Conflit sur le front domestique

La Torah décrit le mariage comme la fusion de deux âmes précédemment séparées. Elles s’unissent sous la ‘houppa pour devenir une. Malgré cela, le sentiment d’unité peut s’avérer fugace dans le mariage. Deux personnes qui s’entourent de barrières et de murailles défensives ne se ressentent pas comme « un ». En réalité, ils peuvent, en période de conflit, se sentir tout à fait séparés l’un de l’autre, étrangers – voire ennemis !, chacun de son côté de la barrière.

De nombreuses personnes se sentent éloignées de leur conjoint. Ils peuvent avoir de grandes différences d’opinions. Ils peuvent avoir des façons différentes de faire les choses. Ils peuvent ne pas se comprendre l’un l’autre. Le fait même que les hommes et les femmes soient si différents dans de si nombreux domaines génère autant de sources potentielles de conflit. De plus, le fait qu’il s’agisse de deux personnes provenant de deux milieux différents, chacun avec son propre vécu, constitue également une source potentielle de conflits. Une autre est le fait que la plupart des gens n’ont aucune idée de ce qu’il faut faire pour prévenir ces conflits.

Assumer l’entière responsabilité

Le Chalom bayit – un foyer paisible – existe rarement par hasard. Dans la plupart des cas, les gens doivent mener des actions conscientes pour générer la paix dans leur maison. Il leur faut un plan de paix. Puisque des différences d’opinions se produiront inévitablement, les hommes et les femmes doivent être armés de stratégies qui permettront de réduire ou d’éviter les conflits. En voici une qui vous aidera à coup sûr : prenez l’entière responsabilité.

Ne laissez pas à votre conjoint la charge d’établir la paix et l’harmonie. C’est vous qui allez le faire. Et si cela vous semble injuste, ne vous en faites pas. C’est le genre d’injustice qui permet à certains de devenir millionnaires. Et un foyer épanoui vaut bien plus que de l’argent. Alors si vous allez être celui ou celle qui va le faire exister, vous aurez gagné bien plus qu’un million d’euros ! (De plus, nos Sages nous enseignent que la récompense pour avoir instauré la paix est considérable, non seulement dans ce monde-ci, mais également dans le monde futur. C’est donc tout bénéfice pour quiconque est prêt à « prendre l’entière responsabilité ».)

Refusez l’invitation au combat

Maintenant que vous êtes d’accord de prendre l’entière responsabilité, vous pouvez suivre le plan suivant : lorsque votre partenaire vous provoque accidentellement, abstenez-vous de réagir immédiatement. Cela s’appelle « refusez l’invitation au combat ». En effet, les ripostes immédiates sont comme du petit bois jeté dans un feu qui transforme des braises endormies en un brasier ardent. Peut-être que votre conjoint a commis une erreur (cela nous arrive à tous de temps en temps, n’est-ce pas ?). Ne répondez pas sur-le-champ. Faites une pause. Patientez. Temporisez. Excusez-vous pour quelques minutes. Prenez-vous par la main et amenez-vous dans un endroit où vous pourrez vous laisser aller à ressentir vos sentiments, entreprendre ce qu’il faut pour les apaiser puis, à partir de là, élaborer un plan d’action efficace.

Pourquoi perdre du temps et de l’énergie à se disputer ? Ne serait-il pas tellement préférable si vous pouviez aider votre conjoint à « voir la lumière » ? Mais vous ne pourrez pas le faire avec une riposte. Il va vous falloir une stratégie, un plan d’action. De quelle manière devriez-vous dire ce que vous avez à dire ? À quel moment ? Qu’est-ce qui sera le plus efficace ? Qu’est-ce qui produira les meilleurs résultats ? Toutes ces questions exigent une réflexion calme et sereine, alors il va vous falloir laisser éclater vos sentiments solitairement (laissez-les remonter librement, mais silencieusement, ou mettez-les par écrit et déchirez la feuille après, ou encore utilisez une technique de gestion émotionnelle si vous en connaissez une). Si vous avez besoin d’aide pour trouver la manière de résoudre le problème relationnel, faites appel à un professionnel. Autrement, concevez un plan qui présente quelque espoir de résultat et mettez-le tranquillement en œuvre.

Tel est votre plan de paix. Ne ripostez jamais. Prenez l’entière responsabilité en refusant toutes les invitations au combat. Prenez le temps de réfléchir et de concevoir une intervention bénéfique à l’amour, à l’harmonie et au mariage. Ou bien, si l’objet du désaccord n’est pas à ce point important, laissez-le tomber.

La Torah nous dit, « Il n’est pas de meilleur réceptacle pour les bénédictions que la paix ».