Rabbi Akiba Egger fut l’un des plus grands sages de son temps et il eut une grande influence sur la vie juive. Il naquit dans la ville de Eisenstadt en Hongrie en 5521 (1761), il y a presque deux siècles et demi. Sa ville natale fut un centre d’étude de la Torah pendant des siècles et il était issu d’une longue lignée d’érudits et de rabbins. Le nom de sa famille était Gins, mais il fut nommé du nom de son grand-père maternel, Rabbi Akiba Egger, qui fut le Rav de la fameuse communauté juive de Presbourg (cette ville, qui faisait alors partie de la Hongrie, fut rattachée en 1913 à la Tchécoslovaquie sous le nom de Bratislava).
Rabbi Akiba Egger – le petit-fils – étudia à la yéchiva que dirigeait son oncle, Rabbi Benjamin Wolf Egger de Breslau. Il devint plus tard le recteur de la yéchiva de Lissa en Pologne et d’autres yéchivot, et acquis la réputation d’être un érudit exceptionnel.
Après son mariage à la fille d’un notable juif fortuné, il fut choisi pour être le Rav de Markish Friedland en Prusse. Il n’était pas très heureux de cette nomination car il était un homme modeste, dévoué à l’étude et ne souhaitait pas faire de sa science de la Torah une source de revenus. Cependant, après de nombreuses pressions de la part de son beau-père et de sa propre famille, il accepta cette position à l’âge de trente ans et conserva cette charge pendant près d’un quart de siècle.
C’est en 1815 qu’il fut sollicité pour devenir le Rav de la célèbre ville de Posen et devint, de fait, le grand-rabbin de toute la province de Posen bien qu’il n’en eut pas officiellement le titre.
On raconte de nombreuses histoires sur la grande modestie et l’humilité hors du commun de Rabbi Akiba Egger. L’une d’entre elles est lié avec cette seconde nomination : Rabbi Akiba approchait des faubourgs de la ville de Posen dans un calèche, en compagnie de son célèbre gendre, Rabbi Moché Sofer (connu sous le nom de « ‘Hatam Sofer »), le rabbin de Presbourg, qui avait épousé sa fille deux ans auparavant. Toute la communauté sortit à la rencontre des deux grands érudits. Le ‘Hatam Sofer, pensant naturellement que tous ces honneurs étaient destinés à son illustre beau-père qui allait rentrer dans sa nouvelle fonction, descendit de la calèche et marcha à ses côtés pour se joindre à la foule qui rendait hommage à son nouveau rabbin. Quelques minutes plus tard, son regard se porta vers l’autre flanc de la calèche et quelle ne fut pas sa surprise de voir son beau-père marcher lui aussi à côté de la calèche, persuadé qu’il était que la manifestation d’honneur ne s’adressait pas à lui mais à son célèbre gendre.
La grandeur d’âme de Rabbi Akiba Egger et sa totale dévotion à sa communauté sont illustrées par l’anecdote suivante : en 1831, une terrible épidémie de choléra ravagea les pays du centre et de l’est de l’Europe. La ville de Posen fut, elle aussi, frappée par ce fléau mortel et des quartiers entiers de la ville furent mis en quarantaine et interdits d’accès. Au mépris du danger, Rabbi Akiba se rendit dans les quartiers contaminés pour assister les malades. Le roi Frédéric III de Prusse eut vent de cet héroïsme et récompensa Rabbi Akiba Egger par l’octroi d’une médaille honorifique.
Rabbi Akiba Egger était connu pour être une sommité de la loi juive (la halakha), et de nombreux rabbins et chefs de communautés réputés sollicitaient son conseil et son arbitrage. Ses responsa (Téchouvot), qui furent partiellement publiées de son vivant, sont hautement considérées, encore aujourd’hui.
Rabbi Akiba Egger écrivit beaucoup, principalement sur le Talmud dont il analysait et expliquait les problèmes les plus complexes selon sa propre méthode (‘Hidouchim). Ses brèves remarques et annotations figurent dans toutes les éditions standard du Talmud et son œuvre est ardemment étudiée par la plupart des étudiants talmudiques qui apprécient la clarté avec laquelle il élucide et simplifie les passages les plus obscurs.
Sa grande érudition et son autorité contribuèrent de façon décisive à endiguer la tendance vers la réforme du Judaïsme et à l’assimilation qui menaçait la communauté orthodoxe. Il œuvra en permanence pour consolider et protéger les traditions et les institutions du Judaïsme orthodoxe, un combat qui fut partagé et poursuivit inlassablement par son gendre, le ‘Hatam Sofer.
Son œuvre fut poursuivie par ses nombreux disciples, parmi lesquels les plus célèbres furent Rabbi Tsvi Hirsch Kafischer et Rabbi Israël Lipschitz de Dantzig, l’auteur du « Tiféreth Israël », le célèbre commentaire de la Michna.
Rabbi Akiba Egger quitta ce monde à l’âge de 77 ans et sur sa stèle funéraire on peut lire cette épitaphe : « Il fut le serviteur des serviteurs de D.ieu. »
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