Ne pas pouvoir voir D.ieu
Chers amis,
Nous avons longuement évoqué dans notre éditorial de la semaine dernière le sujet de Guimel Tamouz – le 3 Tamouz – qui marque l’anniversaire de la disparition du Rabbi de Loubavitch à cette date en 1994.
Mais comme j’écris ces lignes ce jour même de Guimel Tamouz, c’est le sujet qui occupe mon esprit, ou devrais-je dire : qui remplit mon esprit, en fait qui remplit l’univers entier, et tous les mondes supérieurs, et toute l’éternité.
Ce sentiment n’est pas seulement dû à l’attachement profond qui unit un Rabbi et ses ‘hassidim. Il n’est pas seulement dû à la portée historique de l’œuvre du Rabbi – qui se perpétue jusqu’à nos jours depuis 26 ans, et ce, avec un développement toujours plus dynamique.
Il est surtout dû au message légué par le Rabbi dans le dernier maamar qu’il a distribué.
À l’approche du 10 Chevat, qui marque le départ de ce monde de Rabbi Yossef Its’hak, le Rabbi précédent, et la prise de fonction du Rabbi, nous évoquons le premier maamar que le Rabbi prononça alors, en ce jour de 1951, sur le verset du Cantique des Cantiques : « Bati legani... » Dans ce maamar, il exposait le programme pour notre génération, la mission de mettre à bas le mauvais penchant et de terminer la réparation du monde de sorte à le rendre apte à la révélation messianique prochaine.
Puis, pendant près de 40 ans, le Rabbi a prononcé des centaines de maamarim. Puis, en 1989, cela s’est arrêté. Le Rabbi ne prononça plus d’enseignements sous la forme spécifique des maamarim, mais sous la « forme informelle » de ses allocutions régulières, appelées « si’hot ». Ce n’était toutefois pas la fin des maamarim, puisque le Rabbi avait commencé à publier d’anciens maamarim à des dates clés du calendrier ‘hassidique. Ces éditions remplissent 6 volumes.
Ce fut le cas du maamar connu comme étant « le dernier maamar du Rabbi » : un maamar prononcé en 1981 que le Rabbi revit et publia pour le jour de Pourim Katane en 1992. Fait assez rare pour être signalé, le Rabbi distribua lui-même le fascicule imprimé de ce texte à toute la communauté pendant de nombreuses heures. Moins de deux semaines plus tard, le 27 Adar I 5752, le Rabbi souffrit d’un AVC alors qu’il se tenait dans le Ohel du Rabbi précédent en priant pour tous ceux qui sollicitaient une bénédiction, comme il le faisait régulièrement. Deux ans plus tard, jour pour jour – le 27 Adar 5754 (1994), le Rabbi souffrit d’un second AVC, et quelques mois plus tard, le 3 Tamouz, l’impensable arriva, et le Rabbi repose désormais au Ohel au côté de son beau-père.
Au-delà du traumatisme, tous les ‘hassidim se penchèrent sur l’immense somme des enseignements du Rabbi pour trouver des ressources spirituelles permettant non seulement de traverser cette épreuve, non seulement de la surmonter, mais de la sublimer. De vaincre. Car c’est ce que le Rabbi nous a demandé.
Et l’une des sources qui devint l’un des piliers philosophiques de l’approche de cette nouvelle réalité, de cette « dernière épreuve », était précisément le maamar « Véata Tetsavé », le « dernier maamar du Rabbi ».
Bien que l’étudiant chaque année depuis 26 ans, le fait d’en avoir rédigé une traduction commentée cette année m’a fait percevoir ce texte sous un éclairage renouvelé.
Je ne vais pas m’étendre ici sur les nombreux enseignements de ce maamar (vous en retrouverez la traduction dans cette rubrique, ainsi qu’un article très accessible sur quelques leçons qui en émanent). Juste un. Le Rabbi explique dans le maamar que tout ne tient qu’à une seule chose : à quel point un Juif désire voir D.ieu.
Oui, voir D.ieu est humainement impossible. Et parfaitement possible si D.ieu le souhaite.
Mais la question ne se pose pas en termes de voir D.ieu ou de ne pas Le voir.
La question est, à quel point nous voulons Le voir. À quel point nous ressentons que dans le cadre de notre relation avec Lui, il est évident que nous devrions Le voir. Que rien ne saurait être plus naturel. Et que l’absence de cette vision a de quoi nous briser.
Posons-nous tous la question : à quel point la vision du Divin me manque-t-elle ? À quel point les enseignements du Rabbi m’ont-ils sensibilisé au Divin pour que cette vision me manque ?
Introspection. Réflexion. Résolution. Action.
Guimel Tamouz nous y invite tous.
Chabbat Chalom !
Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org