Les deux frères, les célèbres Rabbi Elimelekh de Lizensk et Rabbi Zousha de Anipoli, voyageaient souvent ensemble, se faisant passer pour de simples mendiants. Ils se mêlaient aux masses et écoutaient, enseignaient, parlaient, aidaient et guidaient autant qu’ils le pouvaient.
Une fois, alors qu’ils étaient en voyage avec un groupe de vagabonds, certains membres du groupe furent accusés d’être des voleurs, ce qui entraîna que toute la troupe fut jetée en prison. Se sachant innocents, et donc confiants en leur prochaine libération, les deux frères étaient assis tranquillement. La journée étant bien avancée, Rabbi Elimelekh se leva pour se préparer à la prière de l’après-midi.
– Que fais-tu donc ? lui demanda à son frère.
– Je me prépare à faire Min’ha, répondit Rabbi Elimelekh.
Le même D.ieu qui t’a ordonné de prier t’a aussi commandé de ne pas prier lorsque la pièce est impropre à la prière– Mon cher frère, dit Rabbi Zousha, il est interdit de prier dans cette cellule, car il s’y trouve un seau qui sert de toilettes, ce qui la rend impropre à la prière.
Découragé, le saint Rabbi Elimelekh se rassit.
Peu après, Rabbi Elimelekh se mit à pleurer. « Pourquoi pleures-tu ? demanda Rabbi Zousha. Est-ce parce que tu ne peux pas prier ? » Reb Elimelekh répondit par l’affirmative.
– Mais pourquoi pleurer ?, continua Rabbi Zousha. Ne sais-tu pas que le même D.ieu qui t’a ordonné de prier, t’a aussi commandé de ne pas prier lorsque la pièce est impropre à la prière ? En t’abstenant de prier dans ce lieu, tu t’es connecté avec D.ieu. Certes, ce n’est pas la connexion que tu avais recherchée, mais si ce que tu recherches est de t’attacher à D.ieu, alors tu dois être heureux qu’Il t’ait donné l’occasion d’obéir à Sa loi en ce moment, quelle que soit sa forme.
– Mais tu as raison, mon frère ! s’exclama Rabbi Elimelekh, redevenu souriant. La mélancolie désormais chassée de son cœur et de son esprit, Rabbi Elimelekh prit le bras de son frère et se mit à danser de joie pour avoir eu la possibilité d’accomplir la mitsva de ne pas prier dans un endroit inapproprié.
Les gardes entendirent le vacarme et accoururent. À la vue des deux frères qui dansaient – avec leurs longues barbes et leurs tsitsit virevoltants –, les gardiens demandèrent aux autres prisonniers ce qui était arrivé. « Nous n’en avons aucune idée ! répondirent ceux-ci, aussi perplexes que leurs geôliers. Ces deux Juifs discutaient au sujet du seau dans le coin lorsque, tout d’un coup, ils sont parvenus à une conclusion heureuse et ont commencé à danser. »
« Est-ce vrai ? ricanèrent les gardes. Ils sont contents à cause du seau, c’est bien cela ? Ils vont voir ce qu’ils vont voir ! » Et ils retirèrent aussitôt le seau de la cellule.
Les saints frères prièrent alors Min’ha tranquillement...
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