Il est facile de sourire lorsque tout va bien. Mais sourire constamment et significativement lorsque les choses sont difficiles, éprouvantes et douloureuses, est réellement révélateur du caractère d’une personne. Peu importe avec qui vous parlez, que ce soit un membre de sa famille, une amie d’enfance, une collègue ou un voyageur de passage, vous entendrez la même chose : Rivka Holtzberg était toujours souriante. Et son sourire avait le pouvoir d’illuminer non seulement son visage, mais aussi la pièce et tous ceux qui s’y trouvaient. Son sourire était la preuve que même lorsque les choses étaient dures, il existe néanmoins une joie qui ne demande qu’a être ressentie et une mission à accomplir dans la vie.
Rivka Holtzberg avait pourtant eu son lot de tragédie. Et pourtant, quand vous la rencontriez, vous n’auriez pas pu vous en douter. À moins qu’on le lui demande, elle parlait rarement de ce qui brisait son cœur et son âme jour et nuit. Elle évoquait rarement son affliction et sa douleur. Rivky, comme elle était appelée affectueusement, avait trop de projets importants sur lesquels elle travaillait et trop de choses pour lesquelles elle était reconnaissante, pour laisser ses difficultés peser sur elle.
Rivky, qui lors de sa mort était enceinte de cinq mois, était une maman qui adorait son petit Moché et insistait pour être la seule à le mettre dans son lit pour dormir. Les gens adoraient la voir jouer avec lui, lui donner à manger et l’habiller, avec une patience et une tendresse infinies. Il était son monde. Et elle l’appelait avec amour son malakh, son ange.
Moïchélé, avait toujours été considéré comme un enfant miraculeux. Le fait qu’il ait été sauvé du massacre du Beth ‘Habad par Sandra Samuel, sa nounou, ne fait que souligner à quel point il défie le sort. Malheureusement, son plus grand frère, Ména’hem Mendel, est décédé il y a trois ans des suites d’une grave maladie génétique dégénérative. Lorsque Moïchélé naquit exempt de cette maladie, il devint le petit miracle de Gabi et de Rivky.
Né’hama Dina Kantor, émissaire Loubavitch à Bangkok, en Thaïlande, se rappelle comment Rivky aidait dans son jardin d’enfant, malgré cette situation tragique. Elle voyait comment Rivky priait avec les petits enfants, comment elle chantait avec eux et leur enseignait. Elle était si pleine de joie, si pleine de vie, si concentrée sur leurs besoins, qu’il était impossible de déceler qu’elle souffrait à l’intérieur. Certaines personnes arrivent à se forcer à sourire alors qu’à l’intérieur elles s’écroulent. Ce n’était pas Rivky. Son sourire était authentique, sincère et honnête. Elle n’a jamais permis à sa blessure de lui ôter sa gaieté.
Comme Rivky l’a expliqué à Corinne Marlen, une touriste qui a passé un moment bref mais plein de sens auprès d’elle, « Lorsque vous avez la foi, vous croyez que D.ieu place des épreuves devant vous et teste votre foi. Parfois, vous pouvez ne pas comprendre pourquoi les choses arrivent, mais cela ne veut pas dire que vous devez perdre la foi. Parfois il vous faut des années pour déterminer ce que vous avez appris de la situation... »
Le Rav Yossef Kantor décrit Gabi et Rivky comme inséparables. « Ils étaient extrêmement attachés l’un à l’autre, et c’est un euphémisme. Ils avaient le plus grand respect l’un pour l’autre et lui ne faisait rien sans elle, ni elle sans lui. » Lorsque Kantor parlait avec Gabi, qu’il s’agisse de sujets pratiques ou personnels, Rivky était à ses côtés, apportant encouragements et conseils, et toujours montrant la direction. « Le cachet de Rivky était sur tout ce que le Beth ‘Habad faisait et tout ce qu’ils accomplissaient. »
Non seulement Rivky avait dû surmonter une terrible épreuve, mais sa vie quotidienne en Inde était loin d’être facile. Pour elle, qui avait connu une vie confortable en Israël, s’installer en Inde fut un grand bouleversement. Que ce soit les courses pour acheter de la nourriture ou manœuvrer dans la pollution, le trafic et la bureaucratie, rien n’était simple. Cependant, Rivky n’était pas personne à se plaindre. Elle reconnaissait la difficulté, mais elle se concentrait sur ce qui devait être fait. Et elle savait qu’elle était capable de le faire.
Ceux qui sont passés par son Beth ‘Habad parlent de son hospitalité, de la chaleur et du réconfort qui émanait d’elle. Ces traits, elle les possédait bien avant de partir vivre en Inde. Né’hama Hadad, une autre émissaire à Bangkok qui avait connu Rivky au séminaire à Lod, en Israël, a raconté quel genre d’étudiante elle était.
« Rivky rimait avec sourire, avec rire. Vous saviez immédiatement que Rivky était présente et, grâce à elle, nous nous sentions toutes “à la maison”. Elle était toujours disponible pour aider et était toujours affairée à rendre service. »
La mère de Rivky, Yéhoudit Rosenberg, a raconté comment Rivky préparait chaque jour un dîner pour 30-40 personnes, 50-60 le Chabbat. Leur maison était toujours ouverte et tout le monde était bienvenu.
« Ils étaient comme des aimants, raconte le Rav Kantor. Quand vous étiez avec eux, vous aviez l’impression d’être ailleurs, dans un autre monde. C’est pourquoi les gens adoraient venir être en leur compagnie. Leur maison était une oasis à Bombay. »
Pour certains, Rivky était comme une fille, pour d’autres, comme une sœur, et pour d’autres encore, malgré son jeune âge, elle était comme une mère, qui se souciait d’eux et de leurs besoins. Mais tous voyaient en Rivky une amie. Elle était proche des membres de la communauté juive indienne et était toujours disponible pour une conversation à cœur ouvert avec une touriste de passage. Elle donnait des cours aux femmes avec passion et aimait particulièrement enseigner la beauté de l’intimité conjugale dans le Judaïsme. Une grande source de fierté pour Rivky était le mikvé, le bain rituel qu’ils avaient construit, pour les femmes juives de Bombay.
Rivky était fréquemment assise avec les autres femmes à la table du dîner, à rire et à discuter. Elle était accessible, ouverte, honnête et réelle. Elle connectait avec les femmes, et, non seulement elle parvenait à leur enseigner, mais elle savait devenir leur amie, leur dispensant ses conseils avisés. « Nous avons parlé pendant des heures », comme nous l’a dit Corinne Marlen, est un témoignage que de nombreuses personnes peuvent apporter. De quelle façon Rivky, tout en affrontant ses difficultés personnelles, en dirigeant le Beth ‘Habad, en donnant des cours, en s’occupant de Moché et en préparant des repas pour des dizaines de personnes, trouvait-elle le temps pour discuter reste un mystère. Cependant, elle le trouvait, et elle vous faisait ressentir que vous étiez ce qu’il y a de plus important lorsqu’elle se concentrait sur vous.
Bien que le couple ait été bien plus jeune que lui, et que Gabi ait été son élève, le Rav Kantor a déclaré « Ils étaient mes maîtres en ce qui concerne l’altruisme. »
Rivky Holtzberg vécut une vie pleine de sens et de leçons. Au cours de ses 27 ans, elle a accompli plus que beaucoup peuvent en espérer en une longue vie. Rivky était passionnée, compatissante et dévouée dans tous les aspects de sa vie.
Comme le Rav Kantor l’a souligné, « N’importe quelle femme aurait cherché à quitter l’Inde. Et elle avait toutes les raisons du monde de le faire. Mais ce n’était pas Rivky. Rivky ne recherchait pas d’échappatoire. Rivky cherchait seulement à savoir ce qu’elle pouvait faire pour vous aider. »
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