Vayikra – Les sacrifices
La première partie du Lévitique s’ouvre lorsque Dieu appelle (vayikra, en hébreu) Moïse et lui demande d’entrer dans le Tabernacle afin de lui enseigner la procédure à suivre pour l’offrande des sacrifices.
Le Lévitique est le troisième des cinq livres de Moïse ; il en est donc le livre central. Aussi, il constitue le noyau de la Torah ; c’est en ce sens que la Genèse et l’Exode peuvent être considérés comme sa préface, et les livres des Nombres et du Deutéronome, comme sa postface.
La Genèse explique pourquoi il fallait qu’il existe un peuple juif demeurant sur la terre d’Israël. Il y eut une vision originale pour la création, une occasion dont on manqua à tirer parti, et le fait précipita l’histoire dans une spirale de déclin qui mena Dieu à isoler, parmi l’humanité, un noyau fidèle – la famille d’Abraham – en vue de préserver, porter et, enfin, transmettre de nouveau Son message pour le monde. L’Exode décrit comment cette famille devint « un royaume de nobles et une nation sainte », et comment furent mis en place les mécanismes par lesquels ce peuple parviendrait effectivement à faire descendre la Présence Divine sur terre : la Torah, le repentir et le Tabernacle. Le Lévitique relève en détail la manière dont ce but doit être réalisé.
Cette idée est exprimée avec éloquence dès le premier mot du livre, d’où le livre tout entier reçoit son nom hébreu : vayikra, qui veut dire « et Il appela ». Le « et » introductif relie directement le début du Lévitique et la fin de l’Exode : « Moïse ne pouvait pas entrer dans la Tente de la Rencontre parce que la nuée s’était posée dessus et que la gloire de l’Éternel emplissait le Tabernacle. »1 Puisque Moïse ne pouvait pas y entrer par lui-même, Dieu l’appela, lui permettant d’y accéder et de faire ainsi l’expérience de Sa gloire afin d’écouter Son message. Ceci indique clairement que les événements relatés dans l’Exode avaient pour but de préparer le terrain afin que Dieu convoque Moïse et lui transmette le contenu du Lévitique. En outre, les moments où Dieu S’adresse à Moïse sont introduits dans la Torah par cette expression, que l’on retrouve à maintes reprises : « Dieu parla à Moïse, disant... » Cependant, au début du Lévitique, avant la variante de cette phrase – « Dieu lui parla depuis la Tente de la Rencontre, disant... » – la Torah nous apprend que, chaque fois que « Dieu parlait à Moïse », tout d’abord « Il appelait Moïse », ce qui implique que Ses échanges avec lui visaient non seulement à établir Sa loi pour l’humanité, mais également à nous appeler, nous priant de répondre, nous demandant de traiter les lois de la Torah non pas comme des obligations sèches et dépourvues de fondement, mais comme notre terrain de rencontre avec Lui. Pour souligner ce point, cette phrase liminaire n’est pas formulée « Dieu appelait » mais « Il appelait », se rapportant ainsi à l’essence même de Dieu, et non à un aspect particulier de Lui pouvant être défini par un de Ses Noms. Dans le Lévitique, c’est bien l’essence de Dieu qui nous appelle.
Ainsi, quoique dans le Lévitique il y ait très peu d’« action », c’est bien là où se passe l’« action » réelle : la vie intérieure de l’âme de chacun et celle de la communauté dans leur communion avec Dieu. Il est à signaler que le Lévitique n’est pas seulement le livre situé au centre de la Torah, mais le troisième livre, car le chiffre trois exprime l’essence de la Torah. La Torah est composée de trois parties – les cinq livres de Moïse, le livre des Prophètes et celui des Hagiographes ; elle fut donnée le troisième mois de l’année, en Sivan ; elle fut donnée à un peuple constitué de trois catégories – les prêtres (Kohanim), les Lévites et les Hébreux (ni Kohanim ni Lévites) ; elle fut donnée après trois jours de préparation ;2 et elle fut enseignée au peuple par trois personnages, deux frères et une sœur – Moïse, Aharon et Miriam.3 Le nombre trois symbolise la synergie qui découle de la combinaison, à la fois paradoxale et harmonieuse, des deux éléments constituant une dualité, ce qui est l’essence même de la Torah : elle prend deux entités opposées, le matériel et le spirituel, et en crée une troisième – la fusion pacifique du profane et du saint.4
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