Bienvenue chez D.ieu

5 ans à peine après la fin de la Seconde guerre mondiale, alors que les blessures physiques et morales peinaient à cicatriser, une voix retentit qui qualifiait le monde de « jardin ».

« Bati legani a’hoti kala – Je suis venu dans Mon jardin, Ma sœur, Ma fiancée... », dit D.ieu au peuple juif dans le Cantique des Cantiques. Et le 6ème Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak – qui avait pourtant échappé à la mort aux mains des bolcheviks et des nazis, dont la propre fille avait été assassinée à Treblinka, et qui souffrait d’une grave maladie évolutive – déclara que cela faisait référence aux temps actuels.

Le Midrash sur ce verset enseigne que le mot legani, « dans Mon jardin », doit être compris comme signifiant liguenouni, « dans Ma demeure nuptiale », là où les mariés s’installent et établissent leur résidence permanente. Leur « chez eux », là où ils sont vraiment eux-mêmes.

Et d’expliquer que notre monde matériel, malgré tous ses travers – ou plutôt du fait de ses travers et du potentiel incroyable que recèle sa rectification, est le lieu que D.ieu a choisi pour y révéler Son essence de manière fixe et permanente. Que notre monde ici-bas, et non les sublimes mondes supérieurs avec leurs cohortes d’anges, est Son « chez Lui » avec nous, et que c’est seulement à cause du péché des hommes que la Divinité y a été occultée.

Mais le Midrash ajoute que la vertu des hommes a permis de réparer cette situation et de faire revenir la Présence divine manifeste dans notre monde lors du Don de la Torah au Sinaï. Jusqu’au Veau d’or, hélas. Mais qu’ensuite D.ieu nous donna le Sanctuaire et le travail de techouva et de raffinement de soi pour réparer cette situation.

Telle est l’idée maîtresse de l’ensemble de maamarim qu’il rédigea en 1950 et donna à publier pour différentes dates, la première desquelles étant le 10 Chevat qui marquait l’anniversaire de la disparition de sa sainte grand-mère. Mais ce jour-là fut celui où lui-même quitta ce monde.

Un an plus tard, son gendre (et petit-cousin), le Rabbi de Loubavitch, prit officiellement sa succession en prononçant un maamar commençant par les mêmes mots et annonçant que cette génération achèverait le travail du peuple juif en exil et verrait la transformation finale et définitive du monde en cette demeure pour l’Essence divine. « Et alors, nous aurons le mérite de nous revoir avec le Rabbi, ici-bas, physiquement, et il nous délivrera », termine-t-il.

Depuis ce jour de 1951, le Rabbi a œuvré sur tous les fronts pour faire du Divin, du Bien et de notre capacité à intégrer ceux-ci dans la normalité de nos vies, des valeurs qui relèvent de l’évidence. Et il n’a cessé de dire que « nous sommes la dernière génération de l’exil et seront la première de l’ère messianique ».

Et chaque année, le 10 Chevat, le Rabbi continua de développer et d’approfondir l’enseignement de Bati legani dans un nouveau maamar.

La semaine prochaine, mardi soir 31 janvier et mercredi 1er février 2023 marqueront cette date du Youd Chevat : la Hiloula du Rabbi Précédent et la prise de fonction du Rabbi. Chacun est invité à en prendre la mesure et à s’y préparer pour que les forces nouvelles qui s’en dégagent puissent être intégrées de manière à concrétiser cette vision et faire de notre propre part dans le monde, de notre propre demeure, une résidence fixe et lumineuse pour le Divin et le Bien, et aussi se préparer – soi-même et son entourage – à la Délivrance qui verra la transformation du monde en un lieu « rempli de connaissance de D.ieu tout autant que les eaux remplissent les mers » (Isaïe 11,9).

Chabbat Chalom !


Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org