Quand le serpent fait vivre

Savez-vous ce qu’est « le mal » ?

Ôtez-en toute notion de fatalité, et cela devient « un problème ». Un problème en attente de solution. Maintenant, traversez la rue et regardez les choses sous un nouvel angle : le problème lui-même n’est, en soi, rien d’autre qu’une « solution en puissance », un bienfait potentiel qui attend seulement d’être exprimé. C’est donc pour nous essentiellement « un défi », celui de concrétiser cette solution qui nous élèvera alors au-delà du problème, au-delà du mal.

Autant dire, « une opportunité ».

Cette vision, caractéristique de la pensée du Rabbi de Loubavitch, est illustrée dans un épisode biblique singulier dans notre paracha : lorsqu’une partie du peuple manifesta de l’ingratitude vis-à-vis de D.ieu, elle fut attaquée par des serpents à la morsure mortelle. Sur l’ordre de D.ieu, Moïse façonna un serpent d’airain qu’il plaça au sommet d’une perche, de sorte que ceux qui avaient été mordus puissent le regarder et être alors miraculeusement sauvés des effets du venin.

« Est-ce donc le serpent qui tue ou qui fait vivre ? » s’interrogent nos Sages. Et de répondre : si le serpent d’airain était placé en hauteur, c’était pour que les calomniateurs de D.ieu lèvent les yeux pour le voir. Ce faisant, ils voyaient aussi le ciel et se rappelaient que tout est entre les mains de D.ieu. Ils Lui soumettaient alors leur cœur rebelle et, de ce fait, ils vivaient, car D.ieu est la Source de vie.

Le Rabbi de Loubavitch fait remarquer un point intéressant : le serpent évoque le « serpent originel » de la Genèse qui représente le « mauvais penchant », l’instinct égoïste présent naturellement dans le cœur de l’homme.

Pourquoi ce penchant existe-t-il ? S’il fait partie de la nature humaine, l’être humain est-il voué à être mauvais ?

Le Rabbi explique que sa raison d’être est que, à travers la techouva, en fondant notre ego dans celui de D.ieu, le « mauvais » penchant cesse d’être malfaisant et la nature humaine peut alors révéler les trésors de bienfaisance dont elle est capable.

Le « serpent », l’ego humain, qui était facteur de mort en nous éloignant de D.ieu, devient lui-même source de vie, en devenant l’écho de la Source de toute vie.

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Si, en regardant en vous, vous voyez un serpent, c’est que vous ne regardez pas assez profond.

Creusez, creusez encore jusqu’à votre centre, jusqu’au noyau de votre être.

D.ieu vous y attend.


Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org