Dans le « Décompte des Mitsvot » qu’il établit au début de son Michné Torah, le Rambam déclare : « Le premier des commandements positifs est de connaître D.ieu, comme il est dit1 : “Je suis l’Éternel ton D.ieu.” »
Le Rambam commence également les lois du Michné Torah2 avec cette mitsva : « Le fondement des fondements et le pilier de la sagesse est la connaissance de l’existence d’un Être Premier. »
Cependant, le Rambam ne déclare pas immédiatement qu’avoir une telle connaissance est un commandement positif. Il consacre d’abord cinq paragraphes à exposer cet « Être Premier ». Ce n’est qu’au sixième paragraphe qu’il poursuit : « La connaissance de cela est un commandement positif, comme il est dit : “Je suis l’Éternel ton D.ieu.” »
Il en ressort que, selon le Rambam, le commandement positif impliqué par la phrase « Je suis l’Éternel ton D.ieu » inclut non seulement la connaissance générale de l’existence de D.ieu en tant qu’Être Premier, mais aussi les détails concernant D.ieu qu’il énumère.
Il semblerait que la source du Rambam soit l’affirmation du Zohar3 : « “Vous saurez que Je suis l’Éternel votre D.ieu”4 — C’est le commandement fondamental parmi tous les commandements... connaître D.ieu... qu’il y a un Souverain Suprême qui est Maître de l’Univers ; Il a créé l’ensemble des mondes, les cieux et la terre et toutes leurs légions. »
Le texte du Rambam résonne avec celui du Zohar : « Le fondement des fondements » (« le commandement fondamental parmi tous les commandements ») « est la connaissance de l’existence d’un Être Premier » (« connaître D.ieu ») « qui a fait advenir tous les êtres, et tout ce qui peuple les cieux et la terre et ce qui est entre eux... » (« Il a créé l’ensemble des mondes, les cieux et la terre et toutes leurs légions. »)
De ce passage du Zohar, le Rambam déduit que, bien que le verset dise simplement : « Je suis l’Éternel ton D.ieu », le commandement inclut une connaissance détaillée de D.ieu.
Un aspect qui serait autrement inexplicable chez le Rambam peut maintenant être compris : le Rambam aborde, dans le deuxième chapitre des « Lois des Fondements de la Torah », les commandements d’aimer et de craindre D.ieu.
Il poursuit5 : « Quelle est la voie pour parvenir à L’aimer et à Le craindre ? Lorsqu’on contemple les merveilles et la grandeur de Ses actes et créatures, découvrant ainsi Sa sagesse infinie et unique, on sera naturellement porté à aimer D.ieu... à connaître Son grand nom... et Le craindre. En conséquence, j’expliquerai les principes importants concernant les actions du Créateur, afin qu’ils constituent un portail pour l’homme de réflexion vers l’amour de D.ieu. »
Le Rambam consacre ensuite trois chapitres à décrire « les merveilles et la grandeur de Ses créatures et de Ses actes » : un chapitre6 décrivant les êtres angéliques (relevant du Maassé Merkava, les « Œuvres du Char Divin »7 ), et les deux suivants décrivant Maassé Béréchit, les « Œuvres de la Création ».
Il conclut alors : « Lorsqu’un individu contemple tout cela et prend conscience de l’ensemble de la création... cela renforcera son amour pour D.ieu ; il Le craindra et sera saisi d’admiration devant Lui. »
Cependant, s’il est vrai que l’amour et la crainte de D.ieu procèdent de la contemplation, le Michné Torah est défini comme « un recueil de lois ».8 En quoi cette longue exposition concernant « les merveilles et la grandeur de Ses actes et créatures » est-elle pertinent avec la vocation de l’ouvrage ?
L’explication est la suivante : les thèmes développés par le Rambam dans ces trois chapitres – « Œuvres du Char Divin » et « Œuvres de la Création » – dépassent le cadre d’exercices contemplatifs menant à l’amour et à la crainte de D.ieu, mais sont également pertinents pour une partie de la mitsva de connaître D.ieu.
C’est ce que dit le commentaire sur le Rambam9 : « Inclus dans ces deux commandements [connaître D.ieu, et savoir qu’il n’y a pas d’autre divinité] sont les “Œuvres du Char Divin” et les “Œuvres de la Création”. Car en les connaissant, on peut établir la preuve de l’existence de D.ieu, et qu’Il est l’Être Premier et le Créateur de tout. »
Le Rambam explique donc longuement les « principes importants concernant les actions du Créateur », car pour accomplir le commandement de connaître D.ieu, on doit connaître ces principes, conduisant à « la preuve de l’existence de D.ieu, et qu’Il est l’Être Premier et le Créateur de tout ».
Basé sur Likoutei Si’hot, vol. 26, p. 114-119
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