L’évidence de la sainteté

L’histoire de ‘Hanouka raconte que lorsque la victoire sur les Grecs fut acquise, les Maccabim inaugurèrent de nouveau le Temple. Les Grecs ayant rendu les réserves d’huile impures, ils cherchèrent jusqu’à ce qu’ils trouvent dans un endroit totalement improbable une fiole d’huile pure, scellée du sceau du Grand-Prêtre. Ils allumèrent la Ménorah et le miracle se produisit : l’huile dont la quantité était seulement suffisante pour un jour brûla pendant huit jours, jusqu’à ce qu’on ait pu produire une nouvelle huile pure.

Mais saviez-vous qu’ils auraient parfaitement pu allumer la Ménorah avec de l’huile impure ? La loi est en effet que lorsque la communauté dans son ensemble est impure – ce qui était le cas au terme de cette guerre –, l’interdiction d’offrir des sacrifices en état d’impureté est repoussée.

Pourquoi ne se résignèrent-ils pas à cela et cherchèrent-ils de l’huile pure ? La réponse nous est donnée dans notre paracha : lorsque Joseph piège ses frères en faisant mettre sa coupe d’argent dans le bagage de son frère Benjamin et que les frères sont accusés de ce vol qu’ils n’ont pas commis, ils répondent (Gen. 44,7) : « ‘Halila », ce que Rachi traduit par : « Ce serait pour nous un geste profane, et donc une infamie. »

Quel est le rapport entre l’idée de crime et celle d’un geste non-sacré, et entre cette notion de non-sacré et la notion d’infamie ?

Le fait est que la sainteté n’est pas pour les Juifs une sorte de « bonus », ou un idéal lointain vers lequel il faudrait tendre, mais la base même de toute l’existence juive. « Que toutes tes actions soient faites pour le Ciel », disent nos Sages (Avot 2:12) ; « Dans toutes tes voies, connais-Le (D.ieu) », dit le roi Salomon dans les Proverbes (3,6). La sainteté juive n’est pas atteinte à travers une vie d’ermite et d’ascétisme, mais en consacrant toutes nos ressources au bien et à l’accomplissement du plan divin, en menant une vie dans laquelle les poursuites matérielles sont toutes à vocation sainte.

L’idée de s’adonner à un crime pour en tirer un profit égoïste était donc à l’opposé de tout ce qui faisait la vie des fils de Jacob. Tout comme l’idée de déroger à cette sainteté et d’accorder cette « victoire » aux Grecs en allumant la Ménorah dans l’impureté était impensable pour les Maccabim.

Puissions-nous imprégner notre quotidien de sainteté et mériter de voir l’allumage de la Ménorah dans le Troisième Temple à Jérusalem très prochainement.

Joyeux ‘Hanouka !


Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org