1:1 Il appela. Chaque fois que Dieu appelait Moïse, Il le faisait avec affection, répétant son nom (« Moïse, Moïse ! ») comme Il l’avait fait au buisson ardent,1 pour le préparer ainsi aux paroles suivantes. À chaque fois qu’Il souhaitait aborder plusieurs sujets dans une même communication, Dieu faisait une pause afin de donner à Moïse le temps de s’imprégner de chaque sujet avant de passer au suivant.2 (Ces pauses sont indiquées par les espaces séparant les paragraphes du texte écrit de la Torah.) Ce faisant, Dieu montrait comment enseigner d’une façon appropriée et efficace. Comme, depuis le moment où le Tabernacle fut érigé, c’est là essentiellement que Dieu parla à Moïse, il fut également appelé « Tente de la Rencontre ».

Lorsque Dieu S’adressait à Moïse dans la Tente de la Rencontre, Il le faisait de la même voix tonitruante dont Il S’était servi à l’occasion du don de la Torah. Néanmoins, le son de la voix s’arrêtait miraculeusement à l’entrée du Tabernacle et était inaudible à l’extérieur.3 La voix de Dieu « descendait » du ciel et s’élevait depuis l’espace séparant les deux chérubins placés au-dessus du couvercle de l’autel, et Moïse l’entendait depuis la pièce extérieure du Tabernacle, où il se tenait.4

Dieu ordonna à Moïse de s’adresser au peuple afin de l’inspirer à chérir Ses commandements, et de lui faire savoir qu’Il lui donnait Ses commandements pour son bien et dans son intérêt, mû par Son amour pour lui. Ensuite, Il enjoignit à Moïse de Lui rapporter si le peuple acceptait Ses commandements, comme il l’avait fait lors du don de la Torah.5

1:2 Les offrandes d’élévation. Il existe quatre grandes catégories de sacrifices d’animaux : les offrandes d’élévation, les offrandes de paix, les offrandes de faute et les offrandes de culpabilité.

Une offrande d’élévation exprime le désir du donateur de se hisser à un niveau de proximité plus élevé avec Dieu : (a) afin de réparer sa négligence intentionnelle d’accomplir un commandement positif (qu’il n’est déjà plus possible d’exécuter), ou (b) pour réparer le fait d’avoir intentionnellement négligé d’exécuter le commandement positif venant compenser la transgression d’un commandement restrictif (et qu’il n’est plus possible d’exécuter le commandement positif).6

Un exemple de transgression d’un commandement positif qu’il n’est plus possible d’exécuter en dehors du moment prescrit est la récitation du Chéma. Voici un exemple d’un commandement restrictif réparable par un commandement positif : si une personne vole un objet quelconque, ce vol peut être racheté en rendant l’objet dérobé. Si l’objet volé a été perdu, ou que la personne à qui il a été dérobé est décédée, cette possibilité n’existe plus ; la réparation ne peut donc s’obtenir que par le biais d’une offrande d’élévation.

Dans le cas de ces types de transgressions, Dieu nous pardonne dès que nous nous sommes repentis comme il convient, à savoir que nous regrettons d’avoir commis la faute, avouons notre culpabilité et nous montrons résolus à ne pas réitérer notre erreur. (Si nous avons fait du tort à quelqu’un, le pardon de Dieu est conditionné au fait de redresser au préalable le tort qui lui a été causé.) Cependant, afin d’être non seulement pardonnés, c’est-à-dire absous de la punition de Dieu, mais aussi réintégrés dans Ses bonnes grâces, c’est-à-dire d’être aimés de Lui comme avant la transgression, une offrande d’élévation est nécessaire. Dépenser de l’argent pour un animal que nous verrons ensuite brûler dans les flammes de l’autel nous aide à dématérialiser et à spiritualiser notre vie.

En l’absence du Temple, et donc de la possibilité d’offrir des sacrifices, on peut retrouver la grâce aux yeux de Dieu que les sacrifices auraient provoquée à travers le jeûne, ou, si le jeûne n’est pas possible ou réalisable, en offrant la charité. (C’est la raison pour laquelle, au cours des deux derniers siècles, la charité a quasiment remplacé le jeûne en tant que substitut des sacrifices. Les générations actuelles ne sont plus assez fortes pour jeûner fréquemment tout en continuant de disposer de leur plein potentiel mental, émotionnel et physique.) Dans chacun de ces cas, nous offrons à Dieu une partie de notre être physique – dans le cas du jeûne, la masse corporelle que nous perdons,7 et dans celui de la charité, l’argent que nous aurions pu utiliser pour acheter de la nourriture8 –, de la même manière qu’en offrant un sacrifice, nous détruisons une partie de notre propriété matérielle au profit du renouveau spirituel.

Selon le rav Mena’hem HaMeïri,9 une offrande d’élévation est également nécessaire pour réparer la négligence non intentionnelle d’accomplir un commandement positif ou pour ne pas avoir accompli un commandement positif compensant la transgression d’un commandement restrictif, et, en outre, pour avoir commis par inadvertance une faute que le Sanhédrin sanctionne par la flagellation ou la mort. Selon Na’hmanide,10 une personne peut également apporter une offrande d’élévation volontaire uniquement comme un moyen de s’élever sur le plan spirituel, sans que cela soit lié à une faute.

Les sacrifices. La pratique des sacrifices semble contredire les enseignements de la Torah à plusieurs égards, notamment en ce qu’elle implique d’ôter la vie d’un animal sans qu’il y ait le moindre besoin apparent. Même d’un point de vue froidement technique, pourquoi la Torah nous demanderait-elle de prendre des biens porteurs de valeur et de les brûler, en tout ou au moins en partie, sans que l’on puisse en tirer de bénéfice visible ? En ce qui concerne les sacrifices que les anciens offraient avant le don de la Torah, nous pouvons supposer que c’était là leur façon d’exprimer leur obligation envers Dieu ou leur soumission à Lui. Mais ici, nous voyons Dieu non seulement accepter les sacrifices mais définir explicitement un ensemble complexe de procédures ayant trait au rituel associé, indiquant ainsi non seulement qu’Il les agrée mais qu’Il les sollicite. Comment cela peut-il aller de pair avec la vérité flagrante que Dieu donne une valeur à la vie et à la propriété, et n’a nullement besoin de « consumer » nos sacrifices ?

La réponse à cette question se trouve dans le fait que – à la différence de tout autre commandement – la Torah décrit les sacrifices en employant des anthropomorphismes audacieux tels qu’« un arôme agréable à l’Éternel »,11 ou Sa « nourriture » ou « pain ».12 Comment cela se fait-il ? En effet, Dieu Se réjouit à chaque fois que nous accomplissons un commandement, quel qu’il soit, et pas seulement lorsque nous offrons des sacrifices.

Rachi13 décrit le plaisir que Dieu éprouve des sacrifices comme étant le pur plaisir de ce que « J’ai dit [quelque chose] et Ma volonté a été mise en œuvre ». En d’autres termes, c’est justement parce que la seule raison possible de les offrir est d’accomplir Sa volonté que les sacrifices plaisent à Dieu de la manière la plus pure possible.

L’intention n’est pas de nier l’existence de nombreuses explications et exposés allégoriques, voire mystiques, des effets spirituels sublimes et positifs des sacrifices ; nous explorerons certaines de ces explications plus loin. Mais, au niveau le plus élémentaire et contextuel de la compréhension de la Torah, la seule explication d’un rituel aussi étrange en apparence que celui des sacrifices est qu’il est censé exprimer notre dévouement inébranlable à la volonté de Dieu.

De nos jours, les prières quotidiennes sont le reflet des sacrifices offerts dans le Tabernacle. À l’égal des sacrifices, il peut sembler illogique de « perdre » notre temps précieux à prier alors que nous pourrions « faire » quelque chose, même des actes imprégnés de sainteté tels qu’étudier la Torah ou exécuter un commandement « concret ». Pourtant, c’est justement en consacrant notre temps précieux et notre attention à nous rapprocher de Dieu que nous nous lions à Lui de la manière la plus profonde et la plus intime qui soit.14

Les offrandes volontaires. En commençant par les offrandes volontaires, la Torah laisse entendre que toutes les offrandes, même celles qui sont obligatoires, doivent être essentiellement volontaires. Une offrande volontaire est celle qui est faite par une personne consciente de la signification spirituelle de cette offrande. La personne sait que l’offrande doit exprimer un processus qui se déroule en son for intérieur ; que l’essentiel n’est pas la taille ou l’aspect imposant de l’animal, mais l’intention du cœur.15 L’importance de l’engagement de l’esprit et du cœur de l’offrant se voit exprimée par le mot hébreu désignant un « sacrifice » (korban), qui dérive du verbe hébreu pour « (se) rapprocher ». L’expérience de l’offrande consiste à nous « apporter » pour nous offrir nous-mêmes, consacrant à Dieu notre cœur, nos talents et nos capacités.16

1:16 Enlèvera son jabot. Les organes digestifs des bœufs, des moutons et des chèvres sont offerts sur l’autel, tandis que les organes digestifs des oiseaux sont mis au rebut, car les mammifères domestiqués ne mangent que la nourriture de leur maître ou sans propriétaire connu, tandis que les oiseaux s’introduisent dans la propriété d’autrui et les « volent » pour manger.

1:17 Agréable à l’Éternel. Alors même que l’odeur des plumes brûlées est répugnante, Dieu insiste pour qu’elles soient brûlées parce que ce sont généralement les pauvres qui offrent des oiseaux comme offrandes d’élévation (au lieu de bovins, d’agneaux ou de chèvres, beaucoup plus grands et coûteux). Il souhaite que leurs sacrifices paraissent imposants afin qu’ils ne soient pas gênés. De même, bien qu’une tourterelle ou un pigeon soient beaucoup plus petits qu’un taureau, un mouton ou une chèvre, Dieu les considère toujours comme « agréables » tant que le pauvre les a consacrés avec les intentions appropriées.

2:1 Offrande de grain. Si l’offrant ne peut même pas se permettre de se procurer un oiseau, il peut apporter à sa place une offrande de grain. Il existe cinq types d’offrandes de grain : non cuites, cuites comme des pains, cuites comme des galettes, frites dans une poêle plate et frites dans une poêle creuse. La Torah décrit d’abord les différences entre elles, puis les procédures communes à toutes.

2:4 Arrosées d’huile. Le prêtre doit, soit continuer à les arroser d’huile jusqu’à ce que le log soit épuisé, soit les en arroser en suivant la forme de la lettre grecque lambda (Λ) – qui est une forme angulaire de la lettre hébraïque kaf (כ), la lettre initiale du mot signifiant « prêtre » (kohen, כהן)17 –, puis donner le reste du log aux prêtres afin qu’ils le consomment à part. Après la cuisson de la pâte (et, dans le cas des galettes, après y avoir appliqué l’huile), le prêtre brisera chacun des dix pains en deux, puis chaque moitié en deux, afin de pouvoir ensuite retirer facilement la portion de souvenir.18

2:7 Pétrie avec de l’huile. Ici aussi,19 la farine est d’abord placée dans un récipient contenant une partie du log d’huile requis ; elle est ensuite pétrie avec un peu plus de cette huile et modelée en dix pains. Mais comme la poêle à frire est creuse, l’huile restante suffira à ramollir la pâte, de telle sorte que les pains obtenus seront souples et, de ce fait, bougeront. Après avoir fait frire les pains, le prêtre doit couper chacun en deux, puis chaque moitié en quarts, afin de pouvoir ensuite retirer facilement la portion de souvenir.20 Après cela, il versera dessus le reste du log d’huile.

2:9 Agréable à l’Éternel. Lorsque nous apportons à Dieu un bel animal, nous sommes fiers de notre générosité et du fait d’avoir accompli Sa volonté de la meilleure et la plus belle des manières. En revanche, lorsque tout ce que nous pouvons nous permettre d’apporter à Dieu est une maigre offrande de grain, il est probable que ces sentiments de fierté soient absents. La seule raison pour laquelle nous apportons notre sacrifice est de nous soumettre à Lui. Aussi, c’est bien l’offrande de grain d’un pauvre qui exprime le mieux l’essence des sacrifices, l’offrande de nous-mêmes à Dieu. Lorsque nous rejetons vraiment notre ego et nous engageons à servir Dieu par la foi simple et directe plutôt que pour des motivations ultérieures ou des ambitions personnelles, l’acceptation et le rachat nous sont assurés. Cet oubli de soi s’incarne à merveille dans la figure du pauvre ; aussi, c’est précisément à son sujet que Dieu dit : « Je considère ceci comme si c’était de lui-même qu’il avait fait don. »21

2:13 Tu offriras du sel. Les sacrifices sont constitués des quatre règnes de la création : le sel en est l’élément minéral ; l’huile, le vin et la farine qui accompagnent les sacrifices en sont l’élément végétal ; l’animal lui-même en est l’élément animal ; la personne offrant le sacrifice et le prêtre officiant en sont l’élément humain. À travers ces représentants, le sacrifice élève tous les quatre règnes de la création et les imprègne de sainteté. De façon analogue, la nourriture animale et végétale que nous consommons constitue notre « sacrifice » personnel, car en la mangeant nous la transformons en cette énergie qui nous permet d’accomplir les commandements de Dieu, l’élevant ainsi à la sainteté. Dans ce contexte, nos tables deviennent nos « autels » personnels. Il est d’usage de tremper le pain dans le sel avant de le manger.22 C’est ainsi que nous élevons les quatre éléments de la création à notre table, comme on le faisait lors des sacrifices.23

4:2 Un acte partiel qui est un acte complet en soi. Par exemple, le jour de Chabbat, il est interdit de noter des mots par écrit. Si quelqu’un a oublié que c’était Chabbat ou qu’il est interdit d’écrire, et qu’il a eu l’intention d’écrire le nom « Daniel » mais n’a noté que « Dan », il est tenu d’apporter une offrande de faute, car « Dan » est également un mot. Or, si la personne avait l’intention d’écrire « Ruben » et n’a écrit que « Ru », elle n’est pas obligée d’apporter une offrande de faute, car « Ru » n’est pas un mot. (Par interdiction rabbinique, il est même interdit d’écrire des lettres ne formant pas un mot, mais le fait d’enfreindre une interdiction rabbinique ne contraint pas le transgresseur à apporter une offrande de faute.)

Si quelqu’un enfreint par mégarde. La raison pour laquelle il fallait offrir des sacrifices pour des fautes involontaires est que nos aspirations et intérêts profonds, ainsi que nos préoccupations et nos soucis les plus intimes, sont spécifiquement révélés par nos actes spontanés. C’est à travers ces actions que notre personnalité « inconsciente » se montre involontairement. Ce n’est pas la transgression elle-même que nous avons à réparer, pour autant qu’elle ait été commise de façon involontaire. Ce qu’il nous faut réparer, c’est la conduite et le laxisme antérieurs, qui ont façonné notre moi profond en celui de quelqu’un qui, ayant des intérêts contraires à la volonté de Dieu, en vient à la rejeter.

Sous cet angle, nos transgressions involontaires exigent une réparation plus importante que les actes intentionnels, car les actes involontaires indiquent un attachement profond et inconscient chez nous à un type de comportement contraire à la volonté de Dieu. À l’opposé, les fautes intentionnelles n’indiquent pas nécessairement que nous ayons une telle faille.24

4:3 Il apportera. Cependant, si le grand prêtre savait que l’acte était interdit et l’a commis sans le vouloir, il n’est pas tenu d’apporter une offrande de faute, contrairement au dirigeant25 ou au simple Juif,26 qui sont, pour leur part, tenus d’apporter une offrande de faute dans les cas où : (a) ils ne savaient pas que l’acte était interdit ; (b) ils savaient que l’acte était interdit mais n’ont pas réalisé qu’ils étaient bien en train de le commettre ; ou (c) ils savaient que l’acte était interdit mais ne savaient pas qu’il était punissable de retranchement.27 Or s’ils ont conclu à tort au sujet d’un acte spécifique qu’il était permis alors même qu’il était interdit, puis ont commis l’acte en se fondant sur leur conclusion erronée, ils ne sont pas tenus d’apporter une offrande de faute.

4:14 La communauté apportera. Si c’est le Sanhédrin qui s’est égaré, pour quelle raison alors la communauté doit-elle payer l’animal sacrifié et rechercher le rachat ?28 Normalement, comme nous l’avons vu,29 la faute par inadvertance doit être rachetée parce qu’elle témoigne d’une imperfection cachée qui fait surface. Mais dans ce cas, le peuple a agi exactement selon les instructions de la Torah ;30 comment se pourrait-il alors qu’il ait à éprouver des remords ou des regrets ?

En effet, s’il s’agissait simplement d’une faute, le peuple n’aurait aucune raison de regretter ses actes. Mais puisque, indépendamment de savoir qui a fauté, le dessein de Dieu a été enfreint – en tout état de cause, Son plan pour le monde n’a pas été accompli –, le peuple est censé être suffisamment sensible aux préoccupations de Dieu pour regretter de les avoir négligées, même par inadvertance, même sans faute commise de sa part.

La manière la plus simple pour le peuple d’acquérir cette sensibilité accrue de l’importance de la faute, y compris même les plus faciles à être pardonnées, est à travers l’exemple de ses dirigeants. Le vrai chef, au lieu de prétendre être infaillible, doit servir d’exemple à une auto-évaluation honnête de son peuple, et ne doit pas hésiter à chercher le rachat même pour les fautes qu’il aurait commises sans le vouloir. C’est ainsi qu’il inspirera le peuple à chercher le rachat de ses fautes, même pour une faute aussi digne de pardon que celle qui est décrite. La raison pour laquelle l’offrande de faute apportée par le dirigeant est traitée directement après celle du Sanhédrin est d’indiquer que le peuple cherchera à obtenir son rachat au nom de l’erreur du Sanhédrin uniquement si le chef l’a doté, par le biais de sa conduite personnelle, d’une sensibilité appropriée à la gravité de la faute.31

4:17 En direction du rideau. Le sang ne devrait pas atteindre le rideau, mais si cela arrivait, la procédure n’en devenait pas pour autant invalidée. (Ici, cette partie du rideau n’est pas qualifiée de « sainte », comme c’était le cas dans la description de la procédure pour l’offrande de faute du grand prêtre,32 car c’est seulement lorsque le grand prêtre faute que la sainteté du Tabernacle reste intacte, tandis que, lorsque c’est la communauté en entier qui faute, la sainteté quitte le Tabernacle, pour ainsi dire.)

4:26 Afin qu’il puisse être pardonné. Contrairement à l’offrande de faute particulière du grand prêtre, qui, comme il a été indiqué ci-dessus,33 pénétrera le peuple seulement de l’importance du rachat de ses fautes (le concept de rachat étant l’essence même de la prêtrise), l’offrande spéciale apportée par le dirigeant pénétrera le peuple de la nécessité de se retenir de fauter dès l’abord (car sa fonction à lui est de diriger le peuple et de le gouverner correctement). Constatant que leur chef est suffisamment conscient de la gravité de la faute pour veiller à racheter celle qu’il a commise par inadvertance (et est donc suffisamment conscient de la gravité de fauter pour se repentir de ses fautes intentionnelles), le reste de la population sera pareillement inspiré à se garder de fauter – et sans doute, au cas où il fauterait même par inadvertance, à chercher le rachat.34

La faute du dirigeant. En ce qui concerne leurs rôles respectifs dans la vie spirituelle du peuple, la fonction du grand prêtre est de le pénétrer de l’amour de Dieu, tandis que la fonction du roi est de le pénétrer de la crainte du Ciel – le sentiment de crainte devant la présence de Dieu.

L’amour étant une émotion expansive et inclusive, l’amour de Dieu ne parvient pas nécessairement à réduire notre ego ; en fait, il peut même l’accroître s’il nous mène à mettre l’accent sur la dimension de notre amour de Dieu. Aussi, notre amour de Dieu, peu importe l’intensité, ne saurait nous empêcher à coup sûr de commettre des fautes par inadvertance. Ce qu’il peut garantir, c’est seulement que, dans le cas où nous commettrions des fautes, nous le regretterions si profondément que nous ne tarderions pas à en chercher le rachat.

La crainte, en revanche, est une émotion contraignante : elle nous pousse à nous concentrer sur l’immensité de ce qui se trouve devant nous, réduisant notre conscience de nous-mêmes à un fragment de ce qu’elle était auparavant. Aussi, l’expérience de la crainte de Dieu peut effectivement nous préserver de fauter, même par inadvertance.35

4:28 Une chèvre. Il existe deux explications de base quant à la façon dont les sacrifices rachètent les fautes :

• On doit imaginer que tout ce qui est fait à l’animal nous est fait. Le sacrifice éradique ainsi de nous nos orientations négatives.36

• L’animal représente nos instincts animaux, qui nous ont conduits à la faute, contrairement à notre âme Divine, qui n’y a pas pris part. Le sacrifice stimule notre âme Divine et nous inspire désormais à mieux servir Dieu qu’on ne le faisait auparavant.

La première explication, plus sévère que la seconde, a trait aux fautes graves. C’est pourquoi l’offrande de culpabilité,37 qui expie les fautes délibérées, est constituée d’animaux mâles, ce qui invite à une méditation de type « masculin », autrement dit assez puissante pour débarrasser l’individu des mauvaises conduites délibérées. La seconde méditation, d’un caractère plus doux ou « féminin », est plus appropriée aux fautes non intentionnelles ; aussi, l’offrande de faute, qui rachète les manquements de ce type, est constituée d’animaux femelles.

Lorsque nous nous sentons éloignés de Dieu et que nous cherchons à nous rapprocher de Lui, nous devons réfléchir à la raison de cet éloignement. Nous pouvons alors méditer sur notre relation avec Dieu en correspondance avec notre situation personnelle et prendre les mesures correctives nécessaires.38

5:1 Une malédiction explicite ou implicite. Si un témoin potentiel refuse la demande d’un plaideur de porter témoignage en sa faveur, le plaideur a le droit de faire prêter serment au témoin récalcitrant, disant : « Voici que je te fais jurer, fils d’un tel, par le Nom de Dieu que tu n’as aucun témoignage à offrir dans mon cas (et sois maudit en ce jour si tu as un témoignage à apporter et que tu ne l’apportes pas) », les mots entre parenthèses étant impliqués même s’ils ne sont pas prononcés.39

5:2 De n’importe quel animal spirituellement impur. Le cadavre d’un animal permis mort autrement que par l’abattage rituel traditionnel transmet également de l’impureté rituelle,40 et celui qui serait en contact avec lui puis entrerait à dessein dans l’enceinte du Tabernacle est passible de retranchement, comme c’est le cas des types d’impureté mentionnés explicitement dans ce verset.41

5:3 Il a mangé de la nourriture consacrée. Les cas de consommation de nourriture consacrée ou le fait d’entrer dans l’enceinte du Tabernacle tout en étant dans un état d’impureté rituelle ne sont que quelques exemples concrets du type de transgression qui contraignent normalement la personne à apporter une offrande de faute, notamment pour avoir enfreint malgré elle une interdiction punissable de retranchement si elle avait été commise volontairement.42 La différence est que l’individu est obligé d’apporter une offrande de faute alternative seulement s’il savait à l’origine qu’il était impur, qu’il l’a oublié et qu’il a commis la faute avant de s’en souvenir. Les moyens de rachat pour cette faute commise dans d’autres circonstances seront discutés plus loin.43

5:4 Son intention de se faire du mal à lui-même ou de faire du bien, à lui-même ou à d’autres. Voici des exemples d’affirmations de cet ordre : « Je vais jeûner », « Je vais manger » ou « Je vais donner à quelqu’un à manger ». Le serment de faire du mal à soi-même, tout en étant interdit, est un serment contraignant ;44 en revanche, le serment de causer du tort à une autre personne ne l’est pas.45

5:13 Tout comme l’offrande de grain. Si, au moment où il a fauté, il avait de l’argent mis de côté pour acheter une chèvre, mais qu’avant de le faire il est devenu pauvre, il a le droit d’acheter et d’offrir deux oiseaux à la place de la chèvre ; s’il n’a pu se permettre d’épargner que pour acheter deux oiseaux, mais qu’avant de le faire il est devenu plus pauvre encore, il peut à la place acheter et offrir du grain. À l’inverse : si au moment où il a fauté il pouvait se permettre d’épargner uniquement pour acheter de la farine, mais qu’avant d’en acheter il est devenu assez riche pour s’offrir deux oiseaux ou même une chèvre, il doit offrir ceux-ci au lieu du grain ; s’il pouvait seulement se permettre de mettre de côté de l’argent pour acheter deux oiseaux, mais qu’avant de les acheter il est devenu assez riche pour se payer une chèvre, il doit acheter et offrir une chèvre à la place des oiseaux.

5:17 Mais ne le sait pas avec certitude. Par exemple : il est interdit de manger les différentes graisses animales qui sont prélevées des animaux et offertes sur l’autel lors des sacrifices (même s’il s’agit d’animaux non sacrifiés) ;46 la transgression est punie de retranchement. Il est permis de manger d’autres types de graisse provenant d’animaux cachère à condition que l’animal ait été correctement abattu, etc. Si une personne mange de la graisse et ne sait pas si celle-ci est interdite ou autorisée, elle doit apporter une offrande de culpabilité suspensive.

5:18 Il sera pardonné. Cependant, s’il découvre par la suite qu’il a effectivement fauté sans le vouloir, il doit apporter l’offrande de faute régulière d’un individu,47 cas analogue à celui – comme cela sera expliqué plus tard –48 d’un veau abattu qui répare un meurtre non résolu jusqu’à ce que le meurtrier soit découvert, auquel cas le meurtrier doit être exécuté. Dans les deux cas, un rachat provisoire sera accordé jusqu’à ce qu’il soit possible d’établir la culpabilité, auquel cas on appliquera de préférence la procédure pour le rachat.

5:23 Il doit rendre l’objet qu’il a dérobé. De manière allégorique, sont des « objets volés » tout ce que, par nos transgressions, nous avons « volé » à Dieu et livré aux forces du mal – qu’il s’agisse d’un objet matériel, d’un moment dans le temps ou d’une aptitude humaine.

Notre tâche dans la vie est de rendre les entités volées du monde à leur propriétaire légitime ; autrement dit, de rediriger vers le Divin tout ce qui a été livré à la cause du mal, à commencer par tout ce que nous-mêmes avons « volé » à Dieu à travers nos fautes. Telle est l’essence du repentir : faire revenir le monde à son état divin naturel. À travers le repentir, il nous est possible d’atteindre des sommets encore plus élevés que ceux auxquels nous sommes parvenus avant de fauter.

Bien sûr, cela ne signifie pas pour autant que nous devons fauter pour atteindre la spiritualité sublime à laquelle le repentir nous permet d’accéder. Même si quelqu’un volait avec l’intention de rendre par la suite ce même objet, il fauterait encore.49 Cependant, à chaque fois que nous commettons une transgression, Dieu nous donne l’occasion d’accomplir le commandement du repentir.50