Quel est le but des commandements ? L’une des explications que l’on trouve dans les enseignements de nos Sages est qu’ils ont pour dessein de raffiner les hommes. Les commandements de la Torah sont destinés à avoir un effet civilisateur sur le peuple juif.
Les enseignements de la ‘Hassidout nous expliquent qu’il existe deux aspects à notre personnalité profonde. L’un est notre Âme Divine, une « étincelle » spirituelle à l’intérieur de nous, décrite comme une parcelle de divinité. Elle vient dans le monde avec une tâche particulière et la Torah et ses commandements constituent les instructions pour mener celle-ci à bien.
Pour comprendre la nature de cette tâche, il nous faut considérer le second trait de notre monde intérieur : l’Âme Animale. C’est la force à l’intérieur de nous qui veut vivre, manger, posséder... Guidés par la Torah nous devons tenter de purifier et raffiner l’Âme Animale. Concrètement, ceci signifie que nous devons nous efforcer de contrôler, voire de transformer les caractéristiques fondamentales de notre nature (ô combien) humaine.
Si une personne observe les directives de la Torah, elle met en pratique un véritable programme de développement de son caractère.
Considérons, par exemple, les lois de la casherout (l’alimentation casher). La paracha de cette semaine contient la loi qui nous enjoint de séparer le lait et la viande.1 A juste titre, cet aspect et bien d’autres de la casherout sont souvent envisagés comme une manière de développer la vertu du contrôle de soi et de ne pas considérer les choses comme allant de soi. « Est-ce casher ? » est la question que l’on pose avant de prendre une bouchée. Il est sûr que l’effet d’une telle loi est bien plus vaste que de simplement définir notre attitude par rapport à la nourriture. Nous apprenons peu à peu à demander à propos de toute chose dans la vie : « est-ce casher ? »
La casherout est une loi « entre la personne et D.ieu ». En revanche, la majorité des enseignements de notre paracha sont des lois « entre l’homme et son prochain », c'est-à-dire centrées sur des questions concernant les relations humaines.
Ici encore, et peut-être de manière plus évidente, nous voyons que les commandements visent à produire un effet. Par exemple :
La Torah nous dit : « Si tu rencontres le bœuf ou l’âne de ton ennemi et qu’il s’est égaré, tu dois à coup sûr le lui ramener. Si tu vois l’âne de ton ennemi ployer sous sa charge, tu ne dois pas éviter la situation mais tu dois l’aider à s’en décharger. »2
Maïmonide souligne dans son œuvre éminente, le Michné Torah, que la Torah nous enjoint également d’aider un ami. « Tu ne verras pas l’âne de ton frère ou son bœuf tomber en route et tu ne te dissimuleras pas d’eux ; tu l’aideras à coup sûr à les relever. »3
Si la Torah nous demande d’aider nos amis et aussi nos ennemis, que devrions-nous faire si nous rencontrons ensemble notre ami et notre ennemi et que tous deux ont un animal trop chargé qui a besoin d’aide ? Maïmonide répond qu’il faut d’abord aider l’animal de notre ennemi ! La raison en est, poursuit-il, qu’il faut courber notre mauvais penchant.4 C’est un plus grand accomplissement dans la formation de notre nature d’aider un ennemi que d’aider un ami. C’est la raison pour laquelle l’aide à apporter à l’ennemi passe avant.
Suivre les directives de la Torah nous aide à transformer notre propre caractère, créant ainsi une forme pure de civilisation. L’étape suivante, qui sera mise en œuvre par D.ieu, sera de déclencher une réaction en chaîne de transformation intérieure, qui finira par affecter l’univers tout entier.
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