pas été donnée pour que nous puissions devenir des êtres spirituels, mais pour que nous confrontions et ennoblissions notre nature physique. Nous restons donc éveillés pour réparer leur erreur. Nous passons la nuit à étudier, pour inspirer et purifier notre corps afin que chaque partie de nous, le matériel et le spirituel, soit prête à recevoir à nouveau la Torah.