La révélation ésotérique

La « révélation ésotérique » ? C’est un oxymore. Cela ne veut rien dire.

De fait, certains soutiennent que les enseignements ésotériques et mystiques de la Torah recelés dans la ‘Hassidout devraient être tenus secrets et ne pas être enseignés. Leur argument tient d’abord dans le fait que c’est une dimension de la Torah apparue de manière relativement récente, et que le peuple juif s’est très bien débrouillé sans cette étude au cours de son histoire. D’autre part, argumentent-ils, cette étude mène à un sentiment exagéré d’effacement devant D.ieu qui ne contribue pas à la nécessaire affirmation de soi.

Le Rabbi de Loubavitch apporta à cela une réponse lors d’un discours qu’il prononça en 1952. Celle-ci tient dans une métaphore du domaine médical. Maïmonide avait déjà enseigné que, de même qu’il existe des maladies affectant le corps, il en existe qui affectent l’âme. Et il y a des corrélations entre les unes et les autres qui permettent de trouver des approches thérapeutiques dans un domaine lorsque l’on comprend ce qui se passe dans l’autre.

De manière générale, les maladies affectent le corps en attaquant certains de ses organes, affaiblissant ainsi son fonctionnement. Il existe cependant une maladie – D.ieu nous en préserve – qui agit non pas en diminuant mais en surajoutant au corps des excroissances qui lui sont étrangères. Cette maladie est réputée être extrêmement dangereuse et tous la craignent, au point de ne même pas souhaiter la nommer.

Et de même que cette maladie est différente des autres, son traitement l’est également. Dans les autres maladies, on cherche à supplémenter le corps pour le renforcer ou lui donner des armes pour combattre l’agent infectieux, telles que les antibiotiques. Mais le traitement de cette maladie tient dans le retrait et la destruction des tumeurs. Leur disparition constitue la guérison du malade.

Si cette maladie existe depuis bien longtemps, son identification est assez récente dans l’histoire, et l’invention de ses traitements l’est encore plus.

Il est évident que personne ne dira qu’il convient de s’abstenir d’utiliser un traitement médical récent sous prétexte que l’humanité a vécu sans lui pendant des milliers d’années, et que l’approche de ce traitement vise à détruire le mal plutôt qu’à soutenir le corps.

On retrouve le même schéma dans les maladies de l’âme. Si l’orgueil a toujours existé au sein de la société humaine, la maladie morale qui frappe notre époque est sans précédent : une ‘houtspah débridée, une arrogance gratuite, affranchie de toute rationalité et ce, même face à une vérité flagrante.

De même que dans le domaine physique, la guérison passe par la suppression des excroissances indésirables, la guérison morale passe par l’effacement de « l’excroissance » d’ego. C’est pourquoi l’étude de la ‘Hassidout et la mise en pratique de ces principes dans la vie quotidienne qui permettent l’effacement de soi devant D.ieu constituent le traitement le plus adapté aux maux de notre temps.

Il y a toutefois une différence entre le traitement de la maladie physique et celui de la maladie morale : le premier est si destructeur qu’il peut à la longue porter atteinte même à la partie saine de l’organisme. Ce qui n’est pas le cas s’agissant du traitement spirituel : il est possible de s’adonner à l’étude de la ‘Hassidout sans aucune limite quantitative ni qualitative et cela ne fera rien d’autre que de détruire la partie malade de la personnalité, affaiblissant l’emprise de « l’âme animale » sur nos prises de décision, tout en renforçant la partie saine de celle-ci en favorisant l’influence de notre « âme divine ».

Chabbat Chalom !


Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org