Chavouot, fête matérielle ou spirituelle ?

Chers amis,

En s’interrogeant sur la nature des fêtes juives, le Talmud se demande si elles ont vocation à être des expériences éminemment spirituelles, vécues à travers la prière et l’étude de la Torah, ou bien si elles doivent être des célébrations tout ce qu’il y a de plus « humaines », marquées par des festins et des chants d’allégresse.

La Torah elle-même semble ambivalente à ce sujet :

Un verset ordonne : « Ce sera une atséret – une convocation solennelle – pour l’Éternel ton D.ieu » (Deut. 16,8), tandis qu’un autre dit : « Il y aura une atséret pour vous » (Nombres 29,35).

Le Talmud rapporte le désaccord entre deux sages majeurs de l’époque de la Michna, Rabbi Eliézer et Rabbi Yehochoua, sur l’interprétation de cette apparente dichotomie : selon Rabbi Eliézer, un Juif doit faire un choix sur la manière dont il souhaite célébrer la fête, « soit “pour D.ieu”, soit “pour vous” ». Rabbi Yehochoua, lui, tient qu’il faut associer les deux pratiques, « moitié “pour D.ieu”, moitié “pour vous” » (Beitsa 15b). Toutefois, dans un autre endroit, le Talmud rapport que, s’agissant de la fête de Chavouot, il y a consensus : tous sont d’accord qu’en ce jour, l’aspect « pour vous » est indispensable. La raison ? Tout simplement parce que la Torah nous a été donnée en ce jour ! Existe-t-il une plus grande source de joie ?? (Pessa’him 68b et Rachi).

Le Rabbi de Loubavitch apporte à cette question talmudique un éclairage ‘hassidique : la raison pour laquelle il est fondamental de festoyer le jour de Chavouot est que le Don de la Torah a introduit la possibilité de marier le Ciel et la Terre, le spirituel et le matériel, l’âme et le corps. C’est pourquoi, en ce jour, le « Ciel » et la « Terre » de nos personnalités doivent fusionner pour se charger d’énergie et de vitalité pour toute une année de service de D.ieu dans la joie, dans la symbiose de l’âme et du corps, pour que nos vies quotidiennes soient empreintes de sainteté.

Ainsi, à Chavouot, nous lisons l’épisode de la révélation des Dix Commandements et nous nous pénétrons de son message pour réaffirmer et renforcer leur pertinence permanente, et nous partageons de délicieux repas de fête avec notre famille, pour que la dimension physique de notre existence soit tout autant un support de cette sainteté.

Cette année où beaucoup d’entre nous ne pourrons pas participer aux offices, nous imprimerons à l’avance les Dix Commandements pour les lire vendredi matin à la maison, et nous festoierons comme jamais, en anticipation du Festin de la Délivrance, lors duquel Machia’h nous révélera les secrets de la Torah.

‘Hag saméa’h et Chabbat Chalom !


Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org