Lorsque l’armée russe approchait d’Auschwitz au début de 1945, les nazis firent évacuer le camp de la mort. Les détenus furent forcés de marcher vers l’Allemagne, dans ce qui allait être appelé plus tard « la Marche de la Mort ». Les nazis exécutaient tous ceux qui traînaient à l’arrière, ceux qui ne pouvaient plus marcher (et il y en avait tellement...) ou n’importe qui, aléatoirement. Il est estimé que plus de 15 000 personnes moururent lors de cette marche.
Une jeune fille d’Auschwitz survécut à la marche et se retrouva à Neustat Gleve, près de Francfort-sur-le-Main en Allemagne. C’était officiellement un « camp de travail », mais elle était très malade, probablement atteinte du typhus. Elle souffrait d’une forte fièvre et était à peine capable de se déplacer et certainement pas en état de travailler. La femme juive en charge des baraquements lui suggéra de se rendre à l’infirmerie ; si elle était inscrite à l’infirmerie, elle serait dispensée de travail.
L’infirmerie était à une distance d’environ trois pâtés de maisons des baraquements, mais, dans son état fébrile et émacié, il fallut à la jeune fille près de deux heures pour y arriver. Une fois sur place, elle vit les patients à demi morts couchés nus sur les lits, car lorsqu’un patient était admis à l’infirmerie, les médecins prenaient ses vêtements sales et les brûlaient. La jeune fille avait une chemise de nuit dans les baraquements qu’elle avait réussi à emporter d’Auschwitz. Il était pour elle hors de question qu’elle se couche ainsi, nue, à l’infirmerie. Elle repartit donc vers son baraquement, se traînant de nouveau pendant deux heures afin de récupérer le précieux vêtement.
La chef du baraquement la vit et lui suggéra de s’allonger pour se reposer un peu avant de repartir pour l’infirmerie. Comme la jeune fille n’avait plus la force de se déplacer de toute façon, elle écouta ce conseil. Un peu plus tard, la chef du baraquement revint et lui dit qu’il n’était plus nécessaire qu’elle reparte à l’infirmerie. Les nazis en avaient extrait tous les malades et les avaient tous assassinés...
Moins d’un mois plus tard, la jeune fille fut libérée. Elle put plus tard se marier, et elle eut des enfants, des petits-enfants et des arrière-petits-enfants.
Cette jeune fille est ma mère, Perel Schulkind, puisse-t-elle vivre et être en bonne santé.
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