Le prophète ‘Habakouk vécut à l’époque de l’exil du roi Yekhoniah, exil qui précéda de douze ans la destruction du Premier Beth Hamikdache survenue en l’an 3338 après la Création. Il avait succédé à Na’houm comme prophète en l’an 3254, et devint un maillon de la longue « chaîne de tradition » qui remonte à Moché Rabbénou.
Sa principale prophétie fut dirigée contre les royaumes de Babylone, de Perse et de Médie, qui devaient se développer plus tard, et, devenus de très grandes puissances, conquérir le Pays d’Israël et le reste de l’Ancien Monde. ‘Habakouk possédait plusieurs domaines qu’il avait hérités en Terre Sainte, où il demeura même après l’Exil.
Une fois, alors que les travailleurs, leur journée aux champs terminée, étaient réunis autour de leur repas du soir, la voix de D.ieu parvint au prophète, lui enjoignant de prendre une partie du dîner et de le porter à Daniel qui avait été jeté dans la fosse aux lions à Babylone.
‘Habakouk se demandait comment il pourrait matériellement obéir à cet ordre et rejoindre Daniel dans cette ville distante de plusieurs centaines de kilomètres. Mais juste à ce moment, mettant fin à sa perplexité, un ange le saisit par les cheveux et l’éleva dans les airs ; un instant après, il l’avait transporté jusqu’à la fosse aux lions où avait été jeté Daniel.
Imaginez cette scène : des lions affamés tournant sans les toucher autour des deux prophètes qui, pendant ce temps, se sont installés confortablement et se régalent, sans la moindre inquiétude, du repas apporté par ‘Habakouk. Ils louèrent D.ieu tous deux pour les merveilleux miracles qu’il avait accomplis pour leur venir en aide. Au cours de ce repas, Daniel raconta à son visiteur sa vie au palais royal de Babylone, et les événements qui aboutirent à la fosse où il fut jeté en pâture aux lions :
– Quand Darius, roi des Mèdes, commença Daniel, me nomma son conseiller – fonction que j’avais remplie auprès des rois babyloniens avant lui –, les courtisans en conçurent une grande jalousie ; d’autant plus que par cette promotion, le souverain non seulement me conférait puissance et honneurs, mais aussi marquait de façon manifeste un grand respect pour ma foi. Ils cherchèrent donc par tous les moyens à me discréditer auprès de lui.
Il leur était difficile d’inventer de toutes pièces des crimes que je n’avais pas commis. Il leur fallut donc autre chose. Et voici ce qu’ils trouvèrent. Ils persuadèrent le roi de faire cette proclamation : tous les citoyens devront reconnaître le souverain comme leur « dieu », et, pour une période de trente jours, nul ne sera autorisé à demander une faveur ou adresser une prière à quiconque, sauf au roi lui-même.
En flagrant délit
J’étais conscient, poursuivit Daniel, du grand danger qu’un tel ordre me faisait courir. Je n’en continuais pas moins à prier D.ieu trois fois par jour – à Cha’harit, Min’ha et Maariv – comme par le passé. Mes ennemis me surveillaient ; ils me prirent « en flagrant délit ». C’était pour eux le crime. Ils demandèrent au roi de m’infliger le châtiment prévu pour cette violation du décret royal, c’est-à-dire d’être jeté dans une fosse au milieu de lions affamés qui me dévoreraient.
Le roi, convaincu de mon innocence, et conscient du fait qu’il n’entrait dans mon attitude nulle velléité de rébellion, essaya de persuader ses courtisans à renoncer à un châtiment si cruel. Ce fut en vain. Ils invoquèrent le décret qu’il avait pris lui-même. Il m’en fit part, et ne cacha pas la détresse où cette situation le plongeait, car il était pris au piège de sa propre décision. Il ne pouvait qu’assister impuissant au déroulement des événements qu’il avait, sans le vouloir, déclenchés lui-même.
Je devais donc être jeté dans la fosse aux lions. Sur les parois de cette fosse aucune issue. On prit même soin après m’y avoir introduit de poser par-dessus, en guise de toit, un lourd couvercle sur lequel fut apposé le sceau royal. Aucune évasion n’était possible.
Tandis qu’on me descendait lentement dans ce trou terrifiant, je demandai à D.ieu de me sauver des bêtes rugissantes ; ainsi Il montrerait aux païens que le Maître de l’Univers adoré par les Juifs est le seul vrai D.ieu. Le Tout-Puissant agréa ma prière, et je fus alors témoin d’un miracle extraordinaire : au lieu de se jeter sur moi et me mettre en pièces, les rois de la jungle s’agenouillèrent devant moi, et avec beaucoup de douceur se couchèrent à mes pieds comme des chiens fidèles aux pieds de leur maître.
Peu après, ‘Habakouk prit congé de Daniel. Un ange le ramena vers ses domaines au Pays d’Israël de la même manière qu’il avait été transporté à Babylone.
Plus tard, ‘Habakouk apprit, comme le reste du monde, le merveilleux « Kiddouch Hachem » (Sanctification du Nom de D.ieu) réalisé par Daniel, quand Darius et sa cour découvrirent que le prophète juif était indemne, un miracle du Tout-Puissant l’ayant protégé d’une mort certaine. Les ennemis de Daniel furent alors à leur tour jetés dans la fosse aux lions où ils eurent le châtiment qu’ils méritaient. Et Daniel, rétabli dans ses hautes fonctions, continua à jouer son rôle bienfaisant pour le roi et pour son peuple.
À cette époque, la situation des érudits qui se consacraient à l’étude de la Torah devint précaire. Mais grâce aux prières et à l’aide du prophète ‘Habakouk, elle s’améliora considérablement.
Les prophéties de ce dernier sont consignées dans le livre qui porte son nom. Ce livre est le huitième des Douze Prophètes dans la Bible. Et c’est de ce livre qu’est tirée la Haftara du second jour de Chavouot.
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