Par la Grâce de D.ieu
26 Nissan, 5729 [14 avril 1969]
Brooklyn, N.Y.

Bénédiction et Salutations,

Votre lettre m’est parvenue avec un certain retard, et je vais tenter de répondre à vos questions dans l’ordre.

[…] Concernant votre dernière question, bien qu’elle apparaisse en dernier dans votre lettre, elle me semble être la plus importante et la plus concrète : où devriez-vous poursuivre vos études supérieures ?

Vous avez sans doute entendu ma position sur ce sujet, que j’ai réitérée à de nombreuses reprises. Elle repose sur le fait qu’une institution éducative, quel que soit son caractère et quel que soit l’objectif de l’étudiant, exerce une double influence : d’une part, dans l’accumulation des connaissances, et d’autre part, en influençant le caractère, les perspectives et les croyances des étudiants, au point d’affecter également l’observance des Mitsvot, etc. Il est évident que ce second aspect d’une institution éducative n’est pas moins important que le premier, et l’est peut-être même beaucoup plus, surtout à notre époque où les influences extérieures sont malheureusement négatives, tandis que l’influence de la maison n’est plus aussi exclusive qu’elle l’était autrefois. Il n’est pas nécessaire de s’attarder sur les facteurs qui ont conduit à l’état actuel des choses, mais les faits sont là.

À la lumière de ce qui précède, il est de mon avis que, pour la poursuite de vos études, même si vous restez proche de votre domicile sous la bonne influence de vos parents et de l’atmosphère familiale, il est important que vous étudiiez dans une institution où l’influence en matière de Torah et Mitsvot est positive. Selon ce que je sais, une bonne institution à ce niveau en Angleterre est [...]. Si vous envisagez d’étudier hors d’Angleterre, je recommanderais [...]. Les autres institutions que vous mentionnez sont, à mon avis, totalement inadaptées pour vous, surtout compte tenu de la situation telle qu’elle s’est récemment développée, et où aucune amélioration ne semble probable dans un avenir proche, dans l’ordre naturel des choses, mais plutôt une détérioration. Le sujet est trop douloureux pour en discuter en détail.

Je souhaite ajouter un autre point, que je pense également essentiel. Nos Sages, de mémoire bénie, ont souligné que tous les Juifs sont comme une grande famille. Par conséquent la vie privée de chaque membre, ainsi que la carrière ou la profession que l’on choisit, et la manière dont on utilise ses capacités, etc., ne concernent pas seulement l’individu, car elles affectent, à un certain degré, chaque membre de cette famille, et le peuple juif dans son ensemble. Si cela a toujours été vrai, ça l’est particulièrement à notre époque, notamment en ce qui concerne la jeunesse juive, et plus spécifiquement ceux, comme vous, que D.ieu a dotés d’un don et d’une capacité particuliers pour œuvrer dans le domaine de l’éducation (‘hinoukh), c’est-à-dire pour influencer d’autres jeunes par l’instruction et l’éducation, en plus d’être un exemple vivant. De plus, une bonne influence sur un jeune, comme je l’ai souligné à de nombreuses reprises, est comparable à un soin apporté à une graine ou à un jeune plant, où même un léger avantage à ce stade précoce se traduit par de grands bénéfices ultérieurs, sans parler de l’impact majeur d’un avantage significatif dès le départ.

Connaissant vos parents et votre environnement, je pense qu’il est inutile d’en dire davantage à ce sujet.

Que D.ieu, dont la Providence bienveillante s’étend à chacun individuellement, vous guide dans le choix de la bonne voie dans la vie. En ces jours entre Pessa’h, la fête de la libération de l’esclavage, et Chavouot, la fête du don de la Torah, puissiez-vous puiser une inspiration et une orientation durables pour vous libérer de toutes pensées distrayantes, afin de suivre le chemin de notre Torah, Torat ‘Haïm [la Torah de Vie], et jour après jour renforcer et approfondir votre compréhension et votre appréciation de la lumière de la Torah et des Mitsvot. Car, bien que le jour du don de la Torah remonte à plus de 3 000 ans, chaque Juif, homme ou femme, doit apprécier et chérir la Torah chaque jour, comme si elle venait d’être donnée, et en puiser avec enthousiasme vitalité et inspiration pour chaque aspect de la vie quotidienne.

En espérant recevoir de votre part de bonnes nouvelles concernant tout ce qui précède,

Avec bénédiction,

M. Schneerson