25:10 L’Éternel parla à Moïse. À la vue du meurtre de Zimri par Pin’has, les Juifs se sentirent embarrassés du fait que lui seul avait compris ce qui devait être fait et avait agi en conséquence. Ils sentirent que leur conduite avait rabaissé l’honneur de Moïse et du peuple dans son ensemble. Ils cherchèrent alors à justifier leur inaction prétendant que Pin’has avait agi mû par sa cruauté naturelle plutôt que par son indignation vertueuse. Ils soulignèrent, sournois, que l’homme hérite de sa mère ses traits de caractère les plus marqués, tandis que la femme hérite de ceux de son père.1 Ainsi, en tuant Zimri Pin’has aurait manifesté la cruauté de Jéthro, le père de sa mère,2 qui avait pour habitude d’engraisser ses animaux outre mesure avant de les sacrifier aux idoles qu’il servait. Ils ajoutèrent pour renchérir le fait que Pin’has était le seul de tous les descendants d’Aharon à ne pas être prêtre. (La prêtrise, conférée à l’origine à Aharon et ses quatre fils, devint héréditaire une fois seulement que les prêtres furent installés dans leur fonction, alors que Pin’has était déjà né.) Ils opposèrent la cruauté de Pin’has à la bienveillance de Zimri lorsqu’il affronta Moïse accompagné de Kozbi afin de défendre et sauver sa tribu.

Pour démentir ces accusations, D.ieu réalisa trois choses : premièrement, au moment où Il rétribua Pin’has pour son acte, Il retraça sa lignée jusqu’à son grand-père paternel, Aharon, soulignant ainsi qu’en tuant Zimri Pin’has avait concrétisé le souhait d’Aharon de promouvoir la paix et réconcilier les amis et les couples éloignés3 (dans ce cas, le peuple juif et D.ieu). En second lieu, ce fut D.ieu Lui-même qui décerna la prêtrise à Pin’has. Enfin, Il retraça la lignée de Zimri jusqu’à Siméon, connu pour son naturel violent,4 afin d’indiquer que ce n’était pas l’acte de Pin’has qui avait été cruel mais le sien.5

25:11 Pin’has. Le fait que Pin’has était bien plus jeune que n’importe laquelle des figures d’autorité de l’époque – Moïse, les fils d’Aharon et les autres sages – ne l’empêcha pas d’agir en leur présence dès lors qu’il apparut clairement qu’ils étaient paralysés. De même, nous ne devons pas être intimidés lorsque nous constatons que ceux qui ont une stature plus grande que la nôtre ne font rien pour remédier à une situation requérant une intervention. Il est bien possible que, comme dans le cas de Pin’has, la Providence divine les rende silencieux afin qu’un individu « moins qualifié » saisisse le moment propice et réponde à l’appel du destin vers la grandeur. Lorsque la divine Providence nous offre l’occasion de redresser quelque tort de ce monde, nous devons y donner suite dans le don de soi le plus absolu, comme le fit Pin’has.6

25:12 Voici que J’établis Mon alliance avec lui. La prêtrise est héréditaire. Comment se peut-il alors que Pin’has soit parvenu à la « remporter » ? Pin’has était sûrement apte à la prêtrise de par sa nature même ; les traits qui y sont associés se trouvaient chez lui en sommeil depuis sa naissance. Son acte de vengeance ne fit rien d’autre qu’éveiller sa « personnalité de prêtre » latente et la muer en conscience active. Dès lors, D.ieu lui accorda la prêtrise de manière officielle.

La prêtrise de Pin’has préfigure ainsi les révélations divines qui se produiront dans les temps messianiques. Les révélations divines sont généralement de deux sortes : celles qui viennent en réponse à notre initiative et celles qui ne sont pas sollicitées. Chacun de ces deux types renferme un avantage par rapport à l’autre. L’intensité d’une révélation accordée en réponse à une initiative d’ici-bas est toujours proportionnelle à l’intensité ou à la valeur de l’initiative. Ainsi, de telles révélations sont par nature limitées, puisque des êtres finis ne peuvent éveiller que des élans finis, limités. Par contre, l’intensité d’une révélation non sollicitée n’est limitée par aucun élan préalable, de sorte qu’elle peut être infinie. Cependant, étant infinie, elle ne parvient pas en général à être complètement assimilée par ses destinataires finis et intégrée à leur être.

Les révélations divines des temps à venir présenteront les deux avantages. Elles transmettront les révélations non sollicitées dans tout leur infini, et pourront être pleinement absorbées par nous. Le monde (nous compris) sera devenu à tel point raffiné que – fait paradoxal – le fini sera en mesure d’absorber l’infini. La prêtrise, étant un don de D.ieu transmis par voie héréditaire, s’apparente à une révélation divine non sollicitée : elle ne s’obtient par aucune quantité de travail, de raffinement ou d’argent « d’ici-bas » dépensée à cette fin. Pin’has, cependant, l’obtint par ses actes. Son accès à la prêtrise manifesta les deux avantages : l’infini de l’initiative divine, et la valeur et l’intégration de l’éveil suscité d’ici-bas.

Pin’has seul y parvint parce qu’il s’éleva au-dessus des limites de la raison, et réussit à établir avec D.ieu le type de lien qui caractérisera l’ère messianique. Puisqu’il agissait déjà en ce sens sur le plan messianique, son sacerdoce refléta cette dynamique et parvint à transcender les limites inhérentes à la réalité ordinaire.7

25:17 Harceler les Madianites. Mais D.ieu n’ordonna pas aux Juifs d’exercer la vengeance envers les Moabites pour deux raisons : en premier lieu, parce que leur dispute contre les Juifs était justifiée par leur crainte d’être pillés.8 Les Madianites, en revanche, même s’ils n’avaient rien à craindre, cherchèrent à nuire aux Juifs par pure haine. En second lieu, l’ancêtre de la lignée royale davidique, Ruth, naîtrait parmi les Moabites.

26:1 Après la plaie. D.ieu ordonna à Moïse que les juges tiennent procès et condamnent les idolâtres afin d’arrêter la plaie qu’Il avait déchaînée contre le peuple après qu’ils eurent fauté à Chitim. Lorsque Zimri défia Moïse, les juges n’avaient pas moyen de trancher sur son cas jusqu’à ce que sa rébellion soit matée. Mais, Moïse ayant oublié la loi déterminant la voie à suivre face au comportement de Zimri, l’insurrection se poursuivit jusqu’à ce que Pin’has se souvienne de la loi et le tue. Aussi, Moïse se sentit quelque peu responsable des pertes occasionnées par l’effet de la plaie. D.ieu lui dit alors : « Si tu as le sentiment de ne pas avoir protégé le peuple comme il l’aurait fallu, dénombre-le ; cela te fera l’apprécier davantage et lui être plus dévoué dorénavant.9 Moi, J’ai recensé le peuple lorsqu’il est sorti d’Égypte10 et l’ai confié à tes soins afin de te démontrer que tout un chacun doit être pris en compte. À présent que tu vas bientôt mourir et les rendre à Mes soins, dénombre-les encore pour démontrer que tu as pris soin d’eux comme il convient. » Ainsi, ce recensement mit fin à l’épisode de Chitim et déclencha le processus d’entrée en terre d’Israël, dont la première étape fut de se préparer au décès de Moïse.

26:11 Les fils de Kora’h… ne moururent pas. Les fils de Kora’h avaient joué un rôle clé dans sa rébellion et, selon toute apparence, s’y étaient pleinement engagés. Pour cette raison, il semblait qu’ils avaient subi le même sort que les rebelles. Cependant, du fait qu’ils regrettèrent d’avoir participé à la révolte, la peine de mort leur fut épargnée et ils purent ensuite reprendre leur vie dans la communauté. S’ils avaient agi conformément à leurs regrets, ce moindre châtiment leur aurait été également épargné.

Leur survie atteste du formidable pouvoir du repentir, même lorsque les actes ne lui font pas écho comme ce devrait être le cas.

Un tel éclairage devrait suffire à dissiper les derniers doutes que nous pourrions entretenir quant à la possibilité d’une délivrance à notre époque. Nous avons appris que « lorsque le peuple juif se repentira, il sera aussitôt racheté ».11 Mais la seule pensée de repentir suffit à amener la Délivrance ultime – d’autant plus qu’elle vient s’ajouter aux mérites que nous avons accumulés au cours de notre long exil : la Torah que nous avons étudiée, les commandements que nous avons observés et les épreuves que notre peuple a traversées.12

26:53 Le pays sera réparti. La relation entre D.ieu et le peuple juif est constituée de trois parts, comme l’indique la liturgie quotidienne du matin : « Que nous sommes heureux ! Que notre part est bonne, que notre sort est favorable, et que notre héritage est beau ! »

• La « part » fait allusion à la relation contractuelle entre D.ieu et Israël. Nous nous sommes engagés à servir D.ieu, et Il a promis de nous rétribuer pour notre service. La part que nous recevons de D.ieu est proportionnelle aux efforts que nous déployons pour la gagner.

• Le « sort » fait référence à la relation supra-rationnelle que D.ieu a forgée avec nous en nous donnant la Torah et en faisant de nous les porteurs de Son message à l’humanité. Ce fut un acte de libre arbitre de Sa part ; pour nous choisir, Il ne fut contraint par aucun souci logique, pas plus que le sort n’est tenu de tomber d’une manière particulière.

• L’« héritage » se rapporte au fait que nous sommes une « partie » de D.ieu. Selon la loi juive, l’héritier prend le statut juridique de son parent et endosse ainsi automatiquement la propriété de ses biens. Il ne l’a pas gagnée, pas plus que le parent n’a décidé de la lui léguer ; en fait, il devient son parent.

Avant le don de la Torah, la relation entre D.ieu et le peuple juif existait uniquement au niveau contractuel et au niveau de la relation parent-enfant. Le service de D.ieu se trouvait limité ; quelqu’un pouvait servir D.ieu et éveiller la révélation divine dans la mesure où ses talents et facultés naturels le permettaient, mais pas davantage. En même temps, D.ieu consacra au peuple juif une attention particulière en vertu de son âme divine, qu’il possédait depuis le temps d’Abraham.

Dès lors que la Torah fut donnée s’y ajouta le lien de libre arbitre entre D.ieu et Israël. À partir de là, D.ieu est Celui qui donne le ton dans la relation, ce qui signifie que même le lien de réciprocité service-rétribution cesse d’être limité par nos capacités finies ; la Torah et ses commandements nous permettent d’atteindre la conscience divine bien au-delà de nos facultés naturelles.

Cependant, avec la Délivrance messianique c’est le lien d’héritage qui deviendra primordial. Notre conscience en tant qu’êtres humains se dissoudra dans la conscience du Créateur et continuera également à exister d’une manière indépendante ; nos personnalités distinctes rayonneront chacune sur le plan individuel tout en restant, paradoxalement, partie intégrante de la réalité absolue de D.ieu.

La terre d’Israël étant vouée à devenir le microcosme du processus global consistant à faire du monde matériel la demeure de D.ieu, sa relation avec le peuple juif devait s’établir sur les trois plans : rationnel, supra-rationnel et intrinsèque. De cette façon, notre entrée sur la terre et sa possession préfigurèrent la délivrance ultime, où notre identification intrinsèque, essentielle avec D.ieu deviendra la conscience opérationnelle de la réalité.13

26:55 Au moyen du sort. Suivant les instructions de D.ieu, Moïse répartit la terre en unités à fertilité égale, puis la divisa en douze régions, chacune contenant un nombre d’unités de surface égal au nombre de membres recensés d’une tribu en particulier.14 Il nota les noms des douze tribus sur douze billets et les noms de ces douze régions sur douze autres billets, et les mélangea tous dans une boîte. Ensuite il revêtit le grand prêtre Éléazar de ses vêtements sacerdotaux, y compris les ourim et toumim, par lesquels Éléazar recevait l’inspiration divine. Puis il convoqua les chefs des tribus un par un. À mesure que chacun avançait, les ourim et toumim inspiraient Éléazar à prophétiser pour tel chef la région qui lui était destinée. Le chef concerné tirait alors de la boîte deux billets, et, par un miracle, l’un portait le nom de sa tribu, et l’autre, l’héritage de sa tribu comme Éléazar l’avait annoncé. Le billet sur lequel était écrit l’héritage devant être attribué se mettait alors, miraculeusement, à déclarer : « Moi, le sort de cette région, suis devenu l’héritage de cette tribu. » Voici comment il devenait manifeste pour tous que le pays n’était pas réparti arbitrairement mais d’une manière équitable, par la parole de D.ieu.

27:3 À cause de sa propre faute. Les filles ne mentionnèrent pas explicitement la faute commise par leur père par souci de respect. Il fut, semble-t-il, soit celui qu’on trouva ramassant du bois le Chabbat et qui fut mis à mort plus d’un an avant l’affaire des explorateurs,15 soit l’un de ceux qui suivirent les explorateurs dans leur égarement mais qui se repentirent après que D.ieu eut prononcé Son décret contre eux, et cherchèrent ensuite à avancer vers la terre d’Israël en dépit du décret.16 Dans aucun des deux cas on ne saurait l’inculper d’avoir agi déloyalement envers la Terre Promise.17 Voici pourquoi les filles soutenaient que leur père méritait une parcelle de la terre comme s’il avait été compris dans le recensement.

28:2 Ordonne ceci aux enfants d’Israël. En plus d’un guide matériel, humain, pour le peuple, Moïse demanda à D.ieu la garantie que le peuple soit toujours conscient de sa sujétion à Lui, son guide divin – que c’est Lui Qui dirige le monde, et que la vie dans tous ses aspects se déroule par l’action de la Providence divine. D.ieu accepta cette requête en instituant les sacrifices quotidiens, qui correspondent aux prières quotidiennes. Les rituels quotidiens de sacrifice/prière renforcent notre conscience et notre acceptation de l’existence de D.ieu dans le monde.18

Ma nourriture. D.ieu appelle les sacrifices Sa « nourriture » quotidienne car, à l’instar de l’aliment qui maintient le corps, les sacrifices suscitent ici-bas la force divine qui maintient le monde.19 Qui plus est, la continuité des sacrifices quotidiens exprimait le lien éternel entre D.ieu et le peuple juif.

Les prières quotidiennes furent instituées pour accompagner les sacrifices quotidiens et les remplacer en l’absence du Tabernacle ou du Temple.20 Ainsi, nos prières quotidiennes « nourrissent » également D.ieu. S’il nous arrivait de douter de l’importance que revêtent les prières, nous devons nous rappeler que D.ieu les considère comme vitales pour l’existence du monde et pour son maintien. Pour Lui, elles sont aussi importantes que peut l’être pour nous notre pain quotidien.21

28:4 Le matin. Le matin symbolise les moments lumineux et heureux de la vie, tandis que le crépuscule est associé aux moments sombres et difficiles. De même que nous devons servir D.ieu lorsque tout se passe bien, nous devons continuer à Le servir pendant les périodes difficiles de la vie. Cette persistance raffermit notre relation et nous permet de développer un véritable sentiment de proximité avec Lui.22

28:8 Une offrande de feu agréable à l’Éternel. Le Maguid de Mézeritch interpréta cette phrase ainsi :

Une offrande de feu – quand un Juif sert D.ieu animé de chaleur et d’enthousiasme – est agréable à l’Éternel.23

28:14 En son mois. Chaque mois se manifeste dans la Création une permutation différente du Nom de D.ieu Havayah. Le Maguid de Mézeritch explique que les offrandes mensuelles montent au Ciel au moyen de la permutation spécifique se manifestant ce mois-là.24

Rabbi Mena’hem Mendel de Loubavitch (le Tséma’h Tsédek) ajoute pour sa part à cette idée que, même si chaque mois étaient offerts les mêmes sacrifices, l’intention/méditation accompagnant chacun était autre, et se fondait sur ces différentes permutations.25

29:1 Ce sera pour vous une journée de son de chofar. Un renouvellement annuel est nécessaire à la vie pour maintenir sa fraîcheur. Si nous ne faisons que continuer à cultiver la même sorte de conscience du Divin que celle que nous avons nourrie l’an passé, nous demeurerons enfermés dans ses limitations et finirons par faire de notre vie religieuse un parcours répétitif et insipide. Roch HaChana constitue pour nous une occasion de faire un bond en avant afin de nous hisser jusqu’à un nouveau palier de conscience du Divin qui inspirera notre conscience pour l’année à venir.

Cependant, pour parvenir à cela nous ne pouvons compter sur les seuls mots de la prière, car les mots sont porteurs de significations spécifiques pour nous, lesquelles sont limitées par les savoirs et les expériences que nous avons accumulés au cours de notre vie. Pour dépasser le sens contextuel auquel nous limitent nos facultés expressives, nous faisons usage des sons retentissants et des gémissements du chofar, qui transcendent les limites de l’expression verbale. Ainsi, nous retrouvons l’innocence et l’inspiration d’une âme nouvellement née et celle du peuple juif lorsqu’il reçut la Torah au mont Sinaï. Cette inspiration renouvelée ravive notre relation avec D.ieu pour l’année à venir.26

29:13 Treize jeunes taureaux. Cette offrande supplémentaire est unique en ce que le nombre de béliers et d’agneaux offerts chaque jour est le double de celui requis le premier jour de chaque mois, et le nombre de taureaux diminue, de treize le premier jour à sept le septième. Le nombre total de taureaux est de soixante-dix, ce qui fait allusion aux soixante-dix nations non juives archétypales ;27 le but de ces offrandes est de les protéger du mal. Leur nombre décroissant fait allusion à l’abolition des gouvernements non juifs dans le futur messianique.28 Le nombre total d’agneaux est de quatre-vingt-douze ; les agneaux servent à protéger les Juifs des quatre-vingt-douze malédictions dont ils seront menacés avant d’entrer en Terre Promise.29 Les nations non juives sont représentées par les taureaux, qui font allusion à Abraham,30 car il fut « le père de nombreuses nations. »31 Les Juifs sont évoqués par les agneaux,32 qui représentent Jacob, le seul patriarche dont tous les enfants engendrèrent le peuple juif. Les béliers des offrandes quotidiennes sont au nombre de deux parce qu’ils sont mentionnés entre les taureaux et les agneaux, évoquant de la sorte un état intermédiaire entre les non-Juifs (taureaux) et les Juifs (agneaux) : des deux fils d’Isaac (représenté par le bélier), l’un (Jacob) devint un patriarche juif, et l’autre (Ésaü) non. Les béliers représentant seulement cet état intermédiaire, leur nombre total ne revêt aucune signification intrinsèque, comme il en est des taureaux et des agneaux.33

Treize jeunes taureaux. Si nous entretenons notre matérialité et cédons toujours à ce qu’elle considère comme ses « besoins », elle apprendra rapidement à s’affirmer et à nous imposer des demandes toujours croissantes. Au lieu de cela, nous devons nous habituer à nous contenter du minimum, tandis que nous nous efforçons de nous épanouir de plus en plus dans les domaines spirituels.

D’autre part, si nous essayons de changer trop brusquement notre côté animal, il refusera d’obéir. Nous devons l’habituer doucement et progressivement à cette nouvelle orientation, lui démontrant pas à pas combien les réussites spirituelles sont bien plus satisfaisantes que les réussites matérielles.

Une fois que nos pulsions vers la matérialité ont été ainsi refaçonnées, nous serons à même de faire un saut d’une dimension supérieure et à les sevrer entièrement de leur inclination, à l’instar du bond conséquent ayant lieu entre le dernier jour de Souccot et Chemini Atséret, lorsque le nombre de taureaux offerts se voit réduit de sept à un.34

29:35 Un moment de retenue pour vous. Le mot « retenue » (atséret) peut se traduire également comme « rétention », mot comprenant les sens d’assimilation et d’intégration.

Chemini Atséret est décrit comme « un temps de retenue pour vous », tandis que le septième jour de Pessa’h l’est comme « un temps de retenue pour l’Éternel, ton D.ieu ».35 En effet, Pessa’h célèbre la sortie d’Égypte, un moment où nous n’étions pas suffisamment mûrs spirituellement pour assimiler et intégrer la signification et les implications des grandes révélations divines dont nous avions été témoins. Par conséquent, ces révélations sont restées en haut « pour l’Éternel, ton D.ieu », gardées en dépôt, pour ainsi dire, jusqu’à ce que nous soyons prêts pour les recevoir. Or la fête de Souccot (qui culmine avec Chemini Atséret) célèbre la protection de D.ieu durant notre traversée dans le désert, qui se déroula principalement après la révélation au mont Sinaï, à la suite de laquelle nous atteignîmes la maturité spirituelle. À ce titre, nous avons pu intégrer ces révélations dans notre conscience, ce qui fait qu’elles soient « pour nous ».

Sur le plan personnel, nous renaissons tous chaque année dans une relation plus élevée avec D.ieu. Le septième jour de Pessa’h, une semaine seulement après notre renouveau annuel, nous ne sommes pas encore assez mûrs pour apprécier les implications de cette nouvelle conscience. Ce n’est qu’après avoir reçu et intégré totalement la nouvelle conscience divine – six mois plus tard, à Chemini Atséret – que ces révélations deviennent vraiment les nôtres.36