Le jour où la lumière s’éteignit
Quand j’étais au lycée, j’ai rencontré un jour un gars qui, me découvrant juif et croyant, entreprit de me prouver en un instant que D.ieu n’existe pas : « D.ieu est-il capable de créer une chose qu’Il ne peut pas détruire, hein ? Ahaaaa ! » fit-il, triomphant, sans même me laisser réfléchir à ce qu’il disait.
J’ai trouvé ça astucieux, mais je me suis dit que ce n’est sans doute pas pour rien que D.ieu dit dans la prophétie d’Isaïe (55,8) : « Mes pensées ne sont pas vos pensées. »
Pourtant, lorsque j’ai étudié plus tard la ‘Hassidout à la yéchiva, je me suis rendu compte que ce garçon avait parfaitement raison : un tel D.ieu incapable de créer une certaine chose n’existe pas, de même qu’un D.ieu incapable de détruire quelque chose n’existe pas non plus. En fait, un tel D.ieu, soumis et limité par la logique humaine, est totalement inintéressant. Nous n’y croyons pas plus que lui.
Car, voyez-vous, D.ieu ne se contente pas d’être « le Tout-Puissant », capable de réaliser tout ce qui est possible, au-delà de la capacité de toute créature imaginable. Il est également capable de réaliser tout ce qu’il est intrinsèquement impossible de réaliser.
La raison en est que D.ieu n’est pas limité par la logique du fait même qu’Il a créé la logique, y compris la logique divine. Certes, Il a décidé de s’y conformer de manière générale lorsqu’Il agit à l’intérieur de la création, mais a. Il n’est pas limité au cadre de la création, et b. même au sein de ce cadre, Il demeure libre de transcender les limites de la logique.
Dès lors, la ‘Hassidout emploie un autre terme, qui exprime mieux la véritable teneur de la « toute puissance » de D.ieu, c’est nimna hanimnaot : « Celui pour qui l’impossible est impossible ».
Ainsi D.ieu est capable de tout, y compris d’être empêché de faire quelque chose si tel est Son désir. Il est illimité, ce qui inclut sa capacité d’être limité si tel est Son désir.
Ceci se retrouve dans les lumières de ‘Hanouka : D.ieu fit un miracle en faisant brûler l’huile de la Ménorah du Temple bien au-delà de sa capacité. Les flammes qui ne devaient durer qu’une seule journée restèrent allumées un second jour, puis un troisième, puis un quatrième, et ainsi de suite. Tous furent témoins qu’une force au-delà des limites de la nature était à l’œuvre. Tous assistèrent à une révélation tangible de l’Infini.
Puis, au bout de huit jours, D.ieu fit cesser le miracle, introduisant la limite au sein même de l’illimité et révélant aux hommes mortels que cette lumière était celle du « huitième jour », la dimension d’éternité qui transcende la création créée en sept jours et qui, pour la première fois, avait brillé à l’intérieur de la création, préfigurant ainsi l’ère messianique.
Telle est la lumière de ‘Hanouka. Telle est notre lumière. Machia’h now.
Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org