« Dix miracles se produisaient pour nos ancêtres dans le Temple... jamais un serpent ni un scorpion ne sévirent à Jérusalem. » (Avot 5:5)

Bien que ceci fût vrai dans l’ensemble de Jérusalem, l’auteur de la Michna considère cela comme l’un des dix miracles qui avaient lieu dans le Temple. L’objet de ce miracle était en effet que la joie des Fêtes – liée à l’offrande de sacrifices dans le Temple – ne soit pas amoindrie.

Quand la crainte de D.ieu d’une personne est complète, elle ne peut pas être attirée et enflammée par les choses matérielles

Le pèlerinage à Jérusalem et au Temple s’accompagnait d’une grande joie, comme l’exprime le verset « וְשָׂמַחְתָּ בְּחַגֶּךָ – Tu te réjouiras dans ta fête » (Deutéronome 16,14). Nos Sages expliquent que la consommation de la viande des « sacrifices de paix » jouait un rôle essentiel dans cette joie. Si les participants étaient blessés par des serpents et des scorpions, leur joie aurait été fortement diminuée. Pour éviter que cela ne se produise, ce miracle avait lieu.

Le miracle n’était pas pour autant qu’il ne se trouve pas de scorpions ou de serpents à Jérusalem. Au contraire, ceux-ci continuaient à occuper leurs habitats habituels, et même à nuire aux animaux, mais ils ne s’attaquaient pas aux Juifs.

1. Pour empêcher les animaux sauvages de nuire aux gens, il suffisait aux sentinelles de la ville de fermer les portes des murailles de Jérusalem. De la même manière, les habitants pouvaient se protéger des créatures volantes nuisibles en fermant leurs fenêtres.

2. En revanche, pour empêcher les serpents et les scorpions d’exister à Jérusalem, il fallait un grand miracle. Toutefois, le Saint béni soit-Il ne fait pas de miracles pour rien. Pour éviter que la joie des Fêtes ne soit affectée, il suffisait de faire miraculeusement en sorte que les serpents et les scorpions ne fassent pas de mal, même s’ils continuaient d’exister.

Les serpents et les scorpions dans l’âme :

Les lettres du mot « Jérusalem », en hébreu « Yeroushalayim », font allusion à « une crainte parfaite (de D.ieu) », en hébreu : « Yira Shelema ». Le poison d’un serpent tend à provoquer une forte fièvre, alors que celui d’un scorpion fait chuter la température d’une personne de sorte qu’elle ressente un grand froid.

Jérusalem lie et unit tout le peuple juif...

« Jamais un serpent ni un scorpion ne sévirent à Jérusalem » : quand la crainte de D.ieu d’une personne est complète, celle-ci ne peut pas être attirée et enflammée par les choses matérielles (le poison du serpent), ni refroidie dans les choses spirituelles (le poison du scorpion).

Sur le verset : « יְרוּשָׁלִַם הַבְּנוּיָה כְּעִיר שֶׁחֻבְּרָה לָּהּ יַחְדָּו – Jérusalem ! Bâtie comme une ville où tous se rassemblent » (Psaumes 122, 3), nos Sages commentent que Jérusalem lie et unit tout le peuple juif, alors que le verset déclare du serpent : « וְאֵיבָה אָשִׁית בֵּינְךָ וּבֵין הָאִשָּׁה – Je ferai régner la haine entre toi et la femme » (Genèse 3,15), suggérant qu’un serpent symbolise la dissension et la haine.

« Jamais un serpent ni un scorpion ne sévirent à Jérusalem » : à Jérusalem qui unifie le peuple juif, il n’y avait pas de place pour les conflits haineux, symbolisés par le poison chaud du serpent, ni pour la séparation entre les hommes issue de la froideur et du détachement, symbolisés par le poison froid du scorpion.

[Adapté de Si’hat ‘Houkat-Balak 5736 ; Biourim lePirkei Avot, p. 145-147, traduit de l’anthologie d’Eliyahou Touger, « Pirkei Avos in the Light of Chassidus »]