Vivre c’est se souvenir
Le deuil n’est pas vécu de la même manière par tous. Certains s’abstiennent d’évoquer leurs souvenirs d’un être cher parce que c’est trop douloureux pour eux. D’autres s’efforcent au contraire de préserver les souvenirs, parce que les perdre signifierait perdre ce que le passé leur a offert.
Le peuple juif a subi une perte collective lorsque le deuxième Temple fut détruit. Certains dans le monde juif résolurent de poursuivre une existence de diaspora. « Qui a besoin du Temple ? demandent-ils. Nous avons la Torah, nos prières et nos bonnes actions, et nous nous en sortons très bien sans Temple. »
Le deuil n’est pas vécu de la même manière par tousMais en vérité, le judaïsme que nous connaissons aujourd’hui n’est que l’ombre de ce qu’il fut jadis. Nous espérons ardemment la reconstruction du Temple pour pouvoir accomplir toutes les mitsvot qui s’appliquent seulement lorsqu’il existe. Toutefois, la mémoire du Temple en elle-même peut déjà améliorer notre pratique, sanctifier nos foyers et approfondir notre relation avec D.ieu.
« Faites pour Moi un sanctuaire et Je demeurerai en vous » dit D.ieu au peuple juif. Chaque maison juive, et chaque personne juive, peut devenir un « petit sanctuaire ». Et de fait, chacun des cinq principaux composants du service du Temple a une contrepartie dans nos maisons et dans nos cœurs.
L’Arche Sainte
L’arche résidait dans le sanctuaire le plus intérieur du Temple : le Saint des Saints dont l’accès était interdit à tous sauf au grand prêtre. Il abritait les Tables de la Loi, les seuls objets physiques à avoir été directement reçus de D.ieu. Enfermées dans l’arche à l’abri des regards indiscrets, les Tables représentaient notre lien le plus intime avec D.ieu.
Dans notre temple domestique, l’arche représente l’intimité et notre saint des saints est la chambre à coucher. C’est le sanctuaire intérieur d’un mariage, un endroit auquel personne d’autre que le mari et la femme ne doit accéder. Quand ce lieu est traité avec le respect approprié, il devient le berceau de leur relation qui est le fondement sur lequel repose la famille.
Dans notre service divin, l’arche est la Torah, la sagesse et la volonté de D.ieu. Lorsque nous étudions la Torah, nous unissons notre intellect au sien dans l’union parfaite de l’esprit humain et de la pensée divine, du cœur humain et de la volonté divine. Elle est le centre de notre religion, l’âme de notre connexion.
La Ménorah
La ménorah faisait rayonner la sainteté et la lumière du Temple dans le monde entier. Sa lumière physique représentait la lumière spirituelle de la présence divine.
La ménorah faisait rayonner la sainteté du TempleLa ménorah de notre maison est le rayonnement chaleureux de l’amour dans lequel baignent la famille et son environnement. Elle est perceptible dans notre manière d’être les uns avec les autres au sein de la famille ainsi qu’avec nos voisins et nos amis. Si notre ménorah est bien allumée, tous voudront faire partie de notre cercle de lumière, et cette lumière continuera à briller à travers nos enfants.
Dans la religion, la ménorah correspond à nos bonnes actions. Si la Torah est le cœur de notre foi, nos bonnes actions en sont l’expression dans le monde. La sainteté qui nous imprègne dans l’étude de la Torah rayonne vers l’extérieur lorsque nos actions reflètent ce que nous avons appris.
L’Autel intérieur
L’autel intérieur servait à l’offrande de l’encens. Il était allumé une fois par jour, mais ses effets étaient durables. Le parfum de l’encens s’imprégnait dans les murs du Temple et, de là, dans l’âme de la nation. Il représentait le plaisir que nous prenons en D.ieu et celui que D.ieu prend en nous.
Dans notre temple domestique, l’autel intérieur est l’amour tendre qui fait de la vie quotidienne un plaisir. Cet amour n’est pas intrépide et passionné. Il est subtil et doux, mais sa présence imprègne la maison et donne le ton pour toute la famille. Ce peut être un geste d’amour ou un regard tendre échangé lors de routines qui, autrement, seraient fastidieuses. Il fait d’une relation, un mariage et d’un mariage, un délice.
Dans la religion, c’est la prière, un moment de rapprochement et de délectation. Lorsque l’on entame sa prière avec un esprit détendu et le cœur joyeux, celle-ci devient une expérience d’union merveilleuse. La prière produit un délicieux parfum spirituel qui nous accompagne toute la journée et élève tout ce que nous faisons.
L’Autel extérieur
L’autel extérieur se trouvait dans la cour. Ses flammes rugissantes s’élevaient vers les cieux, libérant des torrents d’énergie et de chaleur. C’est sur cet autel qu’étaient offerts les sacrifices, cimentant notre relation avec D.ieu.
Le mariage implique le compromis et les sacrifices,Si l’encens est le plus grand plaisir de notre mariage, les sacrifices sur l’autel extérieur en sont le creuset. Le feu effectue deux choses : il fond et il forge. La joie intérieure fait fondre le cœur, mais la flamme extérieure forge notre engagement. Le mariage implique le compromis et les sacrifices, mais le creuset de l’amour transforme le fardeau du sacrifice en un cadeau donné avec plaisir.
Dans notre service personnel, l’autel extérieur représente les sacrifices que nous faisons pour D.ieu. Sacrifier nos désirs personnels peut mener au ressentiment, à moins que nous attisions les flammes de notre amour. Quand nous contemplons la magnificence, la largesse et l’amour de D.ieu pour nous, ceux-ci éveillent notre amour envers Lui. Portés par l’amour, nous considérons nos offrandes comme un honneur et notre relation comme un privilège.
La Table des Pains de Proposition
Enfin, il y avait dans le Temple une table pour les « pains de proposition ». Douze pains étaient cuits chaque semaine et disposés sur cette table comme offrande. Chaque Chabbat, de nouveaux pains étaient placés sur la table et les anciens étaient distribués aux prêtres.
Dans notre temple domestique, la table est représentée par la cuisine et l’espace où sont pris les repas familiaux. La cuisine est le cœur de la maison où les membres de la famille se réunissent quotidiennement pour passer du temps ensemble, échanger des idées et des rires et se nourrir physiquement et émotionnellement.
Notre « table des pains de proposition » personnelle, ce sont nos repas de Chabbat et des jours de fête tels que les Séders de Pessa’h, les dîners de Chabbat et les joyeux repas dans la soukah. À la table de fête, notre service spirituel raffiné trouve son expression dans les plaisirs corporels du manger et du boire, dans la conversation plaisante et le lien familial.
Pourtant, d’un certain point de vue, ces repas constituent la forme la plus élevée du service divin. Le judaïsme ne prône pas l’ascétisme, mais nous enjoints de mettre notre plaisir physique au service d’un but supérieur. La table est l’endroit où le judaïsme prend vie, et cela est particulièrement vrai lorsque nous invitons ceux qui sont dans le besoin à partager notre célébration.
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