Parmi les divers matériaux employés pour la construction du Michkane, le verset mentionne l’utilisation de « peaux de ta’hach » pour le revêtement extérieur du Michkane et en tant que housses pour les objets sacrés durant leurs déplacements dans le désert.1 L’identité exacte du ta’hach a fait l’objet de grandes spéculations.
Possiblement utilisé pour les chaussures
L’unique autre occurrence du ta’hach dans les Écritures se trouve dans Ézéchiel, où D.ieu dit qu’après la Sortie d’Égypte, « Je t’ai revêtue de vêtements brodés, chaussée de [peau de] ta’hach, ceinte de lin fin et couverte de soie. »2
Il apparaît donc que la peau de ta’hach convenait aussi pour la confection de chaussures. Certains expliquent d’ailleurs que la peau de ta’hach était en réalité du cuir noir.3 Cependant, d’autres commentaires soulignent que les versets d’Ézéchiel sont des références métaphoriques au Michkane. « Et je t’ai chaussée de peau du ta’hach » est la manière de D.ieu de dire : « J’ai placé Mon Michkane, qui était couvert de peau de ta’hach, pour habiter parmi vous. »4 Ce verset n’indiquerait donc pas réellement que le ta’hach était habituellement utilisé pour les chaussures.
D’autres expliquent qu’il existait deux différents types de ta’hach, l’un pouvant être utilisé pour faire des chaussures et l’autre qui fut utilisé pour le Michkane.5
Teinture ou animal
Dans le Talmud de Jérusalem, nous trouvons trois opinions concernant le ta’hach :
Rabbi Yehouda dit : « C’était du taynin,6 et il a été nommé pour sa teinte. »
Rabbi Ne’hémia a dit : « C’était du galaktinin. »
Les autres rabbins ont dit : « C’était un animal pur (casher), et il vivait dans le désert. »7
Il existe des différences d’opinions quant à ce que Rabbi Yehouda et Rabbi Ne’hémia veulent dire. Rabbi David Hirschel Frankel (1704–1762) dans son commentaire Korban Ha’eida explique que Rabbi Yehouda et Rabbi Ne’hémia tiennent tous deux que « le ta’hach » fait référence à un pigment qui était utilisé pour teindre les peaux de chèvre, et ils diffèrent quant à sa couleur.8
D’un autre côté, Rabbi Moché Margolies (1710–1780) dans son commentaire Pnei Moché explique que Rabbi Yehouda et Rabbi Ne’hémia tiennent tous deux qu’il s’agissait d’une sorte de créature non-casher, bien qu’ils diffèrent quant à son identité.9 Certains expliquent que le mot galaktinin est une conjonction des mots gala xeinon, signifiant « une belette d’un pays étranger ».10
Un animal casher
La tradition du Talmud de Babylone s’accorde avec cette troisième vision, considérant le ta’hach comme un type d’animal casher.11 De quel animal s’agit-il ? En plus de l’affirmation du Talmud qu’il était casher, il y a d’autres indices.
Une licorne géante et colorée
Le Targoum, la traduction araméenne traditionnelle de la Torah, traduit ta’hach par sasgona. Le Talmud explique que c’est parce qu’il se réjouit (sas) de ses nombreuses couleurs (guevanim).12
Selon le Midrash, il s’agissait d’un grand animal sauvage casher doté d’une unique corne (une sorte de licorne), dont la peau arborait six couleurs et qui mesurait environ 30 amot (près de 15 mètres) de long.13
Existe-t-il encore ?
Selon ce qui semble être l’opinion majoritaire dans le Midrash et le Talmud (qui est citée dans le commentaire de Rachi), D.ieu a créé l’animal ta’hach spécifiquement pour être utilisé pour le Michkane. En tant que tel, il exista pendant la construction du Michkane, mais ensuite, il fut « caché » du monde.14
Alors, verrons-nous jamais le ta’hach à nouveau ?
C’est possible. Rabbi Moché Sofer explique ainsi la tradition ci-dessus : l’espèce générale d’animal existe, mais de façon miraculeuse, lors de la construction du Michkane, certains de ces animaux normalement non-cashers ont été créés cashers.15
D’autres expliquent que cette espèce n’est normalement pas présente dans le désert du Sinaï, mais elle s’y trouva miraculeusement quand elle fut nécessaire pour le Michkane.16
Il existe également une opinion qui identifie le ta’hach à un autre animal inconnu appelé le keresh ; cependant, le keresh a existé même après l’époque de la construction du Michkane.17
Alors, qu’était-ce ?
L’identité du ta’hach a fait l’objet de nombreuses spéculations. Parmi les candidats possibles les plus populaires (qui se sont également glissés dans diverses traductions de la Bible), on trouve l’hermine, le blaireau, le phoque, l’antilope, l’okapi, le zèbre et la girafe.
Il est clair que bon nombre de ces candidats possibles ne correspondent pas tout à fait au Talmud ou au Midrash. Et si le ta’hach fut seulement créé pour être utilisé dans le Michkane, il n’y a vraiment aucun moyen de l’identifier.
Le Rabbi de Loubavitch explique que le caractère unique du ta’hach est d’être la seule créature qui fut exclusivement utilisée à des fins saintes. Ainsi, le ta’hach illustre que le but ultime de toute la création est d’être utilisée uniquement dans le service de D.ieu. Cela sera pleinement réalisé avec la construction du Troisième Temple, puisse-t-elle arriver rapidement de nos jours !18
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