33:1 Voici les voyages. Selon le Baal Chem Tov, ces quarante-deux étapes correspondent aux quarante-deux étapes spirituelles que nous parcourons tout au long de notre vie. Si nous choisissons le bien plutôt que le mal, il est certain que nous expérimenterons ces phases de la vie de la manière que D.ieu veut. Si, à l’instar de la génération du désert, nous faisons des choix erronés, nous les vivrons comme des reculs temporaires.1
Au-delà du fait qu’à chaque étape sur le chemin de la vie nous nous efforcions de faire les bons choix, nous devons reconnaître que même les échecs peuvent être transformés en expériences positives, de croissance.2
33:52 Vous devrez détruire. Le terme hébreu pour « idolâtrie » (avoda zara) signifie littéralement « culte étranger ». Aussi, toute forme de culte, tout type de servitude « étrangère » à l’aspect Divin de notre personnalité constitue une forme subtile d’idolâtrie. L’objet de notre culte étranger peut être n’importe quoi, depuis l’argent, le succès, la domination ou la renommée, à des idoles plus « innocentes », telles que la sécurité, la sagesse ou la santé. Tout objet ou but auquel nous nous consacrons sans chercher à ce qu’il nous aide à accomplir notre mission Divine reçoit le nom de « culte étranger ».
C’est pour notre propre bien que D.ieu attend de nous une loyauté sans partage : Il veut nous épargner la douleur et le traumatisme qui résultent du fait de servir de multiples maîtres. Lorsque nous apprenons à orienter même nos activités les plus profanes vers le Divin afin que tout moment de notre vie contribue à notre mission Divine, nous pouvons vivre à l’abri des conflits intérieurs qui pèsent malheureusement sur la santé spirituelle et mentale d’un trop grand nombre de personnes. Il est donc fondamental que nous devenions des combattants spirituels, déracinant et détruisant nos idoles intérieures afin d’entrer dans la « Terre promise » d’une vie saine et orientée vers le Divin.3
34:2 La terre tombera en votre possession. L’emploi du verbe « tomber » pour décrire le mode dont la terre d’Israël devient nôtre nous enseigne une leçon importante.
Dans un sens allégorique, la terre d’Israël représente le monde matériel en général ; le fait que nous soyons tenus d’accomplir certains commandements à l’intérieur de ses frontières renvoie à la constatation que nous pouvons accomplir les commandements de D.ieu et élever la réalité matérielle pendant notre vie physique seulement. Cette possibilité ne nous est offerte ni avant ni après que notre âme soit dans notre corps, même si notre âme est vivante avant notre naissance et vit après notre mort. Par rapport à l’existence extatique dont jouissent nos âmes dans leur demeure céleste avant notre naissance, la vie difficile et pleine de défis que nous devons mener dans le monde matériel peut vraiment sembler être une « chute ». Mais, en utilisant toutes nos forces pour capitaliser sur l’opportunité qui est la nôtre uniquement dans ce monde, nous aidons D.ieu à atteindre Son dessein dans la création, à accomplir la finalité de notre existence et, qui plus est, à améliorer considérablement notre aptitude à absorber les révélations divines qui nous attendent dans le monde futur.4
34:17 En votre nom. Nous sommes tous des dirigeants, que ce soit dans notre famille, dans notre cercle d’amis ou parmi nos collègues de travail. En tant que dirigeants, nous devons suivre l’exemple des chefs des tribus du peuple juif. Tout comme ils attribuèrent à chaque membre de leur tribu une parcelle de terre adaptée à ses besoins et capacités, nous devons nous assurer que nos « disciples » soient employés de la meilleure façon possible, tant pour eux-mêmes que pour le groupe. Nous apprenons également des chefs des tribus comment y parvenir. De même que les chefs des tribus reçurent en propriété leurs territoires respectifs au nom des Juifs qui leur étaient liés, de même devons-nous nous mettre mentalement à la place de chacun de nos disciples afin d’apprécier sa personnalité et ses vertus uniques.
Le dirigeant majeur et ultime est, bien sûr, D.ieu Lui-même. Aussi, lorsque le Maître du monde assigne à chacun de nous notre mission dans la vie, Il le fait d’après nos compétences, nos dons et nos talents uniques. Ainsi, s’il arrive jamais que nous souhaitions que nos défis spécifiques dans la vie soient autres que ce qu’ils sont, nous devons nous rappeler que c’est D.ieu Qui nous les a posés, les adaptant précisément à nos capacités et conformément à nos meilleurs intérêts à long terme.5
35:6 Les villes que vous donnerez aux Lévites. La raison pour laquelle les villes lévites tenaient également lieu de villes de refuge était que la vie des Lévites constituait l’antithèse du meurtre involontaire. Aussi, le confinement du meurtrier dans ces villes servait à neutraliser l’effet de son crime.
Un meurtrier involontaire n’est passible de la peine capitale que si la mort a été le résultat de sa négligence.6 La négligence qui risque d’entraîner la mort d’autres personnes constitue un mépris flagrant de leur bien-être. Cette insensibilité envers les autres se trouve aux antipodes des idéaux de fraternité qu’illustrent les Lévites. Le rôle des Lévites consiste à relier le peuple juif à D.ieu par leur service dans le Tabernacle (et le Temple), et de relier les Juifs entre eux par l’enseignement de la Torah, dont « les voies sont des voies agréables, et tous ses chemins sont de paix ».7
Nous tous pouvons, pareillement, apprendre des Lévites et suivre leur exemple. Nous devons tous nous efforcer d’améliorer nos relations avec nos semblables, leurs liens réciproques et leur lien à D.ieu, veillant toujours à ce qu’aucun dommage matériel ou spirituel n’en vienne à affecter quiconque.8
35:11 Des villes de refuge. Dans un sens allégorique, la Torah elle-même est la « ville de refuge », puisque, lorsque nous sommes absorbés dans son étude et que nous intériorisons la conscience Divine qu’elle nous offre, nous sommes protégés des machinations du mauvais penchant.9 L’étude de la Torah nous protège également des effets malsains issus des fautes commises parce qu’elle nous purifie, nous inspirant à regretter nos défaillances passées et à nous amender. Et quand nous nous repentons comme il convient, nos fautes se transforment en mérites.
Cela est vrai même lorsque nous sommes coupables de fautes intentionnelles, tout comme les villes de refuge accordaient également l’asile aux meurtriers intentionnels (du moins jusqu’à ce que leur cas soit porté devant les tribunaux).10
Les routes menant aux villes de refuge devaient être larges et dégagées afin que quiconque aurait besoin de les emprunter puisse le faire facilement. De même, à chaque carrefour se trouvaient des panneaux indiquant clairement la voie vers ces villes de refuge.11
Pareillement, D.ieu maintient la voie menant au mode de vie de la Torah ouvert, accessible et clair pour chacun de nous. En outre, Il nous envoie des signes et des signaux pour nous aider à trouver la bonne direction dans la vie.
Mais, pour entendre la voix de D.ieu avec une plus grande clarté, nous devons aider les autres à trouver la bonne direction dans leur vie. Nous devons tous nous considérer comme des « panneaux indicateurs » ayant pour rôle de guider les autres vers la vie et la bonté. Quand D.ieu nous verra montrer le chemin aux autres, Il nous montrera le nôtre plus clairement.
Idéalement, nous devons essayer d’être davantage que des « panneaux indicateurs » inanimés aidant simplement ceux qui viennent à nous en quête de la bonne voie à suivre. Nous pouvons être des panneaux vivants, tendant la main à nos semblables et les éveillant, si besoin est, au fait que leur plus haute aspiration doit être celle d’une vie sainte et Divine. Les résultats de nos efforts en ce sens ne sont peut-être pas toujours immédiatement évidents, mais ils finiront par l’être, car les effets du bien sont cumulatifs et éternels.12
35:24–25 L’assemblée doit arbitrer. De la juxtaposition des deux impératifs de juger et de protéger les sages dérivent la loi selon laquelle, lorsqu’un haut tribunal vote initialement à l’unanimité dans un cas de peine de mort et y condamne l’accusé, celui-ci sera immédiatement acquitté. Ce n’est que lorsque se trouvent des juges votant en premier lieu en sa faveur que le tribunal peut débattre de la question et, si une majorité reste contre lui, le condamner à mort.13
La raison en est que le but de toutes les peines – y compris la peine de mort – est de racheter le crime commis, purifiant le coupable de sa faute et lui permettant ainsi de poursuivre sa vie. (Quand le châtiment n’est pas la mort, sa vie continue dans cette vie ; quand c’est la mort, sa « vie » continue dans le monde d’en Haut.) Cependant, pour mener à bien ce but il faut que le coupable se repente et avoue sa faute. En d’autres termes, son désir profond de bien agir doit faire surface afin qu’il puisse jouer le rôle de la semence à partir de laquelle se développera sa nouvelle direction dans la vie.
Si quelques-uns au moins parmi les juges trouvent une raison de juger favorablement l’accusé, cela signifie que son « noyau » de bonté est un tant soit peu perceptible et à l’œuvre. Le tribunal se trouve donc à même de prononcer sentence sur l’individu. Même si les juges finissent par le condamner, leurs arguments en sa faveur, mettant l’accent sur ses valeurs et son innocence, éveilleront son bien profond et l’inciteront à se repentir et avouer. Le verdict réussira alors à racheter sa faute et permettra à cet homme de passer à l’étape suivante de son existence.
Mais, lorsque pas même un membre de la Cour suprême – constituée des soixante et onze personnes les plus sages et clairvoyantes de la génération – ne parvient à trouver de raison pour le juger favorablement, cela signifie que son noyau de bien est si profondément enfoui sous la mauvaise conduite l’enveloppant qu’il en est totalement submergé, et aucun espoir ne reste pour le tribunal de l’éveiller et accomplir ainsi le rachat de l’accusé par le biais de leur verdict.
À partir de cette loi, nous pouvons voir à quel point la Torah insiste sur la réalité d’un bien intérieur indestructible en tout un chacun : lorsque le tribunal le plus important et réputé du pays juge de manière tranchante et à l’unanimité à propos d’un individu qu’il est entièrement coupable, la Torah pose que cela est impossible. Aucun être humain n’est entièrement mauvais ; et si nous ne parvenons pas à voir cette vérité, c’est que notre sens de la vue est défaillant. À l’opposé, notre travail est de voir le bien en chacun et de l’attirer à la surface, aidant ainsi la personne à sortir de sa dépravation présente et retourner sur le chemin du bien et de la vie.14
35:25 Jusqu’à la mort du grand prêtre. Sur l’échelle morale, le meurtrier involontaire se trouve au niveau le plus bas. Le seul criminel qui puisse être considéré comme inférieur à lui est le meurtrier avec préméditation. Mais comme le meurtrier encourt la peine capitale, il est considéré comme déjà mort et n’est donc pas pris en compte. Cela laisse le meurtrier involontaire au degré le plus bas de la société, le caractère unique de sa condition étant attesté par le fait que, de tous les individus coupables d’avoir transgressé les interdits de la Torah, ce n’est que lui qui subit le châtiment de l’exil forcé.
En revanche, le grand-prêtre est la personnalité la plus élevée du peuple, l’exemple le plus élevé de sainteté et de pureté auquel quiconque peut aspirer.
Pourtant, la Torah enseigne ici que le meurtrier par inadvertance a un lien spécial avec le grand prêtre : il doit rester en exil aussi longtemps que vit le grand prêtre, et ce dernier doit faire son affaire de prier pour qu’aucun habitant de son pays ne devienne meurtrier par accident.
Ce fait nous enseigne une grande leçon sur l’amour fraternel et l’unité du peuple juif : quels que soient les sommets que nous ayons atteints sur l’échelle de la condition spirituelle ou sociale, nous devons toujours nous soucier de tous les éléments de la société, y compris ceux qui se trouvent au plus bas. Et s’il arrive que ce soit nous qui nous trouvions aux échelons inférieurs de l’humanité, nous devons nous rappeler que nous sommes toujours liés à ceux placés aux échelons supérieurs, car nous sommes tous un seul peuple.15
Jusqu’à la mort du grand prêtre. Il existe deux raisons pour lesquelles l’obligation des parents de la victime de tuer l’agresseur cesse avec la mort du grand prêtre : premièrement, par son service dans le Temple (en accomplissant notamment les rites de Yom Kippour qui rachètent les fautes du peuple) le grand prêtre fait que la présence de D.ieu demeure parmi le peuple et prolonge leur espérance de vie. En revanche, par le fait de tuer quelqu’un, le meurtrier bannit du monde la présence de D.ieu et raccourcit des vies. Aussi, il ne convient pas que le meurtrier soit en liberté tant que le grand prêtre qui se trouvait en fonction au moment où le crime fut commis est vivant.
Deuxièmement, comme nous l’avons vu, la mort d’une personne juste rachète les fautes de sa génération.16 Ainsi, la mort du grand prêtre (certainement une personne juste) rachètera la faute involontaire de l’agresseur. C’est précisément la mort du grand prêtre qui rachète cette faute (pas celle d’une autre personne juste) parce qu’il détenait le pouvoir de prier à Yom Kippour pour qu’un tel malheur ne se produise pas ; ce malheur s’étant produit, il en est tenu pour partiellement responsable.17
36:7 À l’héritage de la tribu de ses pères. Les lois de l’héritage, bien qu’elles fassent partie intégrante de la Torah, furent données par D.ieu une fois que cinq sœurs adultes, célibataires et orphelines – seule progéniture d’un des membres de la tribu de Manassé – réclamèrent leur droit à la parcelle de la terre d’Israël censée revenir à leur père. La requête privée qu’elles présentèrent à Moïse entraîna la révélation de sections de la Torah qui devinrent par la suite en vigueur pour le peuple juif dans son ensemble. Cela nous enseigne que nous ne devons jamais penser que notre vie « privée » ne concerne que nous ou le cercle immédiat de nos parents ou de nos amis, et qu’ainsi nous serions libres de nous conduire dans ces domaines comme bon nous semble.
De même que ces femmes interrogèrent Moïse au sujet de ce qui était en apparence une affaire purement personnelle, nous devons consulter les autorités rabbiniques qualifiées même au sujet des aspects qui semblent être les plus personnels de la vie, car tous nos actes, y compris ceux qui relèvent du « privé », ont des implications plus larges, que l’on ne saurait prévoir.18
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