Voilà la situation impossible dans laquelle Il nous a placés : le paradoxe de l’indignation.
Nous avons la foi que, à la base même de la réalité, il y a un D.ieu qui est foncièrement bon et qui prodigue à chaque créature selon ses besoins, qui guide chacun sur le droit chemin et qui punit le mal et récompense le bien de manière juste et équitable. Malgré cela, jour après jour, il nous arrive d’être indignés, parce que ce que nous vivons bafoue totalement cette croyance.
Cependant, si nous devions abandonner l’un des pôles de ce paradoxe, il eut encore été préférable de n’avoir pas du tout existé. En effet, si nous devenons indifférents au mal et à la souffrance parce que nous trouverons des justifications à la Conduite Divine ou, plus simplement, si nous faisons l’autruche, alors pour quelle raison aurons-nous été placés dans un monde pareil ? Pour le laisser dans le triste état dans lequel nous l’avons trouvé ? Et quelle sorte de D.ieu aurons-nous inventé avec nos justifications ?
Mais, d’un autre côté, si nous devions abandonner notre D.ieu en concluant qu’« il n’y a pas de Juge Suprême et donc pas de justice », alors quelle valeur notre vie peut-elle avoir ? Quelle valeur n’importe quelle vie peut-elle avoir ? Et, partant, quelle est le sens de notre indignation ?...
Tel est le drame que D.ieu a mis en scène et qui échappe à toute forme de logique. Un drame qui repose sur la terrible tension du paradoxe.
Il a été demandé au Baal Chem Tov : « Le Talmud nous dit que, pour chaque chose que D.ieu a interdit, Il nous a donné quelque chose de permis qui lui ressemble. Il nous a interdit de consommer du sang et autorisé de manger du foie. Il a interdit le mélange de lait et de viande et nous a permis le pis de la vache. S’il en est ainsi, qu’a-t-Il donc permis qui corresponde au péché d’hérésie, d’abjurer sa foi ? »
Le Baal Chem Tov répondit : « La bienfaisance. »
Car, lorsque vous voyez quelqu’un qui souffre, vous ne dites pas « D.ieu dirige l’univers. D.ieu s’en chargera. D.ieu sait ce qui est bon. » Vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour soulager cette souffrance, comme si il n’y avait pas de D.ieu. Vous devenez un « hérétique », au nom de D.ieu.
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