« Moïse ordonna que, à chaque fête, soit lue la section appropriée de la Torah décrivant les lois relatives à cette fête », déclare Maïmonide. Il énumère les différen­tes fêtes et la section spécifique lue à chacune d'elles. Pour les deux jours qui concluent Souccot, il précise : « le premier jour – Chemini Atséret – on lit le passage Kol Habekhor, et le jour suivant – Sim’hat Torah – ont lit Vézot Haberakha. »1

Le Ma'hzor Vitry2 déclare que Vézot Haberakha, dernière section du Pentateuque, est lue le dernier jour de Souccot afin de rattacher la joie de conclure la Torah à la joie de la fête de Chemini Atséret.

Toutefois, étant donné que Maïmonide rattache Vézot Haberakha au cycle de la fête, plutôt que de la lier à la conclusion de la lecture annuelle de la Torah, il semble que cette paracha se rattache par son thème même au dernier jour de Souccot.

Une question ‘hassidique

Dans divers textes de la 'Hassidouth, une autre question est posée au sujet de la lecture de Vézot Haberakha à Sim’hat Torah : la Torah ayant été donnée à Chavouot, pourquoi observons-nous Sim’hat Torah –la « joie de la Torah » – le second jour de Chemini Atséret ? Chavouot semblerait être une occasion bien plus appropriée pour cette joie.

La réponse en est que la joie de Sim’hat Torah se rapporte à la réception des secondes Tables qui eut lieu à Yom Kippour. Pour cette raison nous nous réjouissons à l’issue de Souccot qui est « la conclusion du service de Yom Kippour ».3

C'est une vérité bien connue que les enseignements intérieurs de la Torah – « l'âme de la Torah » – et ses enseignements révélés – « le corps de la Torah » (Zohar III, 152-a) – ne sont pas deux entités séparées, mais constituent une seule Torah complète et parfaite. Les termes âme et corps indiquent leur inséparable unité organique. De cela on peut comprendre que chacun des aspects des enseignements « intérieurs » de la Torah doit correspondre à ses enseignements « extérieurs » et s'harmoniser avec eux. Pourquoi alors cette question est-elle posée dans les écrits 'hassidiques ? La loi révélée ne déclare-t-elle pas : « Car la lecture de la Torah est alors terminée, et il est approprié de se réjouir à l'occasion de sa conclusion » ?4

La 'Hassidouth soulève ce problème parce que celui-ci éclaire la raison de la succession originale des diverses lectures de la Torah. En effet, pourquoi nos Sages ont-ils ordonné, dès le début, que la lecture de la Torah commence le Sabbat après Souccot, se prolonge tout au long de l'année, et qu'elle se conclue dans l'allégresse à l'achèvement de Souccot ? Il semblait bien plus adéquat que le cycle commençât et se terminât à Chavouot, période de l'année où la Torah fut originairement donnée. C'est ce problème que résout la 'Hassidouth en nous informant que, puisque nous avons reçu à Yom Kippour les Secondes Tables de la Loi qui furent « d'une force double » par rapport aux premières, c'est ce jour-là qu'a lieu notre réjouissance.

Pourquoi pas à Chavouot ?

En fait, la question que pose la 'Hassidouth s'applique même à notre pratique présente qui est d'achever la lecture de la Torah à Sim’hat Torah et non à Chavouot.

En effet, dans la mesure où cette dernière fête est le temps où nous reçûmes la Torah, il eût été a priori approprié de fixer à cette date notre réjouissance, observant ainsi la conclusion de la Torah. Cette idée est basée d'abord sur la citation que Rachi fait des Azharoth de Rav Saadiah Gaon, selon laquelle les Dix Commandements contiennent toutes les 613 Mitsvot dans une forme quintessenciée. Ainsi, au temps du don des Dix Commande­ments, eut lieu également la conclusion du don de la Torah entière. Dès lors, il est logique de penser que ce jour devrait être observé comme marquant « la conclusion de la Torah », puisque celle-ci fut donnée dans sa totalité à ce moment-là.

Une autre raison, plus impérative, pour l'observance de Chavouot comme marquant « la conclusion de la Torah », peut être tirée du principe selon lequel l'acquisition de tout savoir toranique entraîne une célébration joyeuse. Le Midrache déclare : « D.ieu dit à Salomon : Tu as demandé la sagesse pour toi-même, de par ta vie même, sagesse et intelligence te sont données ... Aussitôt, Salomon s'éveilla ; c'était un rêve. Rabbi Isaac a déclaré : “Le rêve se réalisa : un âne fit entendre son braiment, et Salomon le comprit ; un oiseau gazouilla, et il comprit son gazouillement. Il se rendit sur-le-champ à Jérusalem et se tint debout devant l'Arche de l'Alliance. Il offrit des sacrifices et fit un banquet pour tous ses serviteurs.” Rabbi Elazar déclare : “Cela nous enseigne qu'un festin marque la conclusion de la Torah.” »5

Seuls les Dix Commandements furent donnés sous une forme révélée ; néanmoins, la Torah dans sa totalité fut donnée à Israël en même temps,  bien que sous une forme cachée. Ce concept de con­naissance potentielle, latente dans la Torah, et qui doit être découverte est également reflété dans les paroles de nos Sages : « Absorbez-vous dans l'étude de la Torah, car c'est là que tout se trouve. »6

Le fait qu'Israël reçut la Torah dans sa totalité est une raison suffisante pour faire de Chavouot un temps de réjouissance et pour désigner ce jour comme une fête marquant la « conclusion » de la Torah.

La 'Hassidouth souligne fré­quemment l'idée selon laquelle chaque fois qu'une fête juive est observée, les révélations spirituelles du passé reviennent et exercent leurs effets dans le présent et même dans le domaine de l'existence humaine. Ainsi apparaît-il qu'à chaque Chavouot se renouvelle la réception de la Torah. Cela est reflété dans la lecture de la section décrivant le Don de la Torah, et des Dix Commandements, lesquels con­cluent le don de la Torah, sous forme de commandement. L'occasion apparaîtrait donc comme la plus appropriée pour commémorer « la conclusion de la Torah ».

Pourquoi n’est-ce pas le cas ?

Une joie nécessairement authentique

On peut répondre à cette ques­tion de la façon suivante : les premières Tables furent données au peuple juif comme un don d'En-Haut. Cela contraste directement avec Chemini Atséret, quand se conclut la Torah, c'est-à-dire quand le peuple juif a étudié la Torah durant toute l'année et en a achevé l'étude – grâce à ses efforts – à Chemini Atséret.

C'est pourquoi Chemini Atséret, plutôt que Chavouot, marque la conclusion de la Torah : une joie extrême et sincère à la réception de quelque chose ne peut avoir lieu que lorsque ce n'est pas du « pain honteux », quelque chose reçu gratuitement, sans effort de notre part.

Ainsi, Chemini Atséret exprime notre joie d'avoir effectivement étudié la Torah, étude maîtrisée grâce à nos efforts. Cette joie concerne même ceux qui ont lu les paroles de la Torah sans en comprendre la vraie signification. Eux aussi participent aux réjouissan­ces de Sim’hat Torah car, bien qu'ils ne « comprennent » pas, leur engagement sincère envers D.ieu est affirmé par le biais de la Torah écrite qu'ils ont prononcée avec leurs lèvres – ce qui, au regard de D.ieu, équivaut à l'étude de la Torah.

Or, ceci n'est pas applicable à Chavouot, bien que cette fête implique aussi la conclusion de la Torah. Certes, la Révélation Divine de celle-ci apparaîtrait d'une valeur bien supérieure à l'étude humaine, mais, étant donné que la Torah y fut donnée comme un don d'En-Haut, sans aucun effort d'étude de la part d'Israël ici-bas, la joie est incomplète.

Le Talmud déclare : « un homme préfère une mesure de grains résul­tant de son propre effort à neuf mesures données gratuitement par un ami. »7 Quand un homme reçoit quelque chose qu'il est tout a fait incapable d'obtenir par son propre effort, il en éprouve de la joie. Toutefois, cette joie n'est pas aussi complète que celle découlant d'une réalisation due à ses efforts. Dans le cas inverse d'un homme capable d'acquérir quelque chose par ses efforts, mais qui le reçoit sous forme de don offert par quelqu'un d'autre comme du « pain honteux », sans qu'il y eût la moindre peine de sa part, sa joie est oblitérée par la conscience de n'avoir dépensé aucune peine qui lui permette de se sentir fier de sa propre réalisation.

Ceci se rattache particulièrement au sujet dont nous discutons, car D.ieu donna la Torah à Chavouot avec l'idée que les Juifs s'ab­sorberaient dans son étude. Pour cette raison, la « conclusion de la Torah » contenue dans Chavouot ne donne pas lieu à une réjouissance particulière : c'était, en cette période, un « don d'En-Haut ».

La joie des enfants

Et cela est évident pour tous, car, dans la mesure où Sim’hat Torah con­cerne tous les Juifs (hommes femmes et enfants participent à son obser­vance joyeuse), la raison de Sim’hat Torah doit être saisie par tous, y compris par les tout jeunes enfants.

En effet, la même question se pose également à leur niveau : pourquoi la fête de Chavouot ne fut-elle pas désignée comme le jour où serait célébré Sim'hat Torah ? L'enfant aussi a conscience qu’il s’agit du « le temps du Don de la Torah ».

La réponse peut être illustrée par deux expériences con­trastées de l'enfant même. Chaque enfant juif reçoit la Torah dès son plus jeune âge, car « Moïse nous a commandé la Torah, un héritage du peuple de Jacob », signifiant par là que la Torah est l'héritage personnel de chaque Juif, fût-il le plus jeune enfant. Certes, celui-ci n'en pénètre pas, pour le moment, le sens, mais avec les années, la maturité intellectuelle venant, il sera à même de le comprendre. Ces deux facteurs contradictoires (la Torah en tant qu’héritage de l'enfant, et la Torah dont la compréhension requiert un grand effort personnel) éveillent chez l'enfant deux émotions opposées : de la joie pour le lien qui l'attache à la Torah, et de la souffrance parce qu'il ne comprend pas la Torah à son âge. Il en découle que sa joie dans la Torah, son héritage, est imparfaite au niveau du Don de la Torah.

Les secondes Tables

L'explication qui précède concor­de avec le concept exprimé en divers écrits 'hassidiques, et selon lequel la raison de la coïncidence de Sim’hat Torah avec Chemini Atséret est que les secondes Tables furent données à Yom Kippour et que cet événement est commémoré à Chemini Atséret, qui a lieu bientôt après Yom Kippour. Cela expliquerait aussi que « la conclusion [de la lecture] de la Torah » soit fixée à Chemini Atséret, car à ce moment-là, l'homme, par ses intenses efforts, a achevé l'étude de la Torah écrite.

La distinction générale entre les premiers Dix Commandements et les seconds est que les premières Tables étaient « l’œuvre de D.ieu » et « la parole écrite de D.ieu » alors que les secondes Tables, bien qu'elles fussent aussi « la parole écrite de D.ieu », furent néanmoins taillées par Moïse. C'est ce qui explique la différence entre les effets qu'elles exercèrent au sein d'Israël et dans le monde.

Nos Sages nous disent que « si les premières Tables n'avaient pas été brisées, la Torah n'aurait jamais été oubliée par Israël... et aucune nation, aucune langue, n'aurait pu avoir raison de notre peuple »8

Avec le don des secondes Tables fut introduit un facteur nouveau de l'intense effort pour accéder à la maîtrise de la Torah.

En effet, avec les premières Tables, Israël reçut la Torah telle qu’elle provient directement d'En Haut, à la manière mystique d'une « lumière directe » (« or yachar »). Sur le plan de la « révélation d'En Haut », les premières Tables dépassaient de loin les secondes. Toutefois, la réception de ces dernières ajoutait une autre dimension de vaste portée spirituelle – la peine et l'effort personnels dans l’étude de la Torah, à la manière mystique d'une « lumière qui se réverbère » (« or ‘hozer »). C'est spécifiquement par l'effort de l'hom­me en la Torah qu'est évoqué et révélé un aspect de celle-ci bien plus élevé que celui de la Torah manifestée dans le don magnanime des premières Tables. C'est pourquoi nous nous réjouissons à Sim’hat Torah, qui est le point culminant et la conclusion du don des secondes Tables à Yom Kippour, et ce jour est l'occasion principale pour la réjouissance en la Torah.

Tsadikim et Baalei Techouva

Dans les écrits 'hassidiques mentionnés plus haut, une autre raison est citée pour la désignation de Sim’hat Torah en coïncidence avec Chemini Atséret comme résultant des secondes Tables :

Les premières Tables correspondent au service spirituel des Tsadikim – les justes, spirituellement dépourvus de tout mal. Car la Torah nous dit : « Et Israël campa là », au Sinaï, « comme une seule personne »,9 tous unis dans leur volonté commune de recevoir la Torah. Cette disposition intense trouva son éloquente expression dans la déclaration que fit le peuple d'Israël, « naassé venichma » : l’engagement de « faire » et accomplir les commandements de la Torah avant même « d'entendre », d'être instruits de son contenu et de ses enseignements. En outre, lorsqu’ils se tinrent face au Sinaï, ils étaient lavés, débarrassés de la « zouhamah », l’impureté qui souillait l'humanité depuis la première transgression d'Adam10. Lors du don des premières Tables, les Enfants d’Israël étaient tous des Tsadikim.

Les secondes Tables, toutefois, correspondent au niveau de Baalei Techouvah – les repentants – éprouvant le remords profond résultant du péché du Veau d'Or. L'occasion pour eux de se réjouir était donc spécifiée pour le temps ayant un rapport avec Yom Kippour, lequel reflète leur statut de Baalei Techouvah. En effet, la plus grande joie de l'âme est celle que procure le rapprochement après s’être éloignée.

Révéler ou transformer ?

Ce concept du lien entre Sim'hat Torah considérée comme temps de la conclusion de la Torah, ainsi que comme occasion se rattachant aux Baalei Techouvah, peut être souligné encore si nous précisons une double distinction entre Tsadikim et Baalei Techouvah : a) le service spirituel d'un homme par rapport à lui-même, b) l'effet de son service par rapport au monde.

a) Par rapport à lui-même : un Juif, de par sa nature propre, ne peut être séparé de la divinité. Dans le cas du Tsadik qui n'est pas sujet à l'emprise de l'inclination au mal, son service Divin dérive de sa nature même. Il est aussi fortifié par le serment céleste prêté par l'âme avant sa descente : « Tu seras un Tsadik ».11

Ce n'est pas le cas pour un Baal Techouvah qui a péché et dévié de sa foi. Car de même que la déviation résultait de ses actions mêmes, ainsi son observance ultérieure de la Torah et des Mitsvot doit être basée principalement sur ses efforts personnels, et ce, avec une intensité sans pareille.12

b) Il en va de même quand à l'effet de leur service sur le monde : de même que le service du Tsadik par rapport à lui-même a pour but de révéler les talents et les qualités venus d'En Haut et de les amener du potentiel au concret, il en est de même concernant la « demeure » que le Tsadik crée pour D.ieu dans le monde d'ici-bas. Le Tsadik crée en ce monde une demeure pour l'Éternel, en affinant la chose profane dotée d'une sainteté potentielle intérieure et en révélant celle-ci. Ainsi, le Tsadik, par ses actions, ne transforme rien ni n'apporte rien de nouveau : il « actualise » et révèle ce qui existait déjà potentiellement. Ses actions n’excluent pas totalement la notion de « pain honteux » car son service est basé sur le don de qualités spirituelles dispen­sées d'En Haut lors du serment de son âme. Il n'est pas véritablement créatif sur le plan de l'influence et de l'effet de ses actions sur le monde environnant en révélant la lumière de la Divinité, étant donné que cette lumière fait déjà partie de l'existence ici-bas.

Contrastant avec cela, le Baal Techouvah affine et élève même des actions précédentes où le mal était intentionnel, ce qui les transforme en actes de mérite et de bonté. Ainsi, ses actions exercent une influence même dans le domaine des choses qui s'opposent à la Divinité, les changeant en actes de vertu, en « réceptacles » pour le divin.

Une vaillance sans égale

Ce service n'est pas semblable à celui du Tsadik qui révèle concrète­ment ce qui était potentiel ; au contraire, c'est quelque chose de tout a fait nouveau et d'authentiquement original. C'est pour cette raison que le service du Baal Techouvah est dépourvu de l'aspect de « pain honteux » : ce service spirituel (tant par rapport à lui-même que par rapport à l'effet de ses efforts pour faire de ce monde une « demeure » appropriée pour la Présence Divine) est enraciné dans sa propre conduite marquée d'une « vaillance sans égale », jusqu'à ce qu'il accomplisse enfin la transformation du mal effectif en vertu et en sainteté.

Un élément commun se dégage de ces deux explications : l'importance de la Torah étudiée grâce à l'effort personnel. C’est la raison pour laquelle nous fêtons Sim’hat Torah à Chemini Atséret et non à Chavouot et c’est la base de l’explication selon laquelle la joie de Sim’hat Torah découle du don des secondes Tables qui furent données aux Juifs lorsqu’ils étaient des Baalei Techouvah.

Une repentance agréée

Sur la base du raisonnement qui précède, nous pouvons comprendre le rapport qui existe entre la lecture de la paracha Vézot Haberakha et la fête de Chemini Atséret.

Au début de la paracha il est question des premières Tables : « D.ieu vint du Sinaï », etc. À ce sujet la Torah déclare : « Moïse nous a commandé la Torah, héritage des enfants de Jacob ». Héritage reçu en raison d'événements extérieurs à l'individu, et non résultant de ses propres efforts.

Mais, le Talmud attache une grande signification à toute cir­constance présidant à une conclusion, et déclare : Toutes les choses sont selon la manière dont elles sont conclues.13 Ainsi, à la fin de Vézot Haberakha, nous trouvons le verset « ...que Moïse fit devant les yeux de tout Israël ». Ce passage se réfère aux Tables brisées. « Car son cœur le poussa à briser les Tables devant leurs yeux, et D.ieu approuva sa pensée, ainsi qu'il est écrit : “achère chibarta – que tu as brisées14, ce qui selon nos Sages signifie : “yichar [kokhakha] chechibarta – merci de les avoir brisées.” Ce passage exprime subtilement la qualité des secondes Tables, de loin supérieure à celle des premières. Car c'est grâce à l'initiative de Moïse, brisant les Tables devant les yeux de tout Israël, que fut évoqué au sein de la nation juive entière, même en ceux qui n'avaient pas péché en servant le Veau d'Or, l'effort de Techouvah.

Et quand la repentance de tous fut acceptée sans réserve, D.ieu leur donna les secondes Tables, montrant ainsi à l'humanité entière qu'Il acceptait leur repentance et était tout à fait en accord avec eux « dans la joie et la plénitude du cœur ».15 Le don des secondes Tables impliquait que doit exister, dans le domaine de l'effort intellectuel pour la Torah, le service Divin basé sur l'initiative per­sonnelle de chacun.

Une association véritable

Quand, les fêtes du mois de Tichri se succédant, nous arrivons enfin à Chemini Atséret (le temps où toute la révélation Divine des jours sacrés est assimilée par l'âme juive, en plus de la dimension supplémentaire de la Torah révélée et donnée dans les secondes Tables), nous éprouvons la joie parfaite de l'étude de la Torah par notre intense effort.

C'est pour cette raison qu'après avoir conclu la Torah par les mots « devant les yeux de tout Israël », nous entamons immédiatement la lecture de « Béréchith bara – Au commencement D.ieu créa le Ciel et la Terre ». Par l'effet de l'étude de la Torah conduite par le Juif avec ses capacités propres (ce qui correspond au service des Baalei Techouvah enraciné dans leur effort et leur initiative personnelle), celui-ci devient l'associé de D.ieu dans l'œuvre de la Création, et contribue à l'accroître.

Une association authentique existe seulement quand les partici­pants sont tout à fait égaux l'un à l'autre. Aussi, dans le cas du Tsadik dont la tâche consiste principa­lement à révéler ce qui est potentiel afin de faire du monde une demeure adéquate pour la Divinité, les « associés » ne sont pas à égalité. Car D.ieu est Celui qui créa « l'être » en partant du « non-être ».

Mais quand le service Divin du Juif est basé sur ses propres capacités créatives, comme dans le cas du Baal Techouvah (lequel crée effectivement dans une mesure si considérable qu'il transforme « ce qui M'est indésirable » en son contraire : « ce qui M'est désirable »), il peut alors être « comparé », si l’on peut s’exprimer ainsi, à son Créateur et être un véritable associé dans l'acte de la création. Il crée un ciel et une terre nouveaux, où l'on peut sentir que « l'Éternel, D.ieu d'Israël, est Roi et Sa majesté domine tout ce qui existe ».

Le Juif servant à la manière du Baal Techouvah, est aidé dans son ascension vers un niveau spirituel de plus en plus élevé, dans l'accom­plissement de sa tâche et de son but en ce monde.

Likoutei Si’hot vol. 14, p. 156