Le fait que la Torah parle dans un langage raffiné est un principe des études bibliques. L’exemple classique se trouve dans le livre de la Genèse. Là, lorsque D.ieu dit à Noé de faire entrer tous les animaux dans l’arche, il parle des animaux « purs » (hatehorah) et des « animaux qui ne sont pas purs » (asher einenah tehorah). Bien que la Torah soit généralement économe en mots – chaque lettre apparemment superflue est expliquée et interprétée par les Sages –, elle utilise ici huit lettres (hébraïques) supplémentaires pour éviter d’utiliser le mot teméah (littéralement, « souillée » ou « impure »).
En faisant cela, la Torah nous enseigne que nous ne devons jamais permettre à une expression honteuse de franchir nos lèvres. Lorsque la Torah utilise délibérément huit lettres supplémentaires qui auraient pu être évitées en prononçant simplement le mot teméah, c’est un message puissant qui nous invite à surveiller notre langage.
Et pourtant, un simple coup d’œil à la lecture de cette semaine qui traite des lois relatives à l’impureté rituelle causée par la tsaraat (« lèpre »), révèle que le mot tamé apparaît de nombreuses fois. Comment se fait-il que dans l’histoire de Noé, la Torah s’efforce de ne pas utiliser un mot négatif et qu’ici, elle l’utilise à plusieurs reprises, d’une manière qui semble arbitraire ?
La réponse donnée par les Sages est que dans la Genèse, la Torah fait un récit historique, et peut donc se permettre d’être plus subtile et de ne pas prononcer un mot négatif. Cependant, lorsqu’il s’agit de la halakha, de la détermination de la loi juive, on ne peut pas se permettre des subtilités ou un langage fleuri ; on doit être clair comme de l’eau de roche en énonçant la loi. La Loi est sacro-sainte et, en matière de Loi, il ne peut y avoir aucune ambiguïté. Notre Paracha traite des choses à faire et à ne pas faire qui doivent être exprimées sans ambiguïté. Lorsqu’un rabbin est appelé à répondre à une question halakhique, il ne doit pas tourner autour du pot. Sa réponse doit être claire et sans équivoque. Et si le produit est taref, il doit le déclarer taref !
En général, les rabbins doivent être aimables, gentils et s’exprimer avec douceur. Ils doivent suggérer, et non exiger. Les vieux sermons de prédicateurs invoquant « le feu et le soufre » ne fonctionnent pas si bien aujourd’hui. Mais parfois, les rabbins peuvent être trop doux, trop subtils et trop peu exigeants. Et pas seulement dans les affaires halakhiques, mais même dans le conseil.
Les psychologues et les travailleurs sociaux ne seront, par principe, jamais directifs avec leurs clients. Cela fait partie de leur code professionnel de ne pas imposer leurs opinions ou leurs valeurs personnelles à ceux qui cherchent leurs conseils. Ils essaieront d’aider leurs clients à distinguer l’arbre de la forêt afin qu’ils puissent prendre leurs propres décisions en connaissance de cause. Les rabbins, quant à eux, ne devraient avoir aucun scrupule à donner des directives. Après tout, c’est leur travail !
Un jour, un homme est venu me voir au sujet de sa thérapeute. « Elle ne me dit pas ce que je dois faire », s’est-il plaint. Je lui ai expliqué que les thérapeutes ne fonctionnent pas de cette façon. « Vous voulez quelqu’un qui vous dise quoi faire ? Allez voir un rabbin. »
Si un couple va consulter un conseiller conjugal, ce dernier est susceptible de les guider en fonction de leurs espoirs et de leurs aspirations. Veulent-ils vraiment s’arranger, ou bien jouent-ils une comédie pour se donner bonne conscience avant de divorcer ? Dans ce dernier cas, le conseiller peut très bien les aider dans leur démarche. Un rabbin n’hésitera pas à expliquer que le mariage est sacré et qu’il faut y travailler, et que le divorce est absolument le dernier recours lorsque tout le reste a échoué. Le conseiller pourrait demander : « Voulez-vous rester mariés ? » tandis que le rabbin pourrait répondre : « Vous devez rester mariés. » Ensuite, il peut les orienter vers un conseiller professionnel qui s’engage à sauver les mariages.
Vous vous souvenez du kleptomane qui est tombé sur un vieil ami ? L’ami s’est souvenu de la culpabilité qu’il avait ressentie à cause de son vol à l’étalage compulsif et lui a demandé s’il avait toujours ce problème. « Non, répondit l’homme. Je suis allé voir un psychiatre et il m’a aidé à résoudre mon problème ». « C’est génial, alors tu ne voles plus à l’étalage ? », a demandé l’ami. « Bien sûr que je vole. C’est juste que je ne me sens plus coupable. »
S’il plaît à D.ieu, les rabbins seront doux, compréhensifs, amicaux, aimants et gentils. S’il plaît à D.ieu, ils donneront des instructions claires quand il le faut.
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