Guérir le monde devient une idée plus attrayante d’année en année. Il en va de même de l’unité juive et de la réduction de la dispersion du peuple juif. Mais cette idée d’un Troisième Temple à Jérusalem, de l’autre côté du Mur Occidental, pourquoi cela doit-il faire partie de l’équation ? Cela semble au contraire ne pas être un bon plan pour la paix, surtout si l’on considère l’emplacement.

Pourtant, la construction du Troisième Temple n’est pas qu’un simple élément parmi d’autres du rassemblement des exilés. Elle en est la clé. D’après les sources de la tradition juive, il semble que lorsque le moment sera venu pour que l’ensemble du peuple juif retourne sur sa terre, le Temple devra d’abord être construit. Le processus ne peut pas démarrer avant cela.

il semble que lorsque le moment sera venu pour que l’ensemble du peuple juif retourne sur sa terre, le Temple devra d’abord être construit.

Bien sûr, cela ne signifie pas que l’on puisse démarrer l’ère messianique en modifiant simplement l’architecture du Mont du Temple. Réparer les symptômes n’arrête pas la cause, et la cause de notre exil est quelque chose de beaucoup plus fondamental qu’un problème d’aménagement paysager.

Lorsque D.ieu décidera que les causes sous-jacentes ont été résolues et qu’il est temps de ramener le peuple juif sur sa terre et de remettre de l’ordre dans Son monde, des changements se produiront qui nous permettront de commencer pacifiquement la construction (vous devrez Le consulter pour plus d’informations à ce sujet). Une fois que le Temple sera en place et fonctionnera, toute l’humanité sera élevée et attirée par lui, et les Juifs sortiront du bois pour revenir. Cela servira de catalyseur pour la paix dans le monde.

Talmud Berakhot 49a :

« D.ieu bâtira Jérusalem et rassemblera tous ceux d’Israël qui ont été repoussés. » (Psaumes 147,2) Rav Na’hmane interprète cette phrase comme signifiant : Quand Jérusalem sera-t-elle reconstruite ? Lorsqu’il sera temps de rassembler les exilés.

Maïmonide, Loi des Rois :

Si un roi se lève de la Maison de David, qui étudie assidûment la Torah et observe les mitsvas prescrites par la Loi Écrite et la Loi Orale, comme l’a fait David, son ancêtre ; s’il oblige tout Israël à marcher dans la voie de la Torah et à rectifier les manquements à son observance, et s’il livre les guerres de D.ieu, alors nous pouvons le considérer comme étant Machia’h.

S’il réussit dans ce qui précède, s’il construit le Temple en son endroit et s’il rassemble les membres dispersés d’Israël, il est sans aucun doute le Machia’h. Il améliorera alors le monde entier, motivant toutes les nations à servir D.ieu ensemble.

Personne ne niera qu’il s’agit là d’événements difficiles à concevoir. En 1953, un jeune étudiant de la Yeshiva University demanda au Rabbi Mena‘hem Mendel Schneerson comment le monde du 20e siècle pourrait gérer la construction d’un temple ancien avec tous les changements sociaux et tous les rituels qui accompagnent cela.

Le Rabbi expliqua patiemment que l’ère messianique n’est pas seulement un changement démographique. Il s’agit d’un saut quantique dans la façon dont les êtres humains perçoivent leur monde. Une fois que ce changement aura eu lieu, des choses qui nous semblent absurdes aujourd’hui nous paraîtront parfaitement raisonnables. Ainsi, de même que nous ne pouvons pas imaginer la paix mondiale avant qu’elle n’arrive, il en va de même pour la construction du Troisième Temple.

L’ère messianique n’est pas seulement un changement démographique. C’est un saut quantique dans la façon dont les êtres humains perçoivent leur monde.

Essayons néanmoins de nous faire une idée de ce que cela signifie : en quoi la construction du Temple de Jérusalem est-elle une condition préalable au rassemblement de tous les Juifs, et en quoi le rassemblement des exilés favorise-t-il la paix dans le monde ? Quel est le lien entre ces différents éléments ?

Au seuil entre le ciel et la terre

Une explication fournie par la pensée ‘Habad est que l’emplacement du Temple est une porte, ou une interface, entre le ciel et la terre. Le Temple lui-même, avec toutes ses pièces et ses accessoires, est une sorte de caisse de résonance ou d’amplificateur, ainsi qu’un diffuseur de ce système au reste du monde.

Cela ne devrait pas paraître nouveau. Tout est dans les mots que Jacob prononça lorsqu’il s’éveilla de son rêve où des anges montaient et descendaient d’une échelle vers les cieux :

Genèse 28,16-17 :

Oui ! D.ieu est en ce lieu et je ne le savais pas ! Comme ce lieu est impressionnant ! Ce ne peut être que la maison de D.ieu, et c’est la porte du ciel !

Jacob prit alors la pierre sur laquelle il avait dormi et la plaça comme monument, déclarant que ce serait la « maison de D.ieu ».

Pourtant, il fallut plus de sept cents ans pour que la vision de Jacob se concrétise. Le roi Salomon construisit le Temple sur cette montagne et plaça l’Arche Sainte sur ce même rocher. Une lumière spirituelle émanait de l’intérieur du Temple et vers toute la planète, attirant comme un aimant vers Jérusalem tous ceux qui avaient une quête de spiritualité. La paix régna (pour une courte période) dans le monde entier.

Les rabbins du Talmud appellent cette pierre « la pierre de fondation » parce que, disent-ils, c’est l’endroit à partir duquel l’univers fut fondé, c’est la création à partir de laquelle toute la création débuta.1

Créer l’interface entre l’espace et le non-espace

Examinons donc cela. En quoi le point initial de la création serait-il différent de tout le reste de la terre ? Qu’est-ce qui en fait la porte du ciel ?

Dans tous les domaines d’étude, les seuils – c’est-à-dire les interfaces entre deux systèmes – sont toujours ce qu’il y a de plus intéressant.

Pour un écologiste, les montagnes présentent un intérêt pour leurs forêts alpines et leur faune dont la vie s’organise verticalement. Les plaines sont intéressantes pour leurs herbes et leurs marais. Mais rien n’est aussi fascinant que le pied des montagnes, où les deux écosystèmes se rencontrent.

L’interface utilisateur est là où les hommes et leurs machines se rencontrent. Il y a aussi l’étude de la « chaoplexité » : la fascinante frontière entre l’ordre rigide et le pur aléa, où des choses comme les amibes, les traders, les rabbins de Beth ‘Habad et autres se plaisent à évoluer.

Dans la Halakha (la loi juive), il y a une abondance de débats sur le statut du crépuscule, la zone grise entre le moment où le jour s’arrête et celui où la nuit commence. Une porte est l’une des métaphores les plus courantes de la Torah : un endroit où l’on n’est ni à l’intérieur, ni au-dehors, mais qui fait partie des deux.

Et en effet, dans la Torah, D.ieu lui-même a (principalement) deux noms distincts : Havayah – que nous utilisons comme substitut au nom de D.ieu en quatre lettres qui n’est pas prononcé en dehors du Temple – et Elokim.

Elokim est le nom de D.ieu qui Le désigne en tant que force qui est derrière toutes les forces naturelles. Quand la Torah évoque la création du monde par dix paroles, elle emploie ce nom, comme dans : « Et Elokim dit : “Que la lumière soit”, et la lumière fut. » C’est donc D.ieu exprimé dans le temps et l’espace et tout ce que nous pouvons observer. D.ieu tel qu’Il est immanent.

Havayah est D.ieu tel qu’Il est au-delà de tout ce qui peut être connu. C’est un nom qui signifie « était, est et sera » en un seul mot – une perspective dans laquelle le passé, le présent et l’avenir ne font qu’un. Lorsque l’ensemble du temps est plié en un seul point, l’espace l’est aussi. Tout ce qui a été, est et sera existe pour D.ieu tel qu’Il est Havayah, comme une singularité de zéro dimension.

Où se trouve donc le seuil où les deux se rencontrent ? Partout, bien sûr. Étant deux noms du même D.ieu, chaque point de l’univers, toute la vie, toute l’activité, et même l’existence elle-même, est une dynamique de ces deux opposés à la fois.

Étant deux noms du même D.ieu, tout point de l’univers, toute vie, toute activité, voire l’existence elle-même, est une dynamique de ces deux opposés à la fois.

C’est ce qui est si fascinant dans notre univers.

Prenons la vie. Chaque être vivant est clairement défini et limité par une membrane qui le distingue de son environnement. Et que fait-il à l’intérieur de cette frontière ? Il se transcende.

Ou encore la matière et l’énergie. Des points distincts sur un plan cartésien sont transportés par des continuums d’ondes d’énergie. La matière est une limitation, l’énergie est une transcendance.

Ou encore la beauté : les choses les plus belles et les plus fascinantes de notre univers sont les occurrences dans la nature où l’ordre et le chaos fusionnent dans un équilibre parfait.

Cependant, la véritable union de ces opposés se trouve dans l’existence de chaque chose dans l’univers. Rien n’existe par soi-même, de même que rien ne se produit sans une force qui en est la cause. Cette force, c’est D.ieu, appelé Havayah, à partir duquel tout est régénéré à chaque instant à partir du néant. Le nom Havayah porte également cette signification – il peut également être lu comme un verbe causatif : « Ce qui cause l’être ».

Mais si tout avait été créé par D.ieu à travers la modalité de Havayah, nous serions tous encore repliés dans cette singularité de l’espace-temps, un peu comme l’espace-temps existe dans une équation ou dans une courbe mathématique. Pour qu’un univers de points distincts dans l’espace et le temps puisse émerger, D.ieu crée simultanément dans la modalité d’Elokim. Il dissimule Sa présence dans les limites de la nature, tout comme un auteur de fiction se dissimule dans des personnages cohérents et une intrigue crédible.

Il dissimule Sa présence dans les limites de la nature, tout comme un auteur de fiction se dissimule dans des personnages cohérents et une intrigue crédible.

On pourrait comparer cela à un jeu de guitare ou de violon : une main actionne les cordes tandis que l’autre les restreint. Ou, comme pour tout grand artiste, à un mélange étrange de créativité débridée et d’autodiscipline exaspérante. Seulement, avec D.ieu, le paradoxe est sans compromis et absolu : une créativité infinie à partir d’un néant absolu avec une retenue infinie.

Cette retenue s’exprime dans notre aveuglement face à tout ce qui dépasse les forces de la nature. Il se peut même que nous ne reconnaissions pas la force unique qui les sous-tend, à savoir Elokim. L’influence de la force transcendante de Havayah, toutefois, n’est pas seulement au-delà de notre portée – elle est entièrement en dehors de notre réalité.

Nous sommes des créatures de temps et d’espace incrémentaux. Notre perception ne peut pas enregistrer la présence d’une force qui annulerait cette réalité, même si elle nous regarde en face à chaque instant. Nous vivons donc avec l’évidence que « nous sommes » et que « les choses sont » et que rien n’existe au-delà de notre petit monde raisonnable.

Nous sommes des créatures de temps et d’espace incrémentaux. Notre perception ne peut pas enregistrer la présence d’une force qui annulerait cette réalité, même si elle nous regarde en face à chaque instant.

Et c’est là que tous les problèmes commencent. Toutes les dissonances de notre monde, tous les conflits et toutes les douleurs proviennent de notre incapacité à être en paix avec une transcendance qui forme le substrat fondamental de notre réalité.

Havayah est Elokim

De fait, le polythéisme et l’idolâtrie apparurent lorsque les hommes séparèrent ces deux manifestations du même D.ieu.

Les anciens reconnaissaient qu’il existe des forces diverses dans la nature, et ils conçurent à partir de cette compréhension un panthéon sophistiqué d’êtres divins. Ces panthéons, de l’Égypte à la Norvège, incluaient généralement un dieu originel duquel toutes les choses ont commencé. Mais cette divinité suprême demeurait à l’écart de toute la hiérarchie. Car après tout, s’impliquer dans le monde insignifiant qui a émané de son être essentiel aurait souillé sa suprématie.

C’est ainsi que Pharaon dit à Moïse : « Qui est Havayah pour que je doive écouter sa voix ? » Pharaon n’a pas nié l’existence d’un tel être, seulement l’idée qu’Il puisse s’intéresser à la politique intérieure de l’Égypte.

Abraham fut le premier à briser cette dichotomie. Il introduisit l’idée que le même D.ieu Unique qui a créé toutes choses possède également un profond intérêt pour ce qui se passe ici-bas. Jusqu’à Abraham, dit le Midrash, D.ieu était le Seigneur des cieux. Abraham fit de Lui le D.ieu du ciel et de la terre.

Abraham dit : « Vous voyez toutes ces forces de la nature ? Tous vos dieux du vent et du feu et de l’amour et de la guerre et de la fertilité et de la gaieté ? Ils ne sont rien de plus que des manifestations d’un unique être transcendant qui ne change pas et duquel proviennent toutes choses. Tout comme Il se trouve infini et immuable au niveau de l’essence qui précède toutes choses, de même se trouve-t-Il dans le monde éphémère et temporel dans lequel nous vivons. Havayah est Elokim. En vérité, il n’y a rien d’autre que Lui. »

Pourtant, même après la disparition du polythéisme dans la plupart des pays du monde, le schisme qui en est à l’origine continue de prévaloir. Le sécularisme a complètement banni la notion de transcendance, prétendant que nous vivons tous dans un monde plat fait d’atomes et d’énergie. Même ceux qui s’adonnent à la spiritualité continuent de séparer leur quête spirituelle de leurs tâches et besoins matériels. Nous luttons plus que jamais contre la notion de notre petitesse face à une puissance supérieure, consciente et intentionnelle.

Le laïcisme a banni la notion de transcendance, prétendant que nous vivons tous dans un monde plat fait d’atomes et d’énergie.

Et la responsabilité de cette situation incombe vraiment à D.ieu. Si D.ieu était considéré comme un auteur de fiction, nous dirions qu’il est le maître de l’art de la suspension de l’incrédulité. Il a créé un magnifique schéma de la nature qui semble si cohérent, si irréprochable, que ses rouages masquent même un aperçu de Sa présence derrière tout cela :

Psaumes 66,3 :

Dis à Elokim : « Que Tes œuvres sont impressionnantes ! Tu es si puissant que Tes ennemis Te renient. »

Ce qui semble signifier : Tu as si bien réussi à créer un monde solidement crédible que les gens ne croient pas que Tu existes.

Sauf à un endroit : La chambre du Saint des Saints, la chambre intérieure du temple de Salomon, l’endroit où l’arche de l’alliance a été placée sur ce rocher.

Espace et non-espace

Que se passait-il dans cet espace ? Celui-ci rencontrait le non-espace. Voici comment :

La pièce du Saint des Saints mesurait 20 coudées sur 20 coudées. L’arche était placée au centre, mesurant elle-même 2,5 coudées sur 1,5 coudée. De la paroi sud de la pièce jusqu’au côté adjacent de l’arche, on mesurait 10 coudées et la même mesure apparaissait au côté nord de la pièce, au côté est et au côté ouest.

Chaque mesure donnait 10 coudées d’un mur à l’arche. Mais si l’on mesurait d’un mur à l’autre, on obtenait 20 coudées. Qu’étaient devenues la largeur et la longueur de l’arche entre les murs ?

Le Talmud répond :

Rabbi Lévi dit : « Nous avons reçu une tradition de nos ancêtres : L’espace de l’arche n’avait pas de mesure. »2

Vous avez bien lu, comme Rachi l’explique ici : l’arche n’occupait pas d’espace.

Ou, pour être plus précis, dans le cadre de référence des dimensions de la pièce, l’arche n’occupait aucun espace. L’arche elle-même se devait de mesurer 2,5 coudées sur 1,5 coudée, parce que telles sont les dimensions prescrites par la Torah pour qu’elle soit une arche qui puisse se trouver dans cette pièce et ne pas occuper d’espace.

C’est donc cela : l’espace et le non-espace se sont rencontrés, sans que l’un n’annule l’autre. Ce qui est exactement ce que Jacob avait dit : « Havayah est dans cet endroit ! », et malgré cela, « C’est la maison d’Elokim ».

Jacob s’est retrouvé dans un lieu qui exprime l’essence de la Torah. Il s’est trouvé entre deux expressions du D.ieu unique : Havayah et Elokim. L’endroit où le ciel se termine, où la terre commence et où les deux s’embrassent.

Jacob, le petit-fils d’Abraham, fut ravi de trouver un endroit où il n’y avait aucun doute sur la sagesse de son grand-père. Il envisagea un temps où ses propres descendants construiraient une maison en ce lieu, un moyen par lequel une telle révélation pourrait être saisie et projetée dans le monde entier. Jusqu’à ce que « Nul n’enseignera à son prochain, en disant “Connais Havayah !”, parce que tous Me connaitront, du plus petit au plus grand d’entre eux, dit Havayah. »

C’est quoi, l’espace, de toute façon ?

Pourquoi le premier et le deuxième Temple n’ont-ils pas réussi à accomplir cela ? Vous pourriez répondre qu’ils ont échoué parce que les gens ont échoué. Ce n’est pas juste : si le Temple projette vraiment une si grande vérité, personne ne devrait pouvoir échouer.

La réponse se trouve à nouveau dans une compréhension plus claire de l’espace de l’arche qui n’occupait pas de place. Il y a plus d’une façon de procéder. En fait, il y en a trois : deux qui se sont déjà déroulées et une qui est encore à venir. C’est cette dernière qui est liée au rassemblement des exilés.

Pour revenir à l’espace de l’arche qui ne prenait pas d’espace, vous pourriez demander : comment l’espace peut-il demeurer au milieu d’une révélation de non-espace ? L’espace est une limitation. Lorsque toutes les limitations volent en éclats sous l’effet d’une révélation d’Havayah, l’espace devrait totalement disparaître. Autrement, ce serait comme si l’ombre devait demeurer après que toutes les lumières soient allumées.

Une réponse facile serait : « C’est un miracle. D.ieu peut tout faire. » Mais c’est une réponse de dernier recours. Nous devons d’abord voir s’il y a quelque chose que nous pouvons nous mettre sous la dent avant de déclarer que c’est hors de notre portée.

Une solution consiste à demander : « Peut-être que notre compréhension de l’espace n’est-elle pas ce qu’est réellement l’espace ? » En reconnaissant qu’il pourrait y avoir un non-espace, nous avons déjà rejeté l’impression que l’espace est une donnée absolue, quelque chose qui simplement est et doit être. Le même D.ieu qui a créé un monde limité par le temps et l’espace aurait pu créer toute autre chose. Nous autres, créatures de temps et d’espace, aurions bien du mal à imaginer pareille chose, mais ce n’est pas une absurdité.

Mais nous pourrions aller encore plus loin : l’espace est-il quelque chose de statique ? Ou bien est-ce un événement continuellement renouvelé à partir du néant ?

Si nous choisissons la deuxième option, nous pouvons alors considérer l’espace lui-même comme l’une des expressions de son Créateur. Le même D.ieu Unique qui est connu par-delà l’espace et la limitation, est également connu à travers les limitations de l’espace, mais Lui-même n’est ni l’un ni l’autre. Et le fait même que les deux peuvent coexister est une démonstration de cette idée : qu’Il n’est aucun des deux, mais qu’Il est leur origine à eux deux.

Le fait même que les deux puissent coexister, que l’espace puisse rencontrer le non-espace et qu’aucun des deux n’annule l’autre, est une démonstration de cette idée : qu’Il n’est ni l’un ni l’autre, mais plutôt l’origine au-delà de l’un et de l’autre.

En effet, les limites de l’espace et du temps ont une signification profonde. Elles forment la toile de fond d’un monde qui semble être « juste là », feignant de jouer le rôle d’une existence absolue et non contingente.

Nous prenons cette affirmation au pied de la lettre, comme si le monde pensait vraiment ce qu’il dit de lui-même. Mais lorsque le Temple sera reconstruit et que se produira ce grand changement dans la perception humaine, nous comprendrons que l’univers tout entier n’est qu’une métaphore, une parabole de son Créateur. C’est un reflet exquis de l’absolu de D.ieu, car Il est la seule entité qui soit vraiment « juste ici ».

Dans ce cas, il n’y a pas de conflit entre la transcendance et l’immanence, entre le spirituel et le matériel, entre l’âme et le corps, entre votre sens de l’admiration et votre ego. Ce sont les deux faces d’une même monnaie, les deux facettes d’un même message, les deux voix d’un même contrepoint en parfaite harmonie.

La Troisième Maison

C’est là le lien entre cet espace et Jacob, le troisième de nos patriarches : bien que le monde soit généralement un endroit binaire, il y a un troisième facteur, qui est ce qui lie et unit tous les contraires ensemble, y compris l’espace et le non-espace.

Bien que le monde soit généralement binaire, il existe un troisième facteur, qui lie et unit tous les opposés, même l’espace et le non-espace.

Havayah et Elokim ne sont, après tout, que des noms. Celui qu’ils nomment est, dans le langage du Zohar, « au-delà de tout nom, de toute lettre, ou même du point au sommet de la lettre youd ».

Dans le Premier Temple, construit par ordre et par dessein divins, le nom de Havayah était dominant. Une grande lumière brillait depuis l’au-delà et résonnait dans le Temple, diffusant un signal à l’intérieur du monde. Le monde lui-même était entièrement passif, se contentant de répondre au signal. C’était une situation précaire, et elle n’a pas duré.

Le Second Temple fut l’œuvre d’une minorité tenace revenue de son exil en Babylonie. Cette fois, c’est le nom d’Elokim qui dominait, tout en restant transparent, permettant à la lumière de Havayah de briller à travers lui.

Mais dans le Troisième Temple, les deux noms, Havayah et Elokim, seront considérés comme les deux expressions d’une singularité. La nature (générée par le nom Elokim) ne restera pas seulement transparente – elle brillera, nous éclairant d’une grande vérité qui ne peut être connue à travers la lumière transcendante de Havayah.

Jacob, après tout, n’a pas dit que « Havayah brille dans cet endroit ». Il a dit : « Cet espace est impressionnant ». Ou, comme le dit la traduction araméenne classique d’Onkelos, « Cet espace n’est pas un espace normal ».

Signification : Dans cet espace, il est évident que l’espace lui-même n’est pas ce que nous pensons qu’il est. L’espace – et donc aussi le temps – sont aussi des articulations du divin.

C’est pour cette raison que ce Troisième Temple sera éternel : non pas en raison d’une lumière venant d’au-delà du temps et descendant d’en haut, mais parce que la véritable signification du temps y sera apparente, qui est que le temps et tout ce qui se produit à l’intérieur de ses limites est essentiellement un commentaire sur ce qui transcende totalement le temps.

Le Troisième Temple n’est donc pas une grande révélation imposée d’en haut. Le monde ressentira de lui-même qu’il s’agit d’une création divine. Le troisième Temple sera construit grâce au travail et à la lutte que nous avons menés avec le monde pendant toutes ces dures années d’exil, en le purifiant par nos mitsvas et les voyages de nos âmes. Le monde entier résonnera de la voix de Jacob, disant : « L’espace et le temps sont terriblement divins ».

Six directions de retour

Que se passe-t-il lorsque ce signal est diffusé dans les six directions ? Non, ce n’est pas un aimant. Cela, c’était le Premier Temple. Avec la construction du Troisième Temple, les six directions du monde seront elles-mêmes transformées, et elles-mêmes renverront les âmes d’Israël.

Isaïe 43,5-6 :

Ne crains pas, Jacob. De l’Orient, Je ramènerai ta descendance, et de l’Occident, Je te rassemblerai. Je dirai au Nord : « Rendez ! » et au Sud : « Ne retenez pas ! ». « Faites venir Mes fils de loin et Mes filles des extrémités de la terre ! »

Metsoudot David (commentaire classique) :

D.ieu ordonne à toutes les directions du monde de ramener Ses enfants.

Il n’y aura pas besoin de conflit, de campagnes ou de propagande. Il s’agira d’une seule et même chose : la construction du Temple sera une guérison pour le monde. Lorsqu’un organisme est guéri, il reprend sa fonction ; lorsque le monde est guéri, le monde agit de la même manière. Il est dit : « Ces âmes ont accompli le travail pour lequel elles ont été envoyées. Avec 2000 ans de mitsva, elles ont préparé chaque coin du monde pour ce moment. Elles doivent maintenant revenir. »

Et le monde entrera dans l’état pour lequel il a été créé depuis son origine. Puissions-nous voir le Temple reconstruit à Jérusalem plus tôt que nous ne pouvons l’imaginer.

Basé sur le Maamar Gadol Yihyeh 5722.