Le monde fut créé par Dix Paroles. La Torah a voulu nous enseigner par là que bien que tout aurait pu être créé par une seule parole divine, l’Eternel voulut prononcer dix paroles...

(Chapitre 5:1)

Pourtant, si le monde avait été créé par une seule parole, la nature de la Création aurait été fondamentalement différente. Cette expression aurait effectivement créé un monde matériel, mais celui-ci n’aurait pas pu laisser apparaître les différentes identités des créatures. Car toutes les créatures n’auraient été, alors, qu’un reflet d’une unique parole primordiale qui ne serait que l’expression de l’unicité du Créateur.

En créant le monde en dix paroles, D.ieu permit à chaque créature d’assumer une identité qui lui est propre. Ces dix paroles traduisent les différentes facettes des dix Séfirot, laissant la place aux éventuelles combinaisons multiples de la Création. Ainsi, c’est un monde capable de voiler Son propre Créateur qui vit le jour.

Cependant, l’homme a le moyen – grâce à la Torah qui fut aussi donnée en Dix Paroles – de révéler que D.ieu est Un dans sa Création, pas seulement dans une perspective de transcendance – « une parole » –, mais aussi dans les dimensions de l’immanence – « dix paroles ».

Sefer HaSi’hot 5740


Il y eut dix générations d’Adam à Noé. Ceci pour nous indiquer combien D.ieu est indulgent. Car toutes ces générations avaient excité la colère de D.ieu jusqu’au moment où Il leur envoya le déluge.

Il y a eu dix générations de Noé à Abraham. Ceci pour nous indiquer combien D.ieu est indulgent. Car toutes ces générations avaient excité la colère de D.ieu jusqu’au moment où apparut Abraham notre père, et il reçut la récompense réservée aux autres.

(Chapitre 5:2)

La Michna ne dit pas que Noé reçut la récompense qui était réservée aux générations l’ayant précédé alors qu’Abraham en profita. Ceci pour deux raisons :

Les hommes qui précédèrent Noé n’avaient aucune qualité, ils vivaient dans le conflit et la discorde. Ils n’avaient donc aucun mérite et cela causa le déluge. Par contre, ceux qui ont précédé Abraham, malgré leur mauvaise conduite (« ils avaient excité la colère de D.ieu ») avaient au moins la vertu d’être unis et de s’entendre. C’est pourquoi une récompense leur fut initialement réservée et c’est Abraham qui en bénéficia.

Noé ne cherchait pas à influencer ses contemporains. Abraham s’employa en revanche à transmettre à l’humanité entière le message du monothéisme. Étant donc tourné vers les autres, il mérita la récompense qui leur était réservée.

Extrait de Likoutei Si’hot vol. 3


Notre Patriarche Abraham fut soumis à dix épreuves qu’il surmonta ; ceci nous montre combien son amour pour D.ieu était grand.

(Chapitre 5:3)

Le nombre dix fait référence aux dix différents aspects de notre personne. Ainsi, Abraham exprima sa dévotion à travers les diverses facettes de sa personnalité.

D.ieu éprouva Abraham afin de démontrer que son amour pour Lui était grand et intègre. Aussi, Abraham mit-il en action tout son potentiel caché.

Ici, Abraham est appelé le Patriarche, car il fit hériter à chaque membre du peuple juif son caractère. Son héritage spirituel renforce chacun de nous et nous aide à faire face aux défis de notre existence.

Chabbat ‘Houkat 5737


D.ieu fit dix miracles en faveur de nos ancêtres en Égypte.

(Chapitre 5:4)

Quelle leçon pouvons-nous tirer de cette affirmation ?

Le fait que D.ieu produisit des miracles pour les Juifs, alors qu’ils étaient en Égypte, révéla au peuple sa véritable identité. Ces miracles leur firent prendre conscience – alors qu’ils étaient encore en exil – qu’ils étaient les serviteurs de D.ieu et non les esclaves des Égyptiens.

Cela est vrai aujourd’hui aussi. Malgré l’exil, nous sommes les serviteurs de D.ieu et nous ne sommes soumis à aucune autre puissance. Notre engagement pour Lui doit être sans limite. Parallèlement aux miracles qui dépassent l’ordre naturel, notre engagement doit s’élever au-delà des contraintes matérielles.

Chabbat Parachat Nitsavim 5738


Dix miracles se produisaient en faveur de nos ancêtres au Temple...

(Chapitre 5:5)

Pirkei Avot est un traité du Talmud, ce n’est donc pas un livre d’histoire. Le traité des Maximes de nos Pères a pour objet – selon le Talmud – de nous enseigner la voix de milé dé’hassidoutha, une conduite pieuse. Ces textes inspirent les hommes et les aident à dépasser les limites de la loi.

Or, cette Michna se borne, a priori, à nous donner des informations sur des événements datant de l’époque du Temple. Quel enseignement pouvons-nous apprendre de ce texte ? 

Nos Sages veulent, ici, souligner l’extrême amour que D.ieu porte à Son peuple. Cette prise de conscience devrait nous inspirer à nous appliquer dans le service de D.ieu. D’ailleurs, en faisant ressortir la singularité du Temple, la Michna éveille notre désir ardent de voir ces miracles se reproduire et nous incite à nous engager dans des actes qui hâteraient la venue de Machia’h et la reconstruction du Beth Hamikdache.

Chabbat Béhar Bé’houkotaï 5731


Dix choses furent créées la veille du Chabbat – sixième jour de la Création – au crépuscule... les inscriptions sur les Tables et les Tables.

(Chapitre 5:6)

Les Tables de la Loi symbolisent le lien le plus profond qui existe entre l’homme et la Torah, car le texte des Dix Commandements était gravé à même la pierre.

La Torah se présente à nous sous deux formes :

  • Les rouleaux de la Torah.
  • Les Tables de la loi.

Le texte des rouleaux est écrit avec de l’encre sur un parchemin. Les mots ainsi retranscrits ne constitueront jamais une partie intégrante du support, du parchemin. Dans le cas des Tables, le texte gravé de la Torah et la pierre sont inséparables.

Les Tables illustrent l’état dans lequel l’homme est totalement uni avec la Torah. A ce niveau, la personne ne perçoit pas la Torah comme une entité séparée de lui-même, comme un texte qu’il doit s’efforcer d’étudier, comme des lois auxquelles il est astreint, mais plutôt comme une partie de son être. La Torah et l’homme ne forment alors qu’un seul tout.

La Michna indique que l’inscription des Tables fut créée la veille du Chabbat au crépuscule. Or, il se trouve que nous sommes précisément, nous aussi, dans une période comparable à vendredi après-midi, puisque nous sommes à la veille de la Délivrance messianique, « le jour du Chabbat éternel. »

Cette atmosphère d’unité régnera à l’époque messianique, mais nous pouvons anticiper sa réalisation en vivant dès aujourd’hui dans cet esprit.

Chabbat Nitsavim Vayélekh 5742


Dix choses furent créées la veille du Chabbat – sixième jour de la Création – au crépuscule... et la tenaille fut elle-même façonnée par une tenaille.

(Chapitre 5:9)

Dans ce texte, « la tenaille » fait référence à la capacité de l’homme à changer et à façonner son environnement. La Michna nous signifie que ce pouvoir et ce potentiel sont des cadeaux que D.ieu a faits à l’homme.

La tenaille  fut créée le vendredi au crépuscule ; c’est donc la dernière création qui eut lieu. Nos Sages veulent nous indiquer par cet enseignement que l’effort produit par l’homme est le but ultime de la création, car ce sont précisément ses œuvres qui portent l’existence à la perfection.

Sefer HaSi’hoth 5748


Il existe quatre caractères chez les hommes :

Celui qui dit « Ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi » est un ignorant.

Lorsque l’on dit « Ce qui est à moi est à moi, et ce qui est à toi est à toi », c’est la mesure moyenne…

Celui qui dit « Ce qui est à toi est à toi, et ce qui est moi est à toi » est un ‘hassid – un homme pieux.

Celui qui dit « Ce qui est à toi est à moi, et ce qui est à moi est à moi » est un racha – un méchant.

(Chapitre 5:10)

Celui qui dit « Ce qui est à toi est à toi, et ce qui est moi est à toi » est un ‘hassid – un homme pieux. Ce texte parle de celui qui n’aurait que très peu de moyens. Néanmoins, lorsqu’il donne le peu qu’il a, il réconforte le pauvre en lui expliquant qu’en fait les biens qu’il possède lui appartiennent autant qu’à lui-même.

Cette attitude altruiste suffit pour que cet homme soit qualifié de ‘hassid – pieux.

Celui qui dit « Ce qui est à toi est à moi, et ce qui est à moi est à moi » est un racha – un méchant. Partant du principe selon lequel Pirkei Avot est un traité où sont énoncés des enseignements permettant d’atteindre midath ha’hassidout – la piété s’inscrivant dans ce qui dépasse la lettre de la loi –, nous devons dire que tous les quatre personnages de notre Michna donnent la Tsédaka. Ce qui les différencie c’est la manière, l’esprit, avec lequel ils la donnent.

Aussi, le racha – le méchant – cité ici, n’est pas un homme qui refuse de donner, mais plutôt celui qui donne en pensant – et en faisant sentir au pauvre – que « ce qui est à toi est à moi », voulant dire ainsi que « cet argent, c’est le mien ». Ceci contribue, certainement, à mettre mal à l’aise le pauvre. Or, dans la vision de la Torah, l’argent que nous donnons au pauvre n’est qu’un dépôt de D.ieu. C’est pourquoi, dans l’esprit de Pirkei Avot, cet homme est qualifié de racha.

Chabbat Rééh 5739


Yéhouda ben Téma disait : ... Que soit Ta volonté, Eternel notre D.ieu et D.ieu de nos ancêtres, que soit reconstruit le Temple, promptement et de nos jours, et donne-nous notre part dans Ta Torah.

(Chapitre 5:20)

Les deux parties de cette requête sont liées : aujourd’hui, la plupart de nos efforts sont consacrés à nos besoins matériels. Mais, dans l’Ère Messianique, lorsque le Beth-Hamikdach sera reconstruit, nous pourrons alors réserver toute notre énergie à l’étude de la Torah.

Chabbat Reéh 5741


Il disait : à cinq ans, l’étude de la Loi Écrite ; à dix ans, celle de la Michna ; à treize ans, il atteint l’âge de maturité pour la pratique des mitsvot...

(Chapitre 5:22)

Cette Michna se situe – comme le reste de Pirkei Avot – dans une perspective de lifnim méchourath hadine – au-delà de ce qui est requis dans la lettre de la loi. En effet, selon la loi juive, l’homme n’est pleinement responsable de pratiquer les mitsvot qu’à partir du moment où il manifeste des signes de puberté ; mais Ben Bag Bag nous enseigne ici que, dans la perspective de Pirkei Avot, il suffit simplement d’atteindre l’âge de treize ans (même si la puberté n’est pas encore atteinte) pour prendre des responsabilités adultes.

Biourim LéPirkei Avot

L’enfant passe au stade adulte à l’âge de treize ans. Il existe dans nos écrits deux références possibles à cet enseignement :

1. Nous apprenons ce principe du verset (Genèse 34, 25) : « Les deux fils de Jacob, Simon et Lévi, prirent, chaque homme, son épée... » Selon nos Sages, le plus jeune d’entre eux avait alors treize ans et le verset les appelle « hommes ». Ils étaient donc considérés matures et responsables. Ainsi, cela parait procéder d’un phénomène naturel : à treize ans, on devient mature intellectuellement.

2. Ceci n’a rien à voir avec un phénomène naturel. Ceci fait partie des définitions données à Moïse sur le Mont Sinaï.

Ces deux avis reflètent, en fait, deux démarches différentes dans l’engagement religieux de la personne. Selon le premier avis où la pratique dépend d’une certaine maturité, le point de départ de l’engagement se trouve donc conditionné par la raison ; il s’agirait alors d’une démarche rationnelle. Selon le second avis où seul un principe Divin – révélé sur le Mont Sinaï – détermine le statut particulier du Bar mitsva, la pratique dépasse alors la raison. Le point de départ d’une telle démarche est l’engagement supra-rationnel, l’acceptation inconditionnelle du joug divin.

Néanmoins, même selon le premier avis, le service de D.ieu est lié avec le don de soi. D’ailleurs, ce principe prend son inspiration du verset « Simon et Lévi prirent, chaque homme, son épée... » qui évoque l’abnégation des fils de Jacob. Selon cette perspective, l’engagement spirituel de l’homme doit, certes, se traduire dans une démarche intellectuelle, mais il doit s’ériger sur une base, une fondation immuable, qui dépasse la raison.

Extrait de Likoutei Si’hot vol. 15