Un jeune homme, séparé depuis quelque temps de sa femme et de son enfant, n’arrivait pas à décider s’il devait divorcer ou tenter de se réconcilier. Il demanda conseil à un « professionnel ». Celui-ci lui demanda « Éprouvez-vous encore des sentiments d’amour envers votre femme comme lorsque vous vous êtes mariés ? » Sans hésiter, le mari esseulé répondit : « Je ne crois pas. » « S’il en est ainsi, statua le professionnel, consommez la rupture et quittez-la pour de bon. »

Est-il cependant correct d’asseoir la stabilité d’un mariage sur des sentiments passagers de confort ou d’amour ? Ou bien y a-t-il quelque chose de plus important que cela ?

Pour la plupart des nouveaux mariés, se sentir proche l’un de l’autre est relativement aisé au cours des premiers mois, voire des premières années de mariage. Les sentiments éprouvés par les jeunes gens sont souvent marqués par une certaine euphorie qui conditionne une attitude particulièrement vis-à-vis des particularités de caractères et des défauts de son partenaire. C’est ainsi que l’exprime le dicton : « l’amour est aveugle ». D.ieu a fait de ces sentiments si puissants un élément naturel d’une relation naissante afin d’aider le jeune couple à se former, puis à fonder un foyer et à rester ensemble. C’est en fait une préparation aux pressions qui accompagneront l’éducation des enfants, le gain de sa subsistance, le vieillissement et tous les aléas de la vie.

Le Judaïsme enseigne qu’il existe une alliance, une relation éternelle, entre le peuple juif et D.ieu. Cette relation est comparable à celle de deux amis qui établissent un pacte selon lequel ils s’engagent à toujours prendre soin l’un de l’autre, quelles que soient l’évolution de chacun et la façon dont leurs sentiments réciproques pourraient varier. Une telle alliance dépasse les limites de la raison et de la logique. C’est ce qui lui confère son caractère éternel en lui permettant de résister à toutes les vicissitudes de la vie. Telle est l’alliance entre D.ieu et le peuple juif : un lien qui n’est pas basé sur la réciprocité, mais sur l’engagement.

Les mariages prospères sont aussi cimentés par une alliance. Cette alliance est en fait un engagement matrimonial indéfectible, la promesse de ne jamais baisser les bras lorsque les choses deviennent difficiles et de s’employer à trouver les solutions à tous les problèmes qui pourraient venir troubler cette relation. Dans un mariage en bonne santé, c’est cette sagesse inhérente à la maturité qui prend le relais lorsque les premiers sentiments d’amour et d’attirance, ceux de la jeunesse, finissent par s’atténuer. Cette alliance entre les époux protège leurs enfants de la terreur et de la douleur du divorce et du risque de devoir grandir sans bénéficier de la présence de leurs deux parents pour les guider et les protéger.

Il existe certes de rares cas dans lesquels le divorce est nécessaire. Le Judaïsme reconnaît cela et permet le guett qui est la manière « cachère » de dissoudre un mariage. Cependant, à notre époque, à cause de la trop grande pénétration dans notre communauté de valeurs profanes qui mettent l’accent sur le plaisir personnel et l’autonomie, certaines familles juives baissent les bras beaucoup trop rapidement, souvent, bien malheureusement, avec l’aide de « professionnels » bien intentionnés.

L’alliance entre un mari et sa femme procure un sentiment spirituel dont l’intensité est telle qu’il permet au mariage de survivre à toute déception physique ou émotionnelle. Il est vrai que la sollicitude des conjoints l’un pour l’autre leur apporte bonheur et réconfort et constitue un élément vital de leur relation. Lorsque notre conjoint nous donne ce que nous attendons de lui, cela nous contente, satisfait notre ego et renforce notre estime personnelle. Néanmoins, cela ne devrait pas être la seule raison de rester dans un mariage.