7 Tout son produit. Lors de l’année sabbatique, il nous est permis de nous nourrir, ainsi que toute notre maison et nos animaux domestiques, avec toutes sortes de produits agricoles que nous aurons engrangés, tant que ce type de produits sera disponible et accessible dans les champs ou les vignobles pour les animaux non domestiqués. Dès lors qu’ils seront épuisés à l’extérieur, nous devrons retirer ces produits de nos dépôts, les placer sur un champ ouvert et les déclarer sans propriétaire. Nous aurons par la suite le droit de les recueillir avec le peuple.

8 Tu compteras pour toi sept cycles sabbatiques. La période de quarante-neuf ans (sept cycles sabbatiques) suivie de l’année jubilaire fait écho à la période annuelle de quarante-neuf jours (sept semaines) au cours de laquelle nous comptons les jours allant de Pessa’h à la fête de Chavouot, le moment où nous revivons le don de la Torah. Lors du compte annuel des jours compris entre Pessa’h et Chavouot, le cinquantième jour (le dernier) est observé mais non compté. La raison en est que le fait de revivre chaque année le don de la Torah constitue une révélation divine que l’on ne peut atteindre par soi-même ; c’est un cadeau de D.ieu. De façon analogue, l’année jubilaire est célébrée mais non comptée, ce pour la même raison. Néanmoins, les révélations divines qui ont lieu lors de Chavouot et de l’année jubilaire ne se produisent que du fait que nous avons compté les quarante-neuf jours ou années qui ont précédé, par lesquels nous nous sommes élevés dans tous les niveaux de conscience du Divin que nous avons pu atteindre par nous-mêmes. Nous voyons ainsi qu’en ce qui concerne notre mission divine, D.ieu nous en accorde le succès au-delà de tout ce que nous pouvons accomplir de nous-mêmes à condition que nous déployions nos plus grands efforts pour atteindre ce qui est à notre portée.1

21 Je vous accorderai Ma bénédiction. Nous pourrions être enclins à penser que l’année sabbatique est tout au plus une technique visant à améliorer la fertilité du sol par des moyens naturels. Il se pourrait alors que les progrès de l’agronomie moderne – sous la forme de rotation des cultures, fertilisation et autres – aient rendu superflue la mise en jachère de la terre une année durant. L’observance de l’année sabbatique serait donc une procédure révolue. C’est pour réfuter un tel argument que D.ieu promit Ses bénédictions particulièrement pour la sixième année. Si la finalité du commandement avait été de permettre au sol de se reconstituer, D.ieu aurait promis d’augmenter le produit l’année qui suit la jachère, et non celle qui la précède. En promettant un surcroît de la production lors de la sixième année – qui devait être en principe la moins productive ! – D.ieu nous montre que c’est précisément et exclusivement Sa bénédiction qui est à l’origine de ce rendement accru. Quoique les lois de l’année sabbatique portent uniquement sur la production agricole en terre d’Israël, les leçons qu’elles nous donnent sont valables où que nous vivions. En tant que Juifs, il nous est demandé de consacrer quotidiennement du temps à la prière et à l’étude de la Torah ; nous devons également donner la charité, soutenir l’éducation juive et nous abstenir de travailler pendant le Chabbat et les fêtes juives. Quel espoir peut-on garder de mener une vie financièrement raisonnable alors que nos voisins non juifs, qui ne se trouvent « handicapés » par aucune de ces obligations et restrictions, doivent travailler d’arrache-pied pour se procurer leur subsistance ? L’année sabbatique nous enseigne que, si nous nous conformons à ce que D.ieu désire, Il ne nous bénira pas seulement au plan spirituel, mais aussi dans le domaine matériel.2

Je vous accorderai Ma bénédiction. Lorsque D.ieu dissimula Sa présence après qu’Adam et Ève eurent mangé le fruit de l’Arbre de la connaissance, Il limita cette dissimulation à six mille ans. Il nous est possible de hâter l’ère messianique, mais, quoi qu’il en soit, elle débutera au plus tard au tournant du septième millénaire. Dans un sens allégorique, les six années durant lesquelles les travaux agricoles sont permis correspondent aux six millénaires du monde tel qu’il existe à présent. L’année sabbatique correspond au septième millénaire, lorsque le monde se « reposera » de sa condition actuelle. Nous nous trouvons actuellement dans la dernière partie du sixième millénaire ; autrement dit, nous approchons de la fin de la sixième « année ». Dans ce contexte, se pose ici encore la question du verset précédent : nous savons que la conscience du Divin et la force spirituelle de notre génération ne peuvent se comparer à celles des générations précédentes. Nous sommes alors en droit de nous demander comment la sixième « année » – la plus déficiente – subviendrait aux besoins de la septième. Comment notre spiritualité relativement pauvre sera celle qui amorcera la Délivrance, alors que celle plus épanouie de nos ancêtres n’y est pas parvenue ? À cela, D.ieu répond qu’en vertu du mérite de notre seule foi – exprimée par notre dévouement à notre mission divine –, en dépit de tous les obstacles et au-delà des contraintes de la raison, Il accroîtra le produit de la « sixième année » et nous amènera la Délivrance.3

23 La terre ne sera pas vendue de telle sorte qu’elle soit coupée à jamais de son propriétaire originel, car la terre M’appartient. L’interdiction de la vente définitive nous rappelle que c’est à D.ieu finalement que la terre appartient ; nous ne devons jamais nous voir comme de véritables propriétaires. Il en va de même de tout argent ou bien que nous pouvons amasser de notre vivant. « La terre et ce qu’elle renferme appartiennent à D.ieu. »4 Il ne faut jamais perdre de vue que tout ce que D.ieu nous a accordé résulte du fait que nous sommes Ses associés, et que notre tâche est de raffiner ces biens, de les élever et d’en faire Sa véritable demeure.5

36–38 Ne prends pas d’intérêts. Il existe une différence subtile mais fondamentale entre un investisseur qui tire profit de son investissement et un créancier qui profite de son prêt. Lorsque nous investissons dans une entreprise, l’argent investi nous appartient toujours ; ainsi, notre argent « travaille » pour nous. Nous recevrons donc le bénéfice produit par l’entreprise. En revanche, lors d’un prêt la propriété du capital est transférée à l’emprunteur ; désormais l’argent lui appartient, peu importe qu’il soit tenu de le rembourser plus tard. Par conséquent, prélever de l’intérêt sur un prêt revient à profiter de l’effort d’autrui sans y avoir contribué. Le prêteur perçoit des intérêts sur le seul fait que l’argent lui a appartenu auparavant. C’est pourquoi prélever des intérêts sur un prêt est contraire à la façon dont D.ieu désire voir fonctionner le monde. L’intention de D.ieu est que nous nous raffinions en travaillant pour nos réalisations, spirituelles comme matérielles. Pour reprendre la formule des sages : « Si quelqu’un te dit : “J’ai peiné sans voir de résultat”, ne le crois pas. S’il dit : “Je n’ai pas peiné, et j’ai tout de même vu des résultats”, ne le crois pas non plus. Mais s’il dit : “J’ai peiné et j’ai vu des résultats”, là tu peux le croire. »6

Lorsque nous renonçons à prélever des intérêts sur nos emprunts, D.ieu répond en nature : non seulement nous accorde-t-Il le potentiel initial de réussir sur les plans matériel et spirituel, mais Il continue de nous aider tout au long de nos efforts. Quand quelqu’un prélève des intérêts, D.ieu répond également en nature : Il lui accorde le potentiel initial, mais S’abstient de lui procurer un soutien continu à caractère transcendant. D’un point de vue plus abstrait, s’appuyer sur les réussites passées est une sorte de prélèvement d’intérêts. Par exemple, après avoir déployé des efforts considérables pour éduquer nos enfants, nos élèves ou toute autre personne sur qui nous avons eu une certaine influence, et avoir réussi à les inspirer pour qu’ils enseignent aux autres, nous pourrions être tentés de « prendre notre retraite » afin de nous concentrer exclusivement sur notre propre développement spirituel, confiants que nous recevrons la part qui nous est due des révélations du Divin qu’ils susciteront à leur tour en inspirant d’autres personnes. Néanmoins, bénéficier des résultats de ces efforts passés revient à percevoir des intérêts sur un prêt, ce qui est interdit. En revanche, si nous continuons à diffuser le judaïsme comme nous leur avons appris à le faire, notre travail avec eux est toujours un « investissement », et, de ce fait, l’« intérêt » nous revient de droit.7

40 Jusqu’à l’année du jubilé. Si le serviteur qui s’est lui-même asservi décide de rester dans cette condition pour une période supérieure à son terme dû, il sera conduit au tribunal et aura son oreille droite percée, comme c’est le cas pour un serviteur ainsi asservi par le tribunal afin qu’il rembourse son vol.8 On ne lui administre que la punition assez légère du percement de son oreille9 car il s’est asservi lui-même uniquement en raison de sa terrible pauvreté. Néanmoins, c’est son oreille droite qui est percée, car l’oreille droite, la meilleure, fait allusion à l’emploi juste du don de l’ouïe. Il entendit D.ieu dire sur le mont Sinaï : « Les enfants d’Israël sont pour Moi des serviteurs, Mes serviteurs ! »,10 et alla pourtant se trouver un autre maître sans en ressentir la moindre gêne, comme en témoigne le fait qu’il n’est nullement impatient de devenir un homme libre. (Il n’est certainement pas indigent à présent, puisque son maître s’est chargé de le nourrir ainsi que sa famille tout au long de sa période de service, il a dans ses mains l’argent qu’on a payé pour lui lors de son achat, et son maître lui offrira des cadeaux le jour de sa libération.11 ) L’oreille est percée contre une porte tenue debout tout comme son montant parce que la porte et son montant ont été témoins, pour ainsi dire, de la façon dont D.ieu a délivré le peuple de l’esclavage en Égypte,12 et cet individu a néanmoins choisi de prolonger sa période de service.13 Ce rituel une fois accompli, il servira son maître jusqu’à l’année du jubilé. Bien qu’il puisse sembler qu’en s’asservissant volontairement le serviteur accepte toute ration alimentaire qui lui sera fournie – pour maigre qu’elle soit –, le maître reste tenu de le nourrir correctement, même si ce détail n’a pas été stipulé lors de son asservissement. En outre, si le serviteur a déjà des enfants au moment de son asservissement volontaire, le maître est tenu de pourvoir à leur subsistance pendant toute la durée de son service.14

42 Eux sont Mes serviteurs. Certains d’entre nous sont tellement absorbés par leur travail les six jours de la semaine qu’ils semblent y être asservis comme des esclaves. Même lors du Chabbat, la « septième année » hebdomadaire où nous sommes censés devenir « libres », il nous est difficile de nous dégager de l’emprise qu’exerce sur nous le travail. La Torah nous enseigne que ce n’est pas là la bonne façon de vivre. Nous avons été créés pour servir D.ieu : pour étudier Sa Torah et pour observer Ses commandements. D.ieu nous ayant créés dans ce but, Il nous a certainement fourni les moyens de l’atteindre. Lors de notre travail au cours de la semaine, nous ne devons pas nous considérer comme asservis au travail ; nous devons, par contre, travailler de manière à employer les fruits de notre travail à des fins saintes. Et le Chabbat, nous devons nous élever au-dessus de toute relation avec la vie profane. Ainsi, en nous affranchissant de notre servitude individuelle, nous hâtons la Délivrance ultime, lorsque le monde entier sera libre de se consacrer sans entrave à la recherche du spirituel et de la Divinité.15

47 Si un résident étranger. Si un non-Juif renonce à l’idolâtrie – autrement dit, accepte le monothéisme –, il lui est permis de vivre sur la terre d’Israël à titre de « résident étranger ». Nous devons traiter un tel résident étranger de manière équitable et même charitable.16 Or, tout en reconnaissant son acceptation, certes louable, du monothéisme, sa réticence à poursuivre cet engagement jusqu’à sa conversion au judaïsme indique qu’il reste attaché à son état d’esprit et/ou à son milieu non juif. Nous devons donc veiller à ce que, dans nos relations avec lui, il soit influencé par notre engagement envers le judaïsme plutôt que d’être nous-mêmes influencés par son ambivalence vis-à-vis d’un tel engagement. D.ieu nous assure que, si nous l’influençons, il réussira dans ses entreprises matérielles, mais si c’est lui qui nous influence, nous échouerons dans les nôtres.17

Pour cette même raison, si jamais nous tombons dans la misère, D.ieu nous interdit de nous engager en tant que serviteurs de résidents étrangers ; nous ne pouvons nous asservir qu’à nos prochains juifs.18