Étonnant n’est-ce pas ? Une maladie apparaît dans un pays qui pourrait paraître lointain et bien différent de nos contrées. Elle frappe des hommes en relativement petit nombre, que peu connaissent personnellement, et pourtant, tout à coup, c’est la planète entière qui s’émeut. Alors retentissent les clameurs de la grande peur. Voici que l’on ressort les plans préparés de longue date et que des mesures de précaution sont immédiatement prises. L’organisation sociale a pleinement joué et, sans doute, ne cessera pas de le faire. Mais tout cela n’est-il pas justement bien loin d’ici ? N’avons-nous pas le droit imprescriptible à l’indifférence ? Ne pouvons-nous continuer à mener notre existence comme d’habitude sans nous soucier davantage des aventures – en l’occurrence – d’un malheureux virus ? Certes, dans les temps plus anciens, certains ont pu faire le choix de ne pas voir ni entendre ce qui arrivait à côté d’eux. Aujourd’hui, cette conscience parvient à tous : nous vivons dans un monde unique – à défaut, parfois, d’être uni – et le sort de notre prochain est aussi notre souci.
Le progrès des technologies a fait que la planète est devenue bien petite. Si nous avions pu l’oublier, le rappel en est fait ainsi avec insistance. Plus personne ne peut se dire simplement : « Je me suffis à moi-même. Qu’un autre se charge du reste des hommes. » Voici que penser à l’autre, se préoccuper de lui devient, avec évidence, la responsabilité de chacun. Ceux à qui la pensée juive a, de longtemps, enseigné l’amour du prochain, la volonté de lui venir en aide, matériellement ou spirituellement, n’en sont pas surpris. Et pour tous, à présent, l’appel résonne : personne n’est seul et l’autre n’est pas plus loin de soi qu’une partie de soi-même. Bien sûr, les hommes ne se ressemblent pas, l’individualité est une réalité. Mais leur unité profonde, créatures façonnées par un Créateur unique, est une de ces constantes qui, lorsqu’on les néglige, savent refaire surface avec éclat. Dans un certain sens, c’est ce à quoi nous assistons.
Faut-il y voir un hasard ? Tout cela se produit dans la période où, avec Pessa’h Chéni – la seconde chance de célébrer rituellement la fête, offerte par la Torah aux Juifs qui l’avaient réclamée – et Lag Baomer – jour de la joie essentielle liée à Rabbi Chimon bar Yo’hai par qui le sens profond de la Torah nous est parvenu, le calendrier souligne la puissance de la sincérité du cœur et celle de la lumière de la connaissance. Là encore, comme un message. Si le monde est petit, le cœur et l’âme de l’homme sont grands. Parce que l’homme n’est pas seul, il peut tout accomplir. Y compris réaliser sa liberté personnelle et mener à son accomplissement celle de tous : la venue de la Délivrance.
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