À cause de l'épisode de Kamtsa et Bar Kamtsa Jérusalem fut détruite

Talmud Guittin 55b

L'un des hommes influents de Jérusalem avait un ami nommé Kamtsa et un ennemi nommé Bar Kamtsa. Il organisa un jour dans sa maison une fête à laquelle furent conviés tous les grands noms, nobles, érudits éminents ou autres, que comptait la ville. Parmi les personnes à qui une invitation fut adressée se trouvait naturellement Kamtsa. Mais le serviteur chargé de la porter à son destinataire se trompa et la remit, non à Kamtsa, mais à Bar Kamtsa. Les invités étaient déjà arrivés et leur hôte allait de l'un à l'autre, ayant pour chacun un mot aimable, quand il aperçut, parmi eux, son ennemi. Il fut pris d'une violente colère et, débordant de haine, il montra du doigt la porte et cria à l'indésirable invité : « Vous, sortez de chez moi ! »

Bar Kamtsa avait été surpris de recevoir l'invitation, mais il finit par penser que son ennemi voulait faire un geste de réconciliation. Il s'était donc rendu à la fête en dépit des craintes qui subsistaient dans son cœur. Mais maintenant, à voir l'attitude si pleine de haine de son hôte, il se rendait compte – trop tard hélas ! – qu'il s'était trompé. Plus de doute possible, l'invitation lui avait été remise par erreur.

Il aurait donné n'importe quoi pour que cet outrage lui fût épargné. Il pria son ennemi de lui permettre de rester puisqu'il était déjà là et offrit de payer son repas. Devant le refus de l'autre, il offrit de payer la moitié de la dépense totale de la fête et finalement toute la dépense !

Mais le maître des lieux demeura inébranlable. Il était riche et sa haine sans mesure. Sa décision était irrévocable, le convive non invité devait immédiatement se retirer. De la nombreuse assistance, pas un n'eut un geste, ne dit un mot quand deux serviteurs empoignèrent Bar Kamtsa et le jetèrent hors de la maison.

La haine engendre la haine. Comme on l’imagine, Bar Kamtsa suffoquait de rage contre l'hôte cruel et les convives qui n'avaient pas eu ne serait-ce qu’un mot pour lui épargner un tel affront. Il ne fit pas moins que d'aller trouver l’Empereur romain Néron et dénonça les Juifs, les accusant de rébellion contre Rome.

« Offre un sacrifice pour leur Temple, et tu verras qu’ils ne l’accepteront pas », dit Bar Kamtsa à l’Empereur.

Celui-ci lui remit un veau et le chargea de l’emmener à Jérusalem pour qu’il y soit offert au Temple.

En chemin, Bar Kamtsa entailla la lèvre du veau, lui créant ainsi un défaut qui le rendait impropre à être offert sur l’autel de D.ieu (mais qui n’était pas considéré comme un défaut chez les Romains).

Une discussion eut lieu parmi les Sages du Sanhédrine. Fallait-il offrir ce sacrifice malgré tout pour se garder les bonnes grâces de l’Empereur, ou fallait-il appliquer la loi divine et le disqualifier ?

Rabbi Zekhariah ben Avkoulas dit alors : « Si nous sacrifions cette bête, les générations ultérieures diront qu’il est permis d’offrir des animaux présentant des défauts physiques. » Les Sages se résignèrent à ne pas faire le sacrifice, advienne ce qu’il advienne.

Certains dirent alors : « Ce Bar Kamtsa complote pour nous faire tous massacrer. Condamnons-le à mort et faisons-le exécuter avant qu’il ne puisse aller dire à l’Empereur que son sacrifice a été refusé. »

Mais Rabbi Zekhariah ben Avkoulas objecta à nouveau : « Si nous faisons cela, les générations ultérieures diront que la loi est que celui qui crée un défaut physique à un animal consacré est passible de mort. »

Cet incident, ajouté à d'autres, fut à l'origine de la campagne antijuive menée par les Romains. Celle-ci devait culminer avec la destruction de Jérusalem et du Saint Temple et l'exil du peuple juif de sa propre patrie.