La vulnérabilité de l’intelligence

Ce Chabbat qui précède Pourim nous sortons un second rouleau de la Torah pour lire la paracha de Zakhor, « Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek ».

Sur des bases idéologiques, Amalek a attaqué les Enfants d’Israël après la traversée de la mer, alors qu’ils se préparaient à recevoir la Torah au mont Sinaï.

Amalek ne s’opposait pas à la Torah en elle-même, car cette peuplade descendait d’Ésaü, et donc d’Abraham et d’Isaac, et était sensible à la mission divine qui constitua leur vie.

En revanche, Amalek s’opposait de toutes ses forces à la démarche de Jacob qui était d’être « un homme intègre, assis dans les tentes [de l’étude de la Torah] » (Genèse 25,27), ce qui signifiait qu’il accomplissait ce que D.ieu attendait de lui sans exiger au préalable de tout comprendre en profondeur pour voir s’il était d’accord. Et c’est dans ce même esprit que ses descendants acceptèrent la Torah, en disant : « Tout ce que D.ieu a ordonné, nous le ferons [d’emblée] et [ensuite] nous le comprendrons » (Exode 24,7).

Amalek tenait cette attitude de son aïeul Ésaü, « un homme connaissant la chasse, un homme des champs » (Genèse ibid.), c’est-à-dire quelqu’un qui cherche d’abord à connaître le terrain, les méthodes, les circonstances, etc, et qui agit sur la base de ses connaissances. D’abord tout comprendre, et seulement ensuite agir.

C’est ainsi qu’Amalek tente de refroidir le peuple juif en lui tenant ce langage :

« Puisque la Torah est tout entière vraie, l’action et la compréhension sont vraies toutes les deux. Il n’est pas grave de commencer par la compréhension. Car, de toute façon, la compréhension mènera à l’action, c’est logique… »

C’est pourquoi la Torah nous demande de nous souvenir d’Amalek, afin de ne pas oublier le danger qu’il constitue.

Elle nous enseigne qu’être un « un homme connaissant la chasse » qui exige de tout comprendre avant d’accomplir la volonté divine, mène inévitablement à devenir un « un homme des champs » tel que le fut Ésaü : un homme sauvage qui n’écoute que son mauvais penchant, et qui finit par perdre tout lien avec les « tentes de l’étude de la Torah » et par se détacher de D.ieu

Nous devons ainsi nous souvenir que notre intelligence est seulement un instrument pour comprendre la Torah d’Hachem et ainsi parfaire notre comportement. Mais la décision, l’engagement d’agir conformément à la volonté divine doit précéder et surpasser notre compréhension.

Chabbat Chalom et joyeux Pourim !
 

Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org