12:2 Au même degré. Après son immersion dans un mikvé à la fin de la semaine suivant la naissance,1 la femme est en principe autorisée à reprendre les relations intimes avec son mari, même si elle continue de saigner pendant un certain temps. De plus, pendant toute la période de « saignement n’entraînant pas d’impureté » (quarante jours pour l’accouchement d’un garçon et quatre-vingts pour celui d’une fille), les relations conjugales sont autorisées même si, après avoir cessé, les saignements recommencent.

Cependant, dans la mesure où la pratique juive (qui, dans ce cas comme dans beaucoup d’autres, est codifiée dans la loi juive) applique les restrictions de la menstruation sur les relations conjugales même lorsqu’il est question d’une trace minimale de sang, comme cela sera expliqué par la suite,2 la femme qui a accouché doit attendre que son saignement disparaisse complètement, puis encore une semaine entière avant de s’immerger dans un mikvé et se trouver ainsi en mesure de reprendre ses relations conjugales.

4-5 Elle demeurera dans cet état. Cette période post-immersion constitue une anomalie. D’une part, il peut arriver durant cette période que la femme saigne, mais ce sang utérin (contrairement à d’autres types de sang utérin) ne la rend pas rituellement impure – de fait, le contact avec ce sang ne rend personne rituellement impur. D’autre part, la femme n’a pas le droit d’entrer dans l’enceinte du Tabernacle ou de consommer de la nourriture consacrée ou offerte en sacrifice. Elle est dans une situation de report prolongé, s’étant conformée à tout ce qu’elle était tenue de faire, et attendant simplement l’échéance du délai prescrit afin d’être à même de reprendre sa pleine participation à la vie spirituelle.

Cette condition paradoxale nous rappelle notre long exil. Nous avons traversé la totalité des processus de purification que l’exil était censé mettre en œuvre, et nous voici à présent amenés à attendre le passage du temps requis (et les expériences providentielles qu’il est censé apporter). En attendant, il ne nous est pas permis de reconstruire le Temple et d’y entrer, pas plus que de manger des aliments consacrés ou offerts en sacrifice.

Afin de hâter le passage du temps, nous devons agir à l’instar de la jeune mère lors des saignements postérieurs à son immersion. Nous pouvons certainement « voir du sang », c’est-à-dire rencontrer des aspects du monde matériel que, dans des circonstances normales, nous ne pouvons empêcher de nous « rendre impurs », autrement dit, de nous distraire de D.ieu et d’affaiblir notre conscience du Divin. Mais, lorsqu’il nous arrive de nous trouver face à tels aspects de la vie, nous devons rester sans défaut, c’est-à-dire ne pas nous laisser détourner par ces tentations, et garder fermement notre fidélité à nous-mêmes et à notre mission Divine.

Pour peu que nous ne succombions pas aux attraits du monde matériel, nous serons à même d’amorcer l’étape suivante dans ce processus : élever le monde matériel et le transformer en une manifestation du Divin (autrement dit, révéler que le « sang » est en soi sans défaut).

La période d’attente nécessaire parviendra à son terme et la Délivrance ultime arrivera.3

13:2 Quand un homme aura sur la peau de sa chair. Une tache d’un blanc plus foncé que n’importe lequel de ces quatre degrés de blancheur est un simple manque de pigmentation qui ne saurait muer en tsaraat.4

Une surface. La tache n’a pas besoin de former un carré parfait ; en outre, si elle mesure moins de six cheveux de large, elle n’est pas considérée comme tsaraat, peu importe sa longueur.5

Quand un homme aura sur la peau de sa chair. La tsaraat affecte spécifiquement des individus à la personnalité intègre et d’excellence morale, à ceci près qu’ils ont commis les fautes du colportage, de la médisance6 ou de l’arrogance.7 Lorsque la tsaraat se manifeste sur le corps, elle affleure sur la tête s’ils sont coupables d’arrogance, et ailleurs s’ils sont coupables de colportage ou de médisance.8 Il s’agit d’un état absolument spirituel, miraculeux, sans lien avec la moindre maladie naturelle et sans raison physiologique.

L’homme peut tout à fait, par l’emploi de tous les outils fournis par la Torah pour le raffinement de la personnalité, parvenir à éliminer les scories de son psychisme, devenant ainsi un juste parfait. Cependant, une fois que cet homme a épuisé tous ces outils, il se peut que subsiste encore une once de mal, si profondément ancrée qu’il ne saurait peut-être jamais en repérer l’existence. Lorsque tel est le cas, D.ieu le lui signale en l’affligeant de tsaraat.

(La raison pour laquelle la tsaraat a cessé de se manifester est dès lors évidente : depuis la destruction du Temple, il n’est plus possible de raffiner notre personnalité si soigneusement que les seules imperfections restantes soient celles signalées par l’éruption de la tsaraat.)

Si le seul mal qui subsiste est d’une nature à ce point subtile, il ne peut émerger qu’au travers d’un acte banal et involontaire. L’archétype de cette sorte de conduite est le colportage, qui prend souvent la forme d’un commentaire fortuit se glissant dans une conversation autrement anodine.

Pour ces raisons, la tsaraat afflige notamment des individus qui sont seulement coupables de commérage, et elle affleure aux différentes couches superficielles de leur vie : sur leur peau, sur leurs vêtements et sur leurs foyers.

La tsaraat commençait par affecter le « vêtement » le plus extérieur – la maison –, car le colportage constitue un symptôme totalement superficiel. Si l’individu n’avait pas été sensible au signal d’alarme et veillé à se défaire de ce trait négatif de la personnalité, une éruption de tsaraat se produisait sur les vêtements, indiquant que ses commérages débridés avaient permis à ses défauts profondément enracinés de le percer du dehors, pour ainsi dire, de telle sorte que son comportement est devenu moins superficiel qu’il ne l’était à l’origine. S’il ignorait également cet avertissement, la tsaraat en venait à apparaître sur sa peau, indiquant que le mal dont il était habité, quoique superficiel encore, faisait désormais corps avec lui. À ce stade, l’homme était banni de la société, dans l’espoir que cette manifestation des conséquences de sa conduite l’inspirerait à s’amender.9

Dans une approche plus profonde, les symptômes de tsaraat découlent d’une surabondance d’énergie spirituelle sainte (ratso) qui a failli être contrebalancée par un sentiment parallèle d’humble engagement à la mission que D.ieu nous a donnée (chov).

Si l’individu dont le corps, les vêtements ou le foyer manifestent des symptômes de tsaraat gère comme il se doit son ravissement Divin, prenant soin de l’équilibrer avec un humble dévouement à la volonté de D.ieu, il ne sera pas déclaré impur ; ses symptômes ne seront plus un signe d’impureté mais le signe indicateur d’un degré de sainteté exceptionnel. C’est seulement s’il persiste dans son comportement « antisocial » et se complaît dans la présence de D.ieu plutôt que de raffiner le monde afin d’en faire la demeure Divine qu’il est déclaré impur, ce qui entraînera la démolition de sa demeure, la mise au feu de ses vêtements ou son bannissement de la communauté jusqu’à ce qu’il se repente de sa manière d’agir.10

Déclarer impur une personne ou un objet. C’est la déclaration du prêtre – plutôt que l’apparition des symptômes – qui rend la personne rituellement impure. Ceci impose au prêtre un lourd fardeau, à la lumière notamment des conséquences de ses propos : l’individu rituellement impur doit être banni de la société, y compris de la compagnie d’autres individus rituellement impurs. C’est le seul type d’impureté qui exige cet ostracisme absolu.

Aussi, la Torah exige explicitement que ce soit un prêtre qui rende ce jugement. Les prêtres sont tous des descendants – et, de ce fait, des héritiers spirituels – d’Aharon, qui (comme nous avons vu11 et verrons plus loin12) en même temps incarne l’idéal de l’amour fraternel et encourage sa pratique au sein du peuple juif.

De même, lorsque nous rencontrons un homme qui semble affecté d’un trait de caractère négatif, nous ne devons pas nous empresser de le rejeter. Au lieu de cela, il convient en premier lieu de nous interroger sur l’exemple de fraternité que nous donnons. Si nous présentons des carences à cet égard – si nous ne sommes pas « un prêtre, un descendant d’Aharon » –, nous n’avons en ce cas aucun droit de porter de jugement sur autrui, car il est bien possible que notre perception ne se trouve pas solidement fondée sur les lois objectives de la Torah, mais déformée par les sentiments non raffinés qui nous habitent.

En apprenant à aimer notre prochain « sans aucune raison » – autrement dit de manière positive, peu importe sa conduite effective – nous allons à l’encontre de la cause de notre exil actuel, la haine gratuite. Ceci hâtera l’avènement de la Délivrance ultime, la Délivrance messianique.13

3 Les règles. Les logigrammes présents dans cette paracha et la suivante décrivent les processus de diagnostic pour les différentes formes de tsaraat selon la signification contextuelle de la Torah. Les démarches diagnostiques concrètes, déduites par l’exégèse hala’hique telle qu’elle est stipulée dans la Michna14 et les codes de loi,15 sont un peu plus complexes et varient dans certains détails.

4 En quarantaine sept jours durant. L’individu mis en quarantaine est considéré comme rituellement impur au même titre que celui qui a été diagnostiqué de manière définitive comme atteint de tsaraat.16 Néanmoins, il n’est pas banni du camp, contrairement à celui qui a reçu un diagnostic établi, comme nous le verrons plus tard.17

5 Sept jours durant une seconde fois. Or si la plaie se propage, couvrant une portion plus étendue de son corps (mais pas le corps entier)18 ; ou que les cheveux noirs se trouvant dans la lésion sont devenus blancs ; ou qu’un morceau de chair saine y est apparu à l’intérieur, le prêtre doit le déclarer impur.19 En revanche, si la plaie se rétrécit20 ou devient plus sombre21 au point de ne plus appartenir à l’un des quatre types de taches blanches mentionnés ci-dessus, le prêtre déclarera l’individu débarrassé de cette impureté et ce dernier se conformera au rituel de purification qui sera détaillé par la suite.22

Le septième jour de la première semaine de quarantaine compte également comme le premier jour de la seconde semaine de quarantaine.23

10 La taille d’une graine de lentille. Cette étendue correspond à la surface carrée recouverte par quatre poils (deux poils sur deux) tels qu’ils poussent naturellement sur le corps.24 L’équivalent contemporain est de 17,11 mm2.

METSORA

14:4 Prendre à l’intention de la personne. L’oiseau fait allusion au fait que la tsaraat constitue un châtiment correctif pour les fautes du colportage ou de la médisance. Ces fautes apparaissent généralement dans des commentaires lancés spontanément au cours d’une discussion banale, dont le son évoque le pépiement des oiseaux. Le bâton taillé dans ce grand arbre qu’est le cèdre représente l’arrogance, également passible de la punition de la tsaraat. La bande de laine, teinte avec le sang écarlate d’un petit ver, et la modeste hysope évoquent l’humilité que le malade se doit d’acquérir afin de se repentir de ces fautes. Le bois de cèdre et le bouquet d’hysope doivent être attachés au moyen de la partie de la bande de laine écarlate qui reste en surplus.25

5 D’abattre un des oiseaux. La quantité d’eau à placer dans le bassin est d’un quart de log [86 ml] ; un volume à peine plus important diluerait le sang de l’oiseau au point de ne plus pouvoir le distinguer dans l’eau.

Bien que cet oiseau appartienne à une espèce normalement autorisée à la consommation et ait été abattu correctement, il est interdit d’en manger.26 Afin d’empêcher quiconque de le faire, l’oiseau est enterré aussitôt qu’il a été sacrifié.27

36 Que rien ne devienne impur. Les ustensiles en bois ou en métal de la maison peuvent ensuite être débarrassés de l’impureté rituelle par l’immersion dans un mikvé, et il est également possible que les aliments présents dans la maison soient consommés par une personne se trouvant alors dans un état d’impureté. À l’inverse, les récipients en argile ne peuvent pas être purifiés de l’impureté rituelle par immersion.28 Aussi, dès qu’ils deviennent impurs, ils ne peuvent plus jamais être utilisés pour cuire de la nourriture rituellement non impure. C’est donc pour épargner ces récipients qu’il convient de vider la demeure.

La portée de l’impureté rituelle présente dans la maison atteinte de tsaraat, ou bien mise en quarantaine pour cause de suspicion de tsaraat, correspond à celle de l’impureté rituelle de l’homme ayant connu deux ou plusieurs écoulements non séminaux réduits29 (ce qui sera abordé en détail plus loin).30

46 D’une de ses quarantaines initiales. Par contre, celui qui entre dans la maison pendant une quarantaine dite « postérieure » – comme c’est le cas d’une quarantaine suivant une purification – ne devient pas rituellement impur. Néanmoins, quiconque pénètre dans une maison déclarée impure devient rituellement impur, même si, pour une raison quelconque, la maison avait été purifiée avant d’être démolie.

15:2 Des sécrétions. Ces types d’impureté rituelle nous rappellent à quel point nos vies sont l’effet d’événements survenus à l’aube de l’histoire humaine – l’épisode ayant trait à l’Arbre de la connaissance du bien et du mal et l’expulsion du jardin d’Éden –, ainsi que notre obligation de lutter continuellement afin d’annuler les conséquences de ces événements jusqu’à ce que le monde soit spirituellement guéri, avec la Délivrance messianique finale.

Nous avons vu31 comment le fait qu’Adam et Ève aient mangé du fruit de l’Arbre de la connaissance entraîna la dégradation du monde, qui devint, pour sa part, une matérialité globale voilant l’énergie Divine par laquelle elle est recréée en permanence. Cette dissimulation du Divin aiguise en nous la conscience de notre existence individuelle, et éveille en nous le sentiment d’être écartés de D.ieu. Ainsi, nous devenons à ce point inconscients de Son existence qu’il peut nous arriver de la nier. La subjectivité extrême de notre perspective nous encourage également à regarder comme des objets les autres êtres humains (ainsi que toutes les autres créatures en général). Si nous étions conscients – comme c’était le cas avant la faute primordiale – de la réalité du Divin, qui renouvelle constamment l’entière création, nous ne serions presque pas conscients de nous-mêmes en tant qu’êtres indépendants, et ne considérerions certainement pas notre existence et nos intérêts particuliers comme méritant davantage d’attention que ceux de toute autre créature. Mais notre subjectivité acquise – le « poison » existentiel du serpent primordial – nous fixe dans une perspective purement matérialiste de la réalité que nous devons nous efforcer de dépasser.

La Torah nous assure que nous pouvons surmonter cette perspective dans la plus large mesure. Telle est la finalité ultime de son étude et de l’observance de tous ses commandements, qui, ensemble, ont le pouvoir de purifier et d’élever notre conscience à des degrés d’innocence quasi angélique, nous libérant ainsi des chaînes de la conscience de soi et nous permettant de ressentir un amour véritablement altruiste pour nos semblables.

Aussi, la réification de l’être humain peut être envisagée comme la faute ultime et archétypale, comme la quintessence du mal, qui s’oppose au progrès du monde vers la Délivrance. Dans ce contexte, nous pouvons comprendre l’importance cruciale que la Torah attache à la façon dont nous maîtrisons nos désirs charnels. Aucune activité humaine ne peut produire un plaisir comparable à celui que produisent l’intimité et la détente charnelle. Il est donc essentiel d’éprouver ce plaisir – dans la mesure du possible – uniquement lorsque nous faisons de l’autre personne le sujet de l’expérience (en nous efforçant de lui donner du plaisir) plutôt qu’en la chosifiant (par le fait de nous servir d’elle comme moyen d’obtenir du plaisir individuel). C’est pourquoi la Torah insiste sur le fait que la seule forme d’écoulement séminal permise est celle dans laquelle un mari insémine sa femme – et même dans ce cas, il est tenu de se concentrer sur son plaisir à elle plutôt que sur le sien. Tout autre type d’écoulement séminal sert à chosifier la femme, car il la réduit au point de vue de l’homme, ce qui est contraire à l’essence de la Délivrance et concourt à prolonger l’exil.

Ainsi donc, l’homme devient rituellement impur par l’effet de tout écoulement de son organe procréateur provenant du désir charnel. Il existe deux types d’écoulements de cet ordre : séminaux et non séminaux. Les écoulements séminaux sont le résultat d’une pulsion charnelle naturelle ; ils rendent l’homme rituellement impur à un degré restreint, comme nous le verrons par la suite.32 Or, même les écoulements séminaux permis rendent le mari rituellement impur, car, comme nous venons de le dire, au cours des relations conjugales il est impossible de ne pas éprouver au moins un certain plaisir. En effet, il faut que le mari éprouve du plaisir lors des relations conjugales pour en donner à son tour à sa femme – lui démontrant ainsi qu’il désire sa compagnie. De façon paradoxale, la Torah insiste bel et bien sur le fait que le mari éprouve ce plaisir alors que cette expérience même le rend rituellement impur, le plus petit iota de conscience de soi nous séparant de D.ieu, même subtilement.

En revanche, les écoulements non séminaux sont l’effet d’un appétit charnel anormalement gonflé, résultant d’une attitude complaisante vis-à-vis de paroles, de pensées ou d’actes lascifs. Un seul cas d’écoulement non séminal rend l’homme rituellement impur au même degré qu’un écoulement séminal,33 car, en tant qu’incident isolé, il ne fait que refléter l’état de conscience dégradé que nous avons tous hérité du serpent primordial.

Or, lorsqu’un homme subit tour à tour deux écoulements non séminaux (c’est-à-dire séparés entre eux par moins d’un jour plein), ceci indique qu’il s’est corrompu de son plein gré, allant au-delà de la réification humaine « naturelle » (soit postérieure à l’épisode de l’Arbre de la connaissance). Dans un tel cas, son impureté rituelle est plus grave, d’où elle requiert une semaine entière pour être expurgée. Lorsqu’un homme a trois émissions non séminales consécutives, c’est le signe qu’il est si solidement ancré dans sa vision corrompue de la vie que celle-ci est devenue sa conscience normative. De ce fait, son impureté rituelle revêt une telle gravité qu’elle requiert – en plus d’une semaine entière de purification – un rite de sacrifice complet.

Néanmoins, tout en nous mettant en garde de ne pas renforcer la conscience contraire au Divin en transgressant la volonté de D.ieu, la Torah nous enseigne que le pouvoir du repentir est si grand que même celui qui a intériorisé le mal au point d’avoir déplacé sa conscience naturelle peut encore en être réhabilité.34

5 Quiconque touche. Il a été mentionné auparavant35 que seuls les aliments et les boissons peuvent être atteints d’impureté rituelle de façon indirecte, contrairement aux personnes ou aux ustensiles. Or, lorsque le moyen de transmission est l’objet sur lequel un homme ayant subi une sécrétion s’est allongé ou assis, cette règle n’est pas valable, car de tels objets transmettent l’impureté rituelle à des personnes et à des instruments (y compris les vêtements).

19 Par la date de leur apparition. À partir de la première fois de sa vie où elle a ses règles, la femme commence un cycle plus ou moins flexible dans lequel se succèdent des périodes menstruelles de sept jours et des périodes non menstruelles de onze jours. On considère que la menstruation s’étend exactement sur une période de sept jours même si les saignements se produisent pendant plus ou moins de jours. Au cours des périodes de onze jours, tout saignement utérin occasionnel est tenu pour non menstruel.36 Même si chaque période menstruelle de sept jours est immédiatement suivie d’une période non menstruelle de onze jours, la période menstruelle de sept jours suivant à son tour cette période non menstruelle de onze jours ne commence pas tant que le saignement ne se produit pas.

À titre d’exemple : la première période menstruelle chez la jeune fille commence avec l’apparition de ses premières règles. Dès que ces sept jours sont terminés, elle recommence à compter. Tout saignement survenu au cours des onze jours suivants est considéré comme non menstruel. Si elle ne saigne pas pendant ces onze jours, ou si elle saigne durant deux jours consécutifs au maximum, ses menstruations suivantes commenceront la prochaine fois qu’elle saignera, peu importe le moment où cela se produit. Après cette seconde menstruation de sept jours, elle compte encore onze jours pour les saignements non menstruels, et ainsi de suite.

Or, si pendant une période non menstruelle de onze jours elle saigne pendant trois jours d’affilée ou davantage, sa période menstruelle suivante, d’une durée de sept jours, est différée jusqu’à ce qu’elle ait cessé de saigner, après quoi l’on comptera sept jours complets et consécutifs sans saignement, comme cela sera expliqué plus loin. Le prochain jour où elle saignera après ces sept jours est considéré comme le premier jour de sa prochaine menstruation, après quoi elle compte à nouveau onze jours de saignement non menstruel, et ainsi de suite.

Si la femme vient à saigner au cours des deux derniers jours correspondant à la période de onze jours sans menstruation, et continue ensuite à saigner pendant un ou plusieurs des jours suivants, ces jours de saignement suivants ne se combinent pas avec les deux jours de saignement non menstruel de manière à constituer une période de trois jours ou davantage de saignement non menstruel censée être suivie d’un décompte de sept jours pleins. Ce saignement ultérieur indique le début de sa seconde période menstruelle.37

La Torah aborde en premier lieu l’impureté rituelle contractée par une femme à la suite des saignements menstruels.

La durée. Dans la mesure où – dans ce contexte – il n’existe pas de différence empirique entre le sang menstruel et le sang non menstruel (le seul facteur susceptible de la déterminer étant le jour où le saignement a eu lieu), il est assez facile de se tromper en comptant et confondre un type de sang avec un autre. En outre, comme nous le verrons, la Torah interdit les relations conjugales lorsque l’épouse est devenue rituellement impure en raison de saignements – qu’ils soient menstruels ou non –, de sorte que les lois concernant cette sorte d’impureté rituelle sont aussi bien pertinentes lorsque le Temple existe qu’à présent, où il fait défaut.

C’est la raison pour laquelle Rabbi Yehouda le Prince – le rédacteur de la Michna – établit, à la suite des bouleversements entraînés par la destruction du Second Temple et l’exil du peuple juif qui s’ensuivit (IIe siècle), que, chaque fois qu’une femme saigne un ou deux jours de suite, elle comptera six jours sans saignement avant de s’immerger dans le mikvé, et, lorsqu’elle saigne plus de trois jours d’affilée, sept jours sans saignement. De cette façon, il n’est pas nécessaire de garder en mémoire les périodes de sept et de onze jours. Si elle saigne pendant un ou deux jours, elle est en principe autorisée à avoir des relations conjugales, soit après le second ou le troisième jour suivant le saignement (s’il s’agit d’un saignement non menstruel), ou après le septième jour suivant les débuts du saignement (s’il s’agissait d’un ou deux jours correspondant à ses menstrues) ; le fait de compter six jours pleins couvre donc les deux possibilités. Or, si elle a saigné pendant trois jours ou davantage, trois de ces jours auraient pu être non menstruels ; elle doit donc compter sept jours pleins pour couvrir cette possibilité.

Or, les femmes juives des temps de Rabbi Yehouda le Prince décidèrent d’elles-mêmes de compter sept jours pleins quelle que soit la durée du saignement, ne serait-ce qu’un jour, afin qu’il y ait une seule règle pour tous les cas. Cette rigueur supplémentaire a été approuvée par les autorités législatives de l’époque et est devenue une loi juive en vigueur jusqu’à ce jour.38

Sang menstruel et sang non menstruel. Ces deux types de sang, et l’impureté rituelle qu’ils transmettent, font pendant aux deux types d’écoulements touchant les hommes (séminaux et non séminaux) et à l’impureté rituelle qu’ils transmettent, comme il est décrit plus haut.39 Les règles relatives au saignement féminin, tout comme celles portant sur les écoulements masculins, nous renvoient à l’aube de l’histoire humaine, et nous rappellent à quel point nos vies sont le produit de l’épisode survenu avec l’Arbre de la connaissance du bien et du mal et l’expulsion du jardin d’Éden qui s’ensuivit. Elles nous rappellent également que nous devons nous efforcer sans cesse d’inverser les conséquences de ces événements jusqu’à ce que le monde soit parfaitement guéri au sens spirituel, avec la Délivrance messianique finale.

Le cycle menstruel fait partie des « douleurs » qui devinrent partie intégrante du processus de gestation à la suite de l’épisode lié à l’Arbre de la connaissance. Comme cela a été expliqué à propos de la faute primordiale,40 c’est le côté féminin de notre psychisme – notre volonté d’accomplir l’inspiration Divine et faire ainsi du monde la demeure de D.ieu – qui est le plus susceptible d’être en proie aux attraits du mal. Afin de rectifier ce penchant, la femme et son mari – car, à travers elle, il devient également affecté par son cycle menstruel – doivent se rappeler périodiquement que, tout en étant les associés de D.ieu dans la création, ils restent faillibles. Le sentiment, potentiellement enivrant, qui peut découler du fait de participer au miracle de mettre au monde un nouvel être humain (ce qui constitue un archétype de la propagation de la conscience du Divin à travers la création en général) doit être atténué par un rappel des limitations humaines. Ainsi, au moyen du cycle menstruel, la femme et le mari se trouvent rabaissés dans leur ego par leur acceptation de la nécessité de se soumettre à la volonté de D.ieu afin d’être à même d’accomplir Sa mission sur terre.

Le saignement menstruel normal rend la femme rituellement impure à un degré restreint, comme nous le verrons plus loin. La durée de cette forme d’impureté rituelle et le processus de purification qui y est associé sont généralement suffisants pour restaurer dans le couple la conscience du Divin qui est la sienne (jusqu’à ce que, le mois suivant, il devienne nécessaire de répéter le cycle). Ce nettoyage périodique du « poison » existentiel que le serpent primordial injecta dans notre âme lorsqu’Adam et Ève mangèrent du fruit interdit devra se poursuivre jusqu’à ce que D.ieu « fasse en sorte que l’esprit d’impureté disparaisse de la terre ».41

Le saignement non menstruel, en revanche, est la conséquence d’un ego féminin anormalement gonflé, où l’assurance de soi, au lieu d’être amoindrie par le cycle menstruel, s’accroît du fait de la transgression arrogante et continuelle des contraintes établies par la volonté de D.ieu. Cette hubris coupable entraîne l’apparition de saignements utérins aléatoires – un rappel de la fragilité de l’être humain – préalablement à la reprise du saignement régulier, ce qui provoque une aggravation de l’impureté rituelle ; aussi, il est requis une semaine complète de purification suivie de rites de sacrifice.

Ici encore, en même temps qu’elle nous prévient de ne pas renforcer la conscience opposée au Divin par la transgression de la volonté de D.ieu, la Torah nous enseigne que le pouvoir du repentir est si grand que même celui qui a à ce point intériorisé le mal peut encore être réhabilité.42

23 Sur lequel elle s’est allongée. À l’instar de l’homme dégageant une sécrétion non séminale, si la femme a craché sur quelqu’un et que des gouttes de sa salive touchent l’individu, ou que celui-ci les porte sans pour autant les toucher de ses mains, lui et tous les vêtements qu’il portait alors sont devenus rituellement impurs, raison pour laquelle ils doivent être immergés dans un mikvé. Après cela, ils resteront impurs jusqu’au soir, moment à partir duquel ils seront libérés de cette impureté.

En outre, si quelqu’un porte sur soi de la salive, du sang menstruel ou de l’urine de cette femme, ou qu’il ait été en contact avec des objets sur lesquels elle s’est allongée ou assise, ou sur lesquels elle est montée, lui et les vêtements dont il était alors revêtu sont devenus rituellement impurs et doivent être immergés dans un mikvé ; ils resteront impurs jusqu’au soir, et par la suite ils seront débarrassés de cette impureté.

Puis quelqu’un la touche. En revanche, si la femme se contente de toucher l’objet (même s’il s’agit d’un objet conçu pour s’asseoir ou s’allonger dessus), l’objet touché transmettra l’impureté uniquement à des aliments et des boissons, et non à des personnes ou à des instruments.

Quant aux contraintes relatives aux récipients en argile concernant l’homme qui subit un écoulement non séminal, elles s’appliquent également à la femme dans ses menstrues : si elle déplace un récipient de ce matériau, même en se servant d’un autre objet pour ce faire, il devient rituellement impur.

25 Sur plus de deux jours. La Torah aborde à présent la question de l’impureté rituelle contractée par la femme à cause d’un saignement non menstruel.

Si, au cours de ses onze jours non menstruels, une femme ne saigne que pendant un jour ou deux jours d’affilée, puis passe un jour plein sans saignement, elle peut s’immerger dans un mikvé en ce même jour, après quoi elle sera libérée de cette impureté. Le soir suivant son immersion il lui est permis de consommer toute la nourriture consacrée à laquelle elle a droit, la chair des sacrifices comprise, et de pénétrer dans l’enceinte du Tabernacle.

Or, si ses saignements se poursuivent pendant trois jours de suite ou davantage, la règle à appliquer n’est plus la même.