Notre histoire n’a pas toujours été rose. Nous avons connu la tranquillité, la paix et la grandeur spirituelle, mais nous avons aussi connu de terribles exils, destructions et persécutions. Le dernier jour de la vie de Moïse, D.ieu lui dit ce qui arrivera au peuple s’il abandonne D.ieu :

Et D.ieu dit à Moïse : Voici, tu vas te coucher avec tes ancêtres, et cette nation se lèvera et s’égarera après les divinités des nations du pays dans lequel elle arrive. Ils m’abandonneront et violeront l’alliance que J’ai conclue avec eux.

En ce jour-là, Ma fureur se déchaînera contre eux, Je les abandonnerai et Je leur cacherai ma face, et ils seront consumés, et il leur arrivera beaucoup de maux et de tourments, et ils diront en ce jour-là : « N’est-ce pas parce que notre D.ieu n’est plus au milieu de nous que ces maux nous sont arrivés ? »1

Ces paroles sévères ne visaient pas seulement à avertir le peuple juif des conséquences de l’abandon de son destin. Peut-être plus important encore, leur but était de s’assurer que le peuple interpréterait correctement l’exil difficile et y réagirait comme il convient.

La réponse naturelle aux « nombreux maux et tourments » serait que le peuple croie que D.ieu « n’est plus parmi nous ». Pourtant, comme D.ieu l’a dit à Moïse, cette conclusion serait catégoriquement incorrecte :

Je cacherai Ma face en ce jour-là, à cause de tout le mal qu’ils auront commis, quand ils se seront tournés vers d’autres divinités.2

Nous sommes ici en tant que Juifs aujourd’hui, parce que des générations de Juifs ont compris cette vérité : l’exil n’est pas l’absence de l’amour et de la présence de D.ieu, mais simplement une dissimulation de Sa grâce. « Je cacherai ma face en ce jour-là », dit D.ieu, et le peuple juif a compris que se cacher n’est en aucun cas un abandon. Ils ressentaient la présence de D.ieu même dans les circonstances les plus difficiles.

Puis vinrent les mystiques, qui comprirent que toute existence dépend de D.ieu, et qu’il n’existe aucun lieu qui soit dépourvu de Sa présence. Lorsqu’ils regardaient les ténèbres, ils comprenaient que, même si la présence de D.ieu n’est pas révélée, Son essence est toujours présente. Ils ont compris que le message le plus puissant dans le verset « Et je cacherai ma face en ce jour-là » n’est pas que D.ieu se cachera, mais que même dans la dissimulation, Il est tout à fait présent.

Chaque année, cette Paracha est lue à proximité de Roch Hachana et de Yom Kippour, lorsque nous nous livrons à une introspection et cherchons à nous racheter et à nous améliorer spirituellement, en repensant aux moments de joie et d’inspiration, mais aussi à l’obscurité et à la douleur de l’année écoulée. La Torah enseigne que c’est précisément dans les moments de dissimulation que réside le potentiel d’atteindre la partie la plus profonde de nous-mêmes. Lorsque nous ne ressentons aucune inspiration, aucune excitation, aucun enthousiasme, nous devons comprendre que la dissimulation est un outil qui nous encourage à aller au plus profond de nous-mêmes, à entrer en contact avec notre propre centre. Cela nous permettra de découvrir qu’au sein de la dissimulation, nous pouvons accéder à la force divine la plus profonde et, en fin de compte, transformer l’obscurité en lumière.

(Adapté des enseignements du Rabbi de Loubavitch, Likoutei Si’hot, Vayelekh, vol. 9 si’ha 1)