Il y a deux sortes d’amour.

Il y a l’amour congénital. Un parent, par nature, aime son enfant. Des frères et sœurs, dès la naissance, sont liés les uns aux autres. L’amour arrive en premier ; les réserves qui peuvent s’y mêler, loin derrière.

Certes, la flamme peut brûler tout doucement. Il se peut qu’eux-mêmes ne soient pas conscients de cet amour. Mais il brûle assurément, sans interruption. Il peut vaciller, voire même se cacher sous le charbon, mais il est là. Il est toujours présent.

Voilà pourquoi vous ne pouvez pas divorcer de vos parents ou de vos frères et sœurs, ou de votre propre enfant. Parce que vous avez été conçu avec cet amour, et vous êtes né avec lui, de sorte qu’il n’est pas en votre capacité de l’éteindre.

Ensuite, il y a l’amour entre mari et femme. Il est né longtemps après la naissance de cet homme et de cette femme. Et ainsi, quelles que soient la clarté de sa flamme et l’intensité de sa chaleur, il existe des circonstances qui peuvent l’arracher à sa mèche et le faire disparaître comme s’il n’avait jamais existé.

Voilà pourquoi la Torah nous parle du premier mariage d’abord dans le contexte du divorce. La Torah ne nous dit pas : « Voici comment vous devez vous marier, et s’il le faut, voici comment vous devez divorcer. » Au contraire, elle dit : « Si vous vous mariez, mais devez ensuite divorcer, voilà comment cela doit être fait. » Dans le Talmud, aussi, le traité consacré au divorce précède celui consacré au mariage.

Parce que, pour maintenir la cohésion d’un mariage, il vous faut savoir que même si la flamme est fermement attachée à la mèche aujourd’hui et qu’elle danse et crépite, elle peut se défaire de ses liens demain et disparaître. Ce lien doit être chaque jour renforcé, et la flamme doit être nourrie, attisée et chérie.

Oui, il y a des moments où vous devez fuir l’amour, des moments où même la Torah vous dit que cette mèche doit être coupée, ce lien du mariage rompu.

Mais tant que ces conditions extrêmes ne sont pas réunies, cramponnez-vous fermement à cette flamme. Même si vous ne parvenez plus à déceler sa chaleur, vous détenez toujours le souvenir de cet amour. Agissez avec amour, parlez avec amour, réfléchissez sur la façon dont cet amour était apparu, et revivez cet amour. Protégez-le dans toutes les tempêtes, maintenez-le allumé même si l’huile n’est plus qu’un mince film qui tapisse le fond de la lampe. Alors, progressivement mais sûrement, la flamme brûlera profondément au-dedans de vous, jusqu’à ce qu’elle atteigne votre âme. Et là, elle réveillera un autre amour, un amour qui n’est jamais mort, un amour aussi permanent que celui d’un frère et d’une sœur, mais avec l’ardente intensité de celui d’un mari et d’une femme.

C’est ainsi qu’Abraham dit à Sarah : « Dis que tu es ma sœur. » Et ils furent alors liés dans un lien essentiel, un lien des âmes qui ne peut être brisé.

Leurs âmes sont frère et sœur, et plus proches encore. Si elles peuvent revenir à cette unité, une nouvelle sorte d’amour émergera. Un amour inconditionnel.

Parce que, en vérité, les âmes des époux sont frère et sœur, et plus proches encore. Avant leur entrée dans ce monde, elles n’étaient qu’un seul être. C’est seulement lorsqu’elles sont descendues pour s’investir dans un corps qu’elles se sont divisées. Si elles peuvent persister dans leur voyage jusqu’à revenir à cette unité, une nouvelle sorte d’amour émergera. Un amour inconditionnel.

Qu’est-ce que l’amour inconditionnel ? Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de frontières, que tout va bien et que rien ne doit être résolu. L’amour a besoin de carburant ; l’amour exige un havre le protégeant du vent et de la tempête, de sorte qu’il puisse brûler. L’amour inconditionnel signifie simplement que, quoi qu’il arrive, tout peut s’arranger. Cela signifie que, fondamentalement, nous sommes encore un, alors soyons maintenant aussi un en surface.

Tout comme les eaux calmes reflètent le visage qui les regarde, le cœur d’une personne reflète le cœur d’une autre personne. Manifestez un amour inconditionnel, et vous finirez par recevoir le même.


Sources
Au sujet des deux types d’amour, voir Likoutei Si'hot, vol. 20, fin de p. 40 et suivantes, et les références citées dans la note 25.