Le Rav Levi Its’hak Schneerson, de mémoire bénie,1 père du Rabbi, reçut son ordination rabbinique de plusieurs rabbins distingués, parmi lesquels le Gaon, Reb ‘Haïm Brisker. L’examen de Reb ‘Haïm fut extrêmement exigeant. En plus des questions qu’il posa à Rav Lévi Its’hak, Reb ‘Haïm lui demanda également de répondre à certaines des questions qui lui avaient été soumises à lui-même.
Parmi ces questions se trouvait celle-ci : un Juif partageait une soukka dans une cour commune avec ses autres voisins juifs. Malheureusement, ils avaient oublié de faire un Érouv ‘Hatséroth qui leur aurait permis de porter des objets le jour du Chabbat de leurs maisons à la soukka dans la cour. Ce Juif avait demandé à Reb ‘Haïm ce qu’il convenait de faire le Chabbat.
Reb ‘Haïm s’est tourné vers Rav Levi Its’hak et lui demanda de statuer sur l’affaire. Rav Levi Its’hak répondit immédiatement que la soukka détenue en commun constituait elle-même un érouv,2 transformant la cour en domaine commun et permettant à tous les habitants de la cour de transporter des objets de leurs maisons à la soukka dans la cour.
Tous les sujets présents dans la partie exotérique de la Torah se trouvent également – de manière plus rare – dans la partie ésotérique de la Torah. Comment cela s’applique-t-il à la loi ci-dessus d’une soukka servant de érouv ?
Les différences entre un Juif et un autre (et donc les différences dans leurs « domaines ») ne s’appliquent qu’en ce qui concerne leurs corps et les facultés de leurs âmes. Au niveau de leur essence et même des aspects transcendants de leurs âmes, « tous les Juifs sont vraiment frères »,3 sans rien qui les divise.
Puisque la qualité enveloppante d’une soukka relève d’un niveau transcendant4 – étant un bien commun pouvant réunir un Juif avec son semblable –, elle agit comme un érouv, mêlant un juif à son frère. Ceci est conforme à la parole de nos Sages, selon laquelle « Tous les Juifs sont dignes d’occuper la même soukka »,5 car du point de vue du niveau englobant de la soukka, tous les Juifs sont véritablement un.
Cela nécessite toutefois d’être clarifié. L’unité engendrée par la révélation d’un degré englobant résulte apparemment du fait qu’elle est si puissante qu’elle annule les divisions inhérentes au fait que les corps sont physiquement distincts.
Ici, cependant, pour qu’une soukka serve d’érouv, il ne suffit pas que les habitants de la cour cessent de penser à leurs affaires individuelles. Au contraire, la soukka agit comme un érouv parce que « l’attention d’une personne est attirée vers l’endroit où se trouve sa nourriture », et à Soukkot, tous les habitants de la cour mangent leur nourriture dans la soukka commune.6
Comment, alors, le niveau enveloppant de la soukka, et sa capacité à annuler les divisions physiques, peuvent-ils agir comme un moyen pour tous ceux qui sont à l’intérieur de devenir comme un – qui est le sens de « érouv » qui signifie « mélange » – à travers l’acte tout à fait personnel et individuel qu’est le fait de manger ?
Le verset « Vous résiderez dans des soukkot pendant sept jours »,7 nous enseigne deux choses opposées : d’une part, la limitation de sept jours indique qu’une soukka n’est qu’une habitation temporaire,8 d’autre part, nous apprenons aussi que l’on doit « habiter » dans sa soukka temporaire de la même manière que l’on habite dans sa demeure permanente.9
En termes spirituels, cela signifie ce qui suit : la soukka nous enseigne que le monde physique en lui-même n’est qu’une habitation temporaire. Pourtant, du fait que cette demeure temporaire est utilisée par le Juif à des fins permanentes et éternelles (accomplir tous ses actes matériels « pour l’amour du Ciel », pour l’accomplissement des commandements, etc.), celui-ci transforme ainsi l’habitation temporaire en habitation permanente, plus encore : en une résidence pour D.ieu Lui-même.
Ce faisant, le Juif fait descendre le niveau transcendant de la soukka jusque dans sa nourriture physique, de sorte que celle-ci sert elle-même de véhicule pour la Divinité.
L’affirmation « l’attention d’une personne est attirée vers l’endroit où se trouve sa nourriture » sera comprise en conséquence :
Ce n’est pas la matérialité de la nourriture qui attire vraiment l’attention de l’homme vers celle-ci. C’est parce qu’avec cette nourriture, la personne accomplit le commandement de la soukka, transformant ainsi la frêle soukka matérielle en un robuste édifice spirituel.
Puisque cette attitude d’employer sa nourriture dans l’accomplissement d’une mitsva émane de la spiritualité transcendante de la soukka, il s’ensuit que la soukka, l’entité qui réunit tous les Juifs, affecte également leur nourriture, de sorte que même en ce qui concerne des questions aussi terrestres que la nourriture, tous les Juifs sont un. La soukka agit donc véritablement comme un érouv.
Basé sur Likoutei Si’hot, vol. IX, pp. 91-93.
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