6 Pour lui et pour sa maison. Si une personne sait qu’elle est rituellement impure mais oublie qu’elle l’est et, dans cet oubli de son impureté, pénètre dans le Tabernacle ou mange une nourriture consacrée et ne se souvient de son état d’impureté que par la suite, elle doit racheter cette faute en sacrifiant une offrande de faute alternative.1 Si une personne ne se rend pas compte qu’elle est rituellement impure puis entre dans le Tabernacle ou consomme de la nourriture consacrée, et qu’elle comprend par la suite s’être alors trouvé dans un état d’impureté, sa faute est rachetée par le bouc apporté comme offrande de faute lors de l’abattage des offrandes supplémentaires de Yom Kippour, qui seront décrites plus loin.2 Si une personne ne se rend pas compte qu’elle est rituellement impure, puis entre dans le Tabernacle ou mange de la nourriture consacrée toujours inconsciente de son état d’impureté, sa faute est réparée par l’offrande de faute du bouc comprise dans les offrandes supplémentaires abattues à l’occasion des autres fêtes, qui seront également décrites par la suite.3 Si quelqu’un sait qu’il est impur puis l’oublie et, sans se souvenir de son état d’impureté, entre dans le Tabernacle ou mange une nourriture consacrée, sa faute est rachetée par l’une des deux offrandes spéciales de Yom Kippour – s’il s’agit d’un prêtre, par le taureau du grand prêtre, et s’il s’agit d’un non-prêtre, par le bouc du peuple, comme on le décrira bientôt –, mais seulement jusqu’à ce qu’il prenne conscience de son état d’impureté ; dès lors, il doit apporter une offrande de faute alternative, comme il a été détaillé plus haut.4

Pour sa maison, autrement dit pour sa femme. Ce verset implique que le grand prêtre doit être marié afin que les rites de Yom Kippour accomplis par lui soient valables, comme c’est bien le cas.5 D’ailleurs, comme nous le verrons,6 une fois ces rites accomplis, le grand prêtre est tenu de quitter le Temple et revenir immédiatement à son domicile, chez son épouse. Le but de son accession à de hauts niveaux de conscience du Divin dans le Saint des Saints n’est pas d’en faire l’expérience, mais de décliner l’inspiration puisée alors dans la vie quotidienne. Ce sont les femmes qui incarnent notre mission de faire du monde une demeure pour D.ieu ; aussi, le retour du grand prêtre auprès de son épouse – afin de partager avec elle l’inspiration Divine qui lui permettra d’épanouir sa propre conscience du Divin – constitue le point culminant de l’intense travail spirituel du jour.

Le grand prêtre doit, en outre, réaffirmer cette intention lorsqu’il commencera à effectuer les rites de Yom Kippour afin de veiller à ce que toute la série d’intenses rites spirituels soit accomplie avec ce but spécifique à l’esprit.

Les rites de Yom Kippour nous enseignent comment renouveler notre relation avec D.ieu. Aussi, l’épanouissement de notre harmonie conjugale est partie intégrante de l’épanouissement de notre relation avec D.ieu. Un mari a le devoir de favoriser l’épanouissement spirituel de son épouse. Et nous devons tous aspirer à l’harmonie entre notre aspect « masculin » – autrement dit l’aspiration à la spiritualité, illustrée par la propension à l’abstraction – et notre aspect « féminin » – à savoir notre aspiration à pénétrer la vie quotidienne de spiritualité, illustrée pour sa part par la propension à la mise en œuvre –, chaque aspect inspirant et équilibrant l’autre.7

8 Aharon placera ces plaquettes. On a recours au sort, soit lorsqu’il est impossible de parvenir à un choix raisonné entre deux possibilités (car elles sont toutes deux envisageables), ou lorsqu’il est possible de choisir de manière raisonnée mais qu’il a été décidé de ne pas avoir recours à la logique pour trancher la question. Dans ces deux cas, l’intellect se soumet volontairement au « hasard », c’est-à-dire à la providence Divine. En outre, l’utilisation du tirage au sort témoigne de notre décision, non seulement de mettre de côté l’intellect en faveur de la providence, mais également de soumettre notre volonté à la providence – nous décidons que nous « voudrons bien accepter » toute décision issue du tirage au sort, quelle qu’elle soit.

L’obligation de tirer au sort entre les deux boucs de Yom Kippour a pour but d’indiquer que le processus du repentir, l’essence même de Yom Kippour, transcende la logique.

Nous avons déjà noté8 comment le repentir en général implique le dépassement de la logique, aussi bien en envisageant la question de notre point de vue que de celui de D.ieu : pour parvenir au véritable repentir, nous devons nous refaçonner conformément à une relation avec D.ieu d’une intensité que nous ne considérions pas comme logiquement attendue de nous. Pour accepter notre repentir, D.ieu doit passer outre le système logique de récompense et de punition conçu par Lui comme mode de fonctionnement du monde. C’est cette révélation de l’essence de D.ieu, transcendant à la fois l’ordre logique de la nature et la volonté même avec laquelle Il créa le monde, qui se révèle à travers le repentir en général et l’observance de Yom Kippour en particulier.9

13 Il placera l’encens. L’encens est offert sur l’autel intérieur, ce qui correspond à la dimension intérieure du cœur – notre âme Divine, liée en permanence à sa source Divine –, et sert à révéler et intensifier ce lien. En revanche, les sacrifices offerts sur l’autel extérieur sont conçus pour élever la dimension extérieure du cœur – notre âme animale/humaine – à la hauteur du Divin.

Dans ce contexte, la combustion de l’encens à Yom Kippour dans le Saint des Saints – la partie la plus intime du Sanctuaire, plus intime que l’autel intérieur lui-même – reflète la révélation qui a lieu en ce jour de la dimension la plus profonde de l’âme Divine. Lorsque cet aspect de l’âme Divine est révélé, notre nature spirituelle prend le dessus sur notre matérialité, nous transformant en des êtres qui, comme les anges, n’ont pas besoin de nourriture ou de boisson. Ainsi, les différentes formes de « mortification » que nous devons observer à Yom Kippour,10 plutôt que de nous punir, sont destinées à exprimer notre métamorphose, en ce jour, en êtres spirituels.11

21 Sur la tête du bouc vivant. Les différentes sortes d’offrandes de faute et d’offrandes de culpabilité rachètent certaines fautes, d’autres types de sacrifices rachètent d’autres types de fautes, et certaines autres fautes sont rachetées par la flagellation. Néanmoins, il existe encore de nombreux types de fautes, intentionnelles ou non, pour lesquelles on ne trouve aucune démarche associée à l’accomplissement du rachat. Le bouc envoyé à Azazel rachète tous ces autres manquements.

Ainsi donc, celui qui est tenu d’apporter une offrande de faute ou de culpabilité particulière n’est pas exempté de cette obligation par le bouc envoyé à Azazel, et doit toujours l’apporter à la suite de Yom Kippour. La seule exception en est l’offrande de culpabilité en sursis :12 si quelqu’un est obligé d’offrir ce sacrifice mais que le temps ou l’occasion lui manquent de l’accomplir avant Yom Kippour, le bouc envoyé à Azazel accomplit le rachat dû et la personne n’est plus tenue de l’offrir après Yom Kippour.13

Le bouc envoyé à Azazel rachète : (a) les fautes passibles d’exécution par le tribunal, (b) les fautes passibles de retranchement, (c) les serments en vain14 et (d) les faux serments15 – si l’individu se repent préalablement,16 comme il en va de la flagellation et de tous les autres sacrifices. En ce qui concerne toutes les autres transgressions qu’il a pour but de réparer, le rachat est efficace même si l’individu ne s’est pas repenti au préalable de sa faute.17

Néanmoins, quoique le repentir implique en règle générale l’aveu de la faute comme partie intégrante du processus, dans le cas du bouc envoyé à Azazel le grand prêtre fait son aveu au nom du peuple tout entier. En tout état de cause, si la transgression a causé des dommages à la personne ou aux biens de quelqu’un, le bouc ne les rachète qu’une fois que ces torts ont été réparés.18

23 Ne seront plus jamais portées. La raison de cette règle est que, lorsque quelqu’un se repent sincèrement, il devient une nouvelle personne. Dans la mesure où l’essence de Yom Kippour est le repentir, les vêtements utilisés pour effectuer les rites de Yom Kippour devaient être renouvelés chaque année, en allusion au pouvoir qu’a le repentir de transformer la personne.19

30 D’autres formes de rachat, moins radicales. Les mécanismes de rachat établis concernant la transgression des commandements qui restent pertinents dans les périodes d’absence du Temple sont les suivants :20

• Pour le fait de négliger d’accomplir un commandement positif, il suffit de se repentir ; aucun autre rachat n’est requis.

– Font exception à cette règle les deux commandements positifs (le sacrifice de Pessa'h et la circoncision) dont la négligence entraîne la punition du retranchement (voir plus bas).

– L’individu peut entamer un rachat facultatif, semblable à l’offrande d’élévation que l’on sacrifiait à l’époque du Temple.21

• Pour avoir transgressé une interdiction autre que celles détaillées ci-dessous, le repentir place la peine en sursis22 jusqu’à Yom Kippour ; si l’individu vient à observer Yom Kippour en bonne et due forme, il est dispensé de tout châtiment ultérieur.

• En ce qui concerne la transgression d’une interdiction passible de châtiments (comme le retranchement ou la mort) mis en exécution par le Sanhédrin, le repentir et l’observance de Yom Kippour suspendent et réduisent la peine ; les épreuves envoyées par D.ieu (avant ou après Yom Kippour)23 achèvent tout rachat qui ferait encore défaut.

• Lorsque l’individu n’a pas suivi les procédures de rachat nécessaires avant de mourir, sa mort peut effectuer le rachat s’il s’est repenti auparavant. Le cas échéant, il sera débarrassé de ses fautes dans la première phase de sa vie dans l’autre monde.

Il est possible d’anticiper la souffrance éventuelle imposée par D.ieu par une souffrance auto-imposée, le jeûne notamment.24 Le jeûne peut également remplacer l’offrande d’élévation volontaire qui s’offrait d’habitude, une fois le rachat ordinaire accompli, afin de renouveler la relation de l’individu avec D.ieu.25 Lorsque l’individu n’est pas assez fort pour jeûner sans risquer de mettre sa santé en péril ou de porter dommage à son aptitude à poursuivre normalement sa vie – ce qui est la règle de nos jours –,26 le jeûne peut être remplacé par la charité.

Dans ces contextes, l’observance de Yom Kippour est partie intégrante du processus de rachat prévu pour des fautes spécifiques, outre sa fonction, plus générale, de rachat de l’effet de la faute sur l’esprit du transgresseur afin que ce dernier puisse être admis dans une relation renouvelée avec D.ieu.27

Toute cette discussion sur la culpabilité entraînée par la faute ne s’applique qu’à une personne consciente de la portée de ses actes lorsqu’elle a commis la transgression. La personne qui a été élevée dans l’ignorance du système de commandements de la Torah et de leur poids légal ne saurait être tenue pour responsable de leur transgression. Néanmoins, elle doit encore effectuer le rachat des catégories auxquelles appartiennent les fautes qu’elle a commises. Par exemple, le repentir suivi d’une seule offrande de faute – ou, en l’absence du Temple, le repentir suivi de l’observance de Yom Kippour – suffit à expier tous les Chabbat qu’elle n’a pas respectés, quel que soit leur nombre.28

Cette partie du rachat. Comme il a été indiqué plus haut, le bouc envoyé à Azazel, en l’absence du repentir de l’individu, rachète les fautes « plus légères » – la transgression de commandements positifs ou restrictifs passibles de flagellation, etc. –, tandis qu’il ne rachète les fautes « plus lourdes » – comme des infractions capitales ou punissables de retranchement – qu’à condition que l’individu se repente. Quant au rachat qu’offre le jour de Yom Kippour, il a le pouvoir de réparer toutes les fautes, même en l’absence du repentir.

Cette différence obéit au fait que, comme il a été indiqué, le bouc rachète les fautes particulières ; à ce titre, la gravité de l’infraction est un facteur pertinent par rapport auquel il faut évaluer l’aptitude du rituel du bouc à effectuer le rachat. À lui seul, il peut surmonter l’effet des fautes « plus légères » ; pour ce qui est des fautes « plus lourdes », il a besoin de la force supplémentaire que procure le repentir.

En revanche, la sainteté de Yom Kippour, comme on l’a indiqué, rachète l’effet de la faute sur l’individu en effaçant l’empreinte que la faute a laissée sur lui. Plutôt que d’extirper nos fautes de nous-mêmes, pour ainsi dire, Yom Kippour nous défait de nos fautes en nous élevant au-dessus d’elles. C’est la raison pour laquelle les détails de la ou des fautes ne revêtent pas une grande importance ; tout ce que nous sommes tenus de faire, c’est de désirer notre réconciliation avec D.ieu dans un sens général, et d’exprimer ce désir en observant Yom Kippour comme il convient.

Yom Kippour nous élève ainsi du fait que le jour lui-même révèle le lien intrinsèque unissant chaque Juif à D.ieu en vertu de l’âme Divine dont il est habité. Le lien entre notre essence et l’essence de D.ieu existant avant même la création, il transcende les limites du temps et de l’espace. C’est la raison pour laquelle il ne saurait être atteint par aucune des fautes que nous viendrions à commettre. Ainsi, le jour même de Yom Kippour – révélant ce lien quintessentiel entre nous et D.ieu – fait véritablement table rase de nos fautes.29

18:2 Votre D.ieu. Nous pourrions aisément penser que, plus un membre de notre famille est proche de nous, plus il devrait être approprié en tant que conjoint. Après tout, (a) Abraham cherchait surtout un membre de sa famille comme épouse pour son fils Isaac ;30 (b) la gestation fait que les conjoints « deviennent une même chair »,31 et cet objectif est d’autant plus atteint que les époux ont entre eux des liens de parenté ; et (c) les mariages entre proches parents avaient déjà été sanctionnés et fait preuve de leur réussite : les fils d’Adam épousèrent leurs sœurs,32 Jacob épousa des sœurs33 et ses fils épousèrent leurs sœurs,34 et Amram épousa sa tante Yo’héved,35 par qui il engendra Moïse, Aharon et Miriam.

Néanmoins, D.ieu nous interdit d’épouser certains proches parents. Lorsque nous avons écouté D.ieu dire, au mont Sinaï : « Je suis D.ieu, ton D.ieu », nous avons accepté Son autorité sur nous.36 Sur la base de cette acceptation, D.ieu nous exige d’accepter les règles qui déterminent avec qui il nous est permis ou interdit d’avoir des relations charnelles.

En outre, l’attachement amoureux à une autre personne peut revêtir une telle force qu’il nous pousse à envisager de braver ces interdictions ou même d’abandonner D.ieu si nous nous attachons à une personne qui nous est interdite (un non-Juif notamment, interdiction que D.ieu posera par la suite).37 Aussi, D.ieu nous rappelle que c’est Lui, le créateur du monde et la source de l’amour, Qui a émis ces interdictions. Nous ne devons donc pas nous attendre à des résultats positifs si nous songeons à les enfreindre. S’il nous venait à l’esprit de négliger la possibilité de souffrances futures en faveur d’un bonheur éphémère, nous devrions garder en tête qu’il est dans le pouvoir de D.ieu d’administrer un châtiment correctif qui annulera tout bonheur éphémère dans le cas où nous refuserions de Lui obéir. Et enfin, si l’on se demandait pour quelle raison D.ieu a implanté en nous la capacité de nous attacher à d’autres personnes au point que l’intensité du lien nous pousse a Le défier, voici la réponse : pour nous récompenser d’une manière proportionnée à l’effort d’avoir surmonté ce défi ; nous pouvons être assurés qu’il nous récompensera amplement pour avoir agi conformément à Sa volonté.38

9 Issue d’un mariage interdit. Bien entendu, il est interdit à un homme et une femme de se marier s’ils ne sont pas autorisés à avoir ensemble des relations conjugales. Si toutefois ils contractent un mariage, son statut (ainsi que celui des descendants issus de leur union) relève de la gravité de l’interdiction qui leur a été imposée d’avoir des relations conjugales :

Si les relations sont punissables de retranchement, le mariage n’a aucune validité ; on considère qu’il n’a pas eu lieu, et aucun divorce n’est requis pour permettre aux membres de cette union de se marier à d’autres personnes. La descendance d’une telle union est considérée comme illégitime.

Si les relations ne sont pas punissables de retranchement, le mariage est considéré comme valable mais illégal, et le couple doit divorcer. Le remariage avec d’autres personnes sera uniquement autorisé dès lors que le divorce aura été prononcé. Néanmoins, la progéniture d’un tel mariage est considérée comme légitime.39

11 Elle est considérée comme ta sœur. En revanche, les relations entre un garçon et la fille de son père née d’une servante non juive ne sont pas considérées comme de l’inceste,40 en dépit du fait que la servante soit considérée comme « partiellement juive » en raison de son obligation de respecter davantage de commandements que le reste des non-Juifs.41 Il est donc certain que le garçon n’est pas considéré comme lié à la fille de son père, née d’une non-Juive « totale » ; aussi, les relations avec une telle « sœur », bien qu’interdites, ne sont pas non plus considérées comme de l’inceste.

KEDOCHIM

19:6 Au-delà de cette période. La liste des actes qui rendent nuls les sacrifices s’ils sont accomplis tout en exprimant cette intention comprend (outre l’abattage) : recueillir le sang de l’animal dans le bassin spécifié, apporter le sang à l’autel et appliquer le sang sur l’autel. Les intentions qui disqualifient l’offrande incluent également (outre le fait de consommer de la chair au-delà de la période prescrite) : en appliquer le sang sur l’autel au-delà de la période prescrite et brûler ses parties grasses au-delà de la période prescrite. Cette loi porte non seulement sur les offrandes de paix, mais aussi sur toute offrande abattue aux fins de la consommer, d’en appliquer le sang sur l’autel ou de brûler ses parties grasses sur l’autel au-delà de la période prescrite. Les sacrifices d’oiseaux peuvent devenir nuls de la même façon lorsqu’ils sont abattus et quand leur sang est pressé sur l’autel.

De manière analogue, les offrandes de grains peuvent devenir nulles si l’on énonce l’intention de les manger ou de les offrir après les heures prescrites au moment d’en prélever les portions de souvenir, lorsque la portion est placée dans le récipient désigné, lorsque la portion est transportée vers l’autel, et quand elle est brûlée au feu.42

7 Ne sera pas agréé. Néanmoins, seul celui qui mange de la chair d’un sacrifice abattu dans l’intention d’être mangé hors du temps prescrit est passible de retranchement ;43 celui qui mangerait de la chair d’un sacrifice abattu dans l’intention d’être mangé hors du lieu prescrit est seulement passible de flagellation.44

11 Vous ne volerez pas. Rabbi Zoucha d’Anipoli répertorie les sept caractéristiques d’un voleur que nous devrions imiter :

1. Il travaille en silence, humblement, sans fanfare.

2. Il est prêt à faire face au danger pour mener à bien sa mission.

3. Il prête la plus grande attention y compris au moindre détail.

4. Il travaille dur.

5. Il travaille vite, ne perd pas son temps.

6. Il est confiant et optimiste.

7. Si, après une première tentative, il ne réussit pas, il essaie encore et encore.

Si nous appliquons ces caractéristiques à des programmes positifs, nous n’aurons pas simplement évité de voler, mais sublimé également les traits du vol qui sont dignes de rachat.45

13 En ne lui versant pas son salaire en temps voulu. Dans un sens, nous pouvons nous considérer tous comme des « employés » de D.ieu. Comment, alors, D.ieu peut-Il différer notre rétribution jusqu’au monde futur ? Ne serait-ce pas retenir le salaire de Ses travailleurs ?

L’argument n’est pas valable ici, car nous n’avons pas encore terminé notre « travail ». Comme nous l’avons vu, la finalité de la création du monde est de le transformer en demeure pour D.ieu, autrement dit, d’agir de telle sorte que l’humanité entière parvienne à la conscience du Divin. Chaque fois que nous accomplissons un commandement, une partie de nous, ou du monde, s’ennoblit et fait jaillir la lumière Divine dissimulée au sein de la création. Mais le travail pour lequel nous avons été « embauchés » par notre Créateur ne sera achevé qu’après la Délivrance, le moment où nous recevrons aussitôt la totalité de notre salaire.46

14 Devant une personne aveugle. Ce verset interdit de prodiguer des conseils recelant des arrière-pensées. Par exemple, il nous est interdit de dire à quelqu’un de naïf de vendre son champ et de s’acheter un âne afin de nous approprier ensuite sa parcelle de terre. Même si ce conseil était avantageux pour l’« aveugle », il reste toujours interdit en raison de la motivation du conseiller.

La Torah nous enseigne quelle est la bonne approche pour aider autrui. Pour apporter du soutien à quelqu’un d’une manière optimale, nous devons nous débarrasser de toute motivation orientée sur nous-mêmes et nous concentrer uniquement sur les besoins de la personne.47

15 Avec intégrité. Nos sages nous exhortent à « être extrêmement humbles vis-à-vis de tout un chacun »,48 c’est-à-dire à nous considérer comme porteurs de moins de valeur que les autres. Mais, objectivement, comment parvenir à nous croire moins dignes de mérite que ceux qui semblent indignes de notre respect ? La réponse se trouve dans un autre dicton de nos sages : « Ne juge pas ton prochain avant de te trouver à sa place. »49 Autrement dit, nous rencontrons tous des défis ; le fait de ne pas avoir succombé à une tentation donnée – tandis que d’autres s’y sont abandonnés – ne nous rend pas pour autant supérieurs à eux. Qui serait à même d’estimer à quel point son éducation, son environnement ou les faiblesses innées de son caractère ont influencé sa conduite par rapport aux tentations qu’il a rencontrées sur son chemin ? 50

16 Colportant. D’après le Talmud, la médisance « tue » trois personnes : celle qui la profère, celle qui l’écoute et celle qui en est l’objet.51 On peut bien comprendre que celle qui profère la médisance et celle qui l’écoute méritent d’être punies ; or, pour quelle raison la personne au sujet de laquelle ils bavardent devrait-elle être punie ? La réponse est que le fait d’évoquer par la parole les faiblesses de quelqu’un ne fait pas que le dénigrer : les mots ont le pouvoir de donner corps à des énergies qui se trouvent à l’état latent. Lorsque nous évoquons les traits négatifs d’une personne, notre parole les ramène à la réalité et les stimule. La conséquence en est que sa conduite prendra un tour encore plus négatif, ce qui le conduira davantage encore au châtiment.

Par contre, en évoquant les qualités de quelqu’un nous leur conférons un caractère manifeste et les affermissons. Nous pouvons ainsi influer sur autrui d’une façon aussi bien positive ou négative ; le choix nous appartient.52

Si tu as des chances certaines de le sauver. Selon les principes de la providence Divine, le simple fait de voir une personne en danger prouve que nous sommes en mesure de la sauver ; autrement, D.ieu n’aurait pas pris des dispositions pour que nous la rencontrions dans ces circonstances.

Il en est de même pour le danger spirituel. Lorsque nous remarquons autour de nous des personnes en danger spirituel, nous sommes tenus de faire tout ce qui est à notre portée pour les sauver, même si cela comporte un danger personnel. Nous ne pouvons nous garder d’agir en prétextant l’humilité ou l’inefficacité de notre intervention, car, s’il n’était pas à notre portée de les aider à se sortir de leur impasse, la chose ne serait même pas apparue à nos yeux.53

17 Tu dois réprimander ton prochain. La réprimande est une affaire délicate : elle peut causer davantage de mal que de bien. Ainsi, l’ordre d’admonester notre ami vient à la suite de celle nous indiquant de ne pas haïr notre frère, car la réprimande se doit d’être motivée uniquement par l’amour, et rester dépourvue d’aigreur ou de propos ironiques. Rabbi Yossef Its’hak de Loubavitch compare la réprimande à l’administration d’une injection : l’aiguille doit être exempte de germes, et le médecin et ses infirmiers doivent porter des vêtements blancs et stériliser leurs mains. De façon analogue, celui qui adresse la réprimande doit avoir des motivations pures (ses « vêtements », soit ses moyens d’expression – pensées, paroles et actes – doivent être « blancs »), et s’assurer que son « injection » ne causera pas de dommage.54

18 Tu aimeras ton prochain comme toi-même. La Torah nous ordonne d’aimer notre frère juif et d’aimer D.ieu.55 (Elle nous enjoint également d’aimer les convertis,56 afin de souligner que le commandement d’aimer notre frère juif porte également sur eux.)

Le Talmud établit57 que notre amour pour notre prochain juif doit s’étendre même à un criminel passible de la peine capitale, que nous devons exécuter de la façon la moins humiliante possible du fait même de notre amour pour lui.58

Nous signalerons plus tard59 que, dans la mesure où les émotions ne sauraient surgir de force, le commandement d’aimer D.ieu se matérialise par l’acte de songer à des idées menant à l’amour pour Lui. Il en va de même pour ce qui est de l’amour envers notre prochain juif : pour faire jaillir en nous des sentiments d’amour envers des personnes qui nous sont absolument étrangères et, notamment, envers celles dont les actes sont très peu dignes d’intérêt, nous devons premièrement rappeler qu’en réalité nous sommes tous des enfants précieux de D.ieu.60

Deuxièmement, dans la mesure où nous avons le même Père, nous sommes tous frères et sœurs, et non pas des étrangers. C’est ainsi que nous parviendrons à aimer notre prochain comme nous-mêmes, dès lors que nos frères et nos sœurs sont les descendants de nos parents au même titre que nous – bien que parfois ils n’agissent pas en conséquence.

Troisièmement, dans la mesure où le Père que nous partageons tous est D.ieu, il s’ensuit que, puisque D.ieu est un – entendant par là qu’il est une essence unique, non composite, pas plus que divisée en « parties » –, alors, dans notre source ultime nous sommes également un, et aucune différence n’existe entre nous. Par conséquent, plus nous nous entraînons à percevoir la véritable essence des choses plutôt que leur apparence, plus nous percevons nos prochains juifs comme identiques à nous-mêmes.

De ce point de vue, nous serons naturellement enclins à « aimer nos prochains comme nous-mêmes », puisque nous et eux sommes identiques.61

Cela explique pourquoi le sage Hillel, lorsqu’un converti potentiel lui demanda de lui apprendre toute la Torah le temps qu’il se tiendrait debout sur un pied, sut lui répondre : « Ce qui t’est haïssable, ne le fais pas à ton prochain – c’est là la Torah tout entière ; le reste n’est que commentaires »62 Certainement, il n’est pas difficile de comprendre que les commandements sociaux de la Torah peuvent être réduits à l’amour de notre semblable ; mais comment les commandements qui ne traitent pas de la relation avec autrui peuvent-ils être tous réduits à ce commandement ?63 La réponse est que ce commandement ne peut être accompli que si nous rehaussons notre perspective jusqu’à ce qu’elle atteigne celle de l’âme Divine ; cette élévation constitue, somme toute, la finalité de tous les commandements de la Torah.64

19 Assemblé, tissé ou tressé. Le mot qui englobe ces trois termes est chaatnez, qui est considéré comme un acronyme formé des consonnes initiales des mots choua, tavoui et nouz.

23 Et que vous y planterez n’importe quel arbre. Le Midrach souligne que le premier acte accompli par D.ieu après la création du monde fut de planter le jardin d’Eden,65 et que ce verset implique que le peuple juif est tenu d’en faire autant : à leur arrivée sur la terre d’Israël, les premiers efforts devaient s’orienter vers la culture de la terre.66

L’importance accordée à la culture de la terre souligne la place de premier ordre et l’importance psychologique fondamentale occupées par l’agriculture dans la civilisation en général, ainsi que dans la vie de l’esprit. Les arbres et les plantes produisent des fruits sans cesse ; de même, nous ne pouvons pas agir dans le vide : nous devons accomplir notre mission Divine de façon à produire des fruits – autrement dit, afin de laisser une empreinte durable et significative sur nous-mêmes comme sur autrui.67

23-25 Trois ans durant. C’est la totalité des commandements de la Torah qui vise à rectifier la faute primordiale ; or dans ce commandement précis, le lien est patent. Comme nous le savons,68 Adam fut créé vendredi après-midi, et reçut aussitôt son premier commandement : ne pas manger de l’Arbre de la connaissance.69 Dans la perspective du Midrach (qui s’écarte du sens contextuel du texte en même temps qu’il le parachève), ce commandement ne devait rester en vigueur que pendant trois heures, jusqu’au Chabbat, le moment où Adam utiliserait le fruit pour le sanctifier. Malheureusement, Adam fut en proie à son désir impétueux de rectifier la réalité d’après ses termes à lui plutôt que de faire preuve de la patience et de la maîtrise de soi dont il était censé témoigner : il mangea du fruit avant le coucher du soleil, précipitant ainsi la chute existentielle de la réalité que nous œuvrons à rectifier encore à ce jour. C’est pour redresser sa faute d’avoir refusé d’attendre trois heures que nous devons attendre trois ans avant de cueillir n’importe quel fruit. Par le fait de traiter les fruits de quatrième année d’une manière sainte,70 en les mangeant dans la ville sainte de Jérusalem comme une marque de louange à D.ieu, nous rectifions la faute commise par Adam de ne pas goûter le fruit pour la première fois dans le cadre de sa sanctification du Chabbat.71

Alors que le fruit des trois premières années est interdit et que le fruit de la quatrième année est saint, le fruit de la cinquième année est simplement ordinaire. Pourtant, la Torah déclare que l’ensemble du processus se produit dans l’intérêt de la cinquième année et au-delà – « afin que l’arbre augmente sa production pour vous ».72 Cela semble aller à l’encontre du sens commun : l’accent ne devrait-il pas être mis sur la sainteté des fruits de la quatrième année plutôt que sur la production de la cinquième et des suivantes, dont les fruits sont ordinaires ?

En fait, la sainteté en tant que telle n’est pas la finalité de la vie ; l’enjeu consiste à imprégner le profane de sainteté, car c’est seulement ainsi que nous faisons résider le Divin dans tous les aspects de la vie, atteignant le but de la création. C’est précisément ce que nous accomplissons en faisant un usage sanctifié des fruits de la cinquième année et des suivantes, qui ne sont pas fondamentalement saints, motivés que nous sommes par notre désir et notre volonté de remercier D.ieu de ce qu’il nous accorde la satisfaction de nos besoins et de nos désirs. Ceci devient d’autant plus manifeste lorsque nous reconnaissons que l’abondance dont D.ieu nous gratifie la cinquième année découle directement du fait d’avoir respecté Ses ordres à l’égard des fruits nés lors des quatre années précédentes.

D’un autre point de vue : pour sublimer en bonne et due forme les fruits de la cinquième année et des suivantes, nous devons en premier lieu consommer les fruits de la quatrième année dans un entourage caractérisé par une sainteté parfaite. C’est bien l’expérience intense, nullement atténuée, de l’union avec D.ieu, à l’écart de toute implication dans le profane, qui nous procure la conscience accrue du Divin et la force spirituelle dont nous avons besoin afin de participer avec succès au monde matériel et le transformer en sainteté, au lieu d’accepter que le monde nous plonge dans sa matérialité.73

27 En enlevant les cheveux. Cela revient à couper les cheveux des tempes au point de les empêcher de se replier sur eux-mêmes et toucher la peau d’où ils poussent,74 c’est-à-dire jusqu’à une longueur maximale de 1,6 cm selon des avis rigoureux.75 Dans de nombreuses communautés juives, il est de coutume de laisser pousser les cheveux des tempes (ou une partie de ceux-ci) et les arranger sous la forme de papillotes pendues aux côtés du visage en des longueurs différentes comme une contrainte d’ordre légal,76 comme une façon élégante ou esthétique d’observer ce commandement,77 ou bien comme un trait distinctif de l’identité juive.78 Rabbi Its’hak Louria, cependant, ne laissait pas pousser des papillotes sur ses tempes, ce qui est également la coutume de ‘Habad.79

Cette interdiction ne porte pas sur les femmes, car elle est liée à l’interdiction de se couper la barbe.80

Bords de ta barbe. Bien que la violation de l’interdiction spécifique posée dans ce verset ne soit punie par la flagellation que lorsque la barbe est rasée avec un rasoir,81 de nombreuses autorités hala'hiques soulignent le fait que le rasage de la barbe, même par d’autres moyens, constitue une violation d’autres interdictions, ce qui rend l’acte punissable de flagellation. De nombreuses autorités estiment que cette interdiction comprend également l’élimination de la barbe par d’autres techniques (sans qu’elles soient pour autant passibles de flagellation), quoique se trouvent des opinions autorisant l’emploi de ciseaux (et, partant, de certains types de tondeuses électriques au fonctionnement semblable à celui des ciseaux et dont les lames ne coupent pas les cheveux au ras) ou de la poudre à épiler.

Mais les sages du Talmud considéraient que la barbe était partie intégrante de l’embellissement Divin du visage masculin,82 et, dans la mystique juive, la barbe représente et exprime le flux de certains aspects de la bienfaisance et de la miséricorde Divines dans le monde.83 C’est pour des raisons juridiques comme celles-ci ou d’autres que de nombreuses autorités refusent d’enlever la barbe – ou même de la couper – de quelque manière que ce soit.84

Les exceptions à l’interdiction d’enlever les cheveux des tempes et de la barbe sont les rites d’initiation des Lévites,85 et les rites de purification du nazir86 et de quelqu’un atteint de tsaraat,87 qui nécessitent tous de se raser la tête (ou le corps) au rasoir, sans négliger les tempes et la barbe.

32 Lève-toi. Mot pour mot, la phrase se lit ainsi : « Avant la vieillesse, mets-toi sur pied. » Dès lors, comme le Zohar88l’explique, ce verset peut être interprété de façon homilétique comme suit : « Avant la vieillesse – même avant d’avoir atteint un âge avancé et d’être obligé de commencer à réfléchir au jour du Jugement –, mets-toi sur pied – entame le repentir de bonne heure, afin d’être à même de servir D.ieu avec entrain. »