Avez-vous déjà été à Beijing (Pékin) en Chine ? Si oui, vous avez sûrement bénéficié des services du Beth 'Habad, du centre communautaire Loubavitch dirigé par Rav Shimon Freundlich ; et si vous y passez Chabbat, vous rencontrerez à sa table des Juifs venus de partout : des touristes israéliens, des hommes d'affaires américains, des étudiants européens. Certains sont pratiquants, d'autres pas encore…
Rav Freundlich accepte des Juifs de tous les horizons à sa table. Il sait les mettre à l'aise et leur procure tout ce dont ils ont besoin : synagogue, cours de Torah, Mikvé (bain rituel), nourriture cachère…
Récemment, alors qu'il séjournait à New York, Rav Freundlich fut invité en tant qu'hôte personnel par le Rabbi de Satmar (une impressionnante communauté hassidique qui n'a pas toujours eu des relations amicales avec le mouvement Loubavitch) : c'est que Rav Freundlich avait rendu service à de nombreux hommes d'affaires d'obédience Satmar quand ils s'étaient rendu à Beijing.
Lors du «Tish», de la réunion 'hassidique, le Rabbi de Satmar murmura quelques mots à l'oreille de son secrétaire. Celui-ci annonça : «Le Rabbi demande que le 'Hassid de Loubavitch (donc Rav Freundlich) dise quelques mots !»
A peine étonné, Rav Freundlich se leva, s'éclaircit la gorge, remercia le Rabbi de Satmar et ses 'Hassidim pour l'honneur qu'ils lui accordaient et commenta plusieurs idées sur la Paracha de la Semaine. Puis il demanda la permission de raconter une histoire dont il avait été témoin dernièrement dans son Beth 'Habad. Le Rabbi de Satmar fit un signe de tête affirmatif et Rav Freundlich raconta :
«Comme certains d'entre vous le savent, notre Beth 'Habad à Beijing accueille des Juifs de tous les âges, de tous les pays. Il y a quelques mois, un homme âgé d'environ 80 ans, qui n'avait pas l'air très pratiquant, est entré dans notre synagogue, accompagné d'un homme âgé d'une quarantaine d'années. Il trouva une place au fond et, l'air renfrogné, il semblait attendre que l'office se passe. Mais quand nous avons commencé à chanter les airs traditionnels avec entrain, il s'est caché le visage dans les mains et s'est mis à pleurer. Il tentait de se calmer mais pour pleurer encore davantage, en se mouchant et s'essuyant les yeux.
Je m'approchai de lui discrètement et lui proposai mon aide mais il m'assura qu'il allait très bien et que je ne devais pas m'inquiéter.
Pour le repas de Chabbat – qui rassemblait quelques 50 convives – je le fis asseoir à côté de moi. Après l'assiette de gefilte fish et avant la soupe, il demanda à prendre la parole, ce que je lui accordai bien volontiers : «Voilà, dit-il, je m'appelle Sam Katz (nous avons changé son nom). Je veux vous expliquer pourquoi j'étais tellement ému pendant l'office du Chabbat. La dernière fois que j'étais dans une synagogue, c'était il y a soixante ans environ en Pologne.
J'étais un jeune garçon quand les Nazis ont envahi notre village et ont déporté tous les Juifs à Buchenwald. En quatre ans dans cet enfer, j'ai tout perdu : mon père, ma mère, mes frères et sœurs, mes camarades de classe… certains ont été tués sous mes yeux. Mais j'ai survécu et, à la fin de la guerre, j'ai remué ciel et terre pour retrouver mes proches. En vain. J'ai quitté l'Europe et me suis installé en Australie.
J'étais seul et en colère contre D.ieu. Je me suis lancé dans les affaires, je suis devenu très riche. Je me suis marié et ai fondé une famille mais ma colère intérieure ne m'abandonnait pas. Je me suis pratiquement juré de ne plus remettre les pieds dans une synagogue, de ne plus avoir affaire avec le judaïsme.
Mais hier je suis arrivé en Chine avec mon associé. Il voulait se rendre au Beth 'Habad et me convainquit : nous n'avions rien d'autre à faire et il savait qu'on y mangeait très bien, dans une ambiance sympathique. J'ai accepté de le suivre.
Quand la prière a commencé, tout m'est soudain revenu. Je me suis souvenu combien mes parents vivaient fièrement leur judaïsme et… c'est comme si un mur de glace fondait tout-à-coup. J'ai pleuré et moi qui pensais ne jamais pouvoir pardonner au bon D.ieu, je me suis senti comme un enfant qui désire rentrer à la maison. Merci à vous tous, merci à Rav Freundlich ! »
Tous les convives applaudirent, émus eux aussi devant une telle sincérité. Puis une femme se leva : «Dites-moi, Monsieur Katz, puisque vous avez survécu à Buchenwald, vous avez peut-être connu mon père : il s'appelle Naftali Kogan (nous avons changé le nom). Lui aussi a survécu à Buchenwald !»
Monsieur Katz ouvrit grand la bouche, respira profondément et pâle d'émotion s'écria : «Naftali Kogan ? Comment ? Il est encore vivant ? Nous n'étions que deux Cohanim dans ce camp et nous étions toujours restés ensemble. Nous partagions nos maigres rations et l'un encourageait l'autre ! Nous étions comme des frères !
Il régnait un tel désordre à la fin de la guerre. Nous avons été brutalement séparés, chacun dans une autre file puis un autre camion… Je l'ai recherché pendant des années par la suite et je pensais qu'il n'avait pas survécu. Mais vous êtes sa fille et il est encore vivant ! Où est-il ? Je veux le revoir !»
Rav Freundlich termina son histoire en précisant que, dès la fin du Chabbat, les deux survivants furent mis en contact par téléphone et qu'ils devraient se retrouver dans les prochains jours. Ceci, conclut-il, n'est qu'un exemple des nombreux miracles qui se passent à Beijing grâce au Rabbi de Loubavitch.
A ce moment, un 'Hassid de Satmar, Reb Yaakov, leader d'une de ces communautés 'hassidiques, se leva brusquement, ouvrit la bouche puis se rassit, le visage pâle comme la craie et les yeux levés vers le plafond. On se précipita pour le ranimer et, dès qu'il eut retrouvé ses forces, il s'écria : «Dites-leur que Yaakov aussi est encore vivant ! De fait, il y avait non pas deux mais trois Cohanim à Buchenwald ! Sam Katz, Naftali Kogan et… moi ! Nous étions comme des frères, plus que des frères ! Juste quelques jours avant la chute des Nazis, j'ai été transféré dans un autre camp. Mes camarades ont dû penser que j'étais mort et c'était presque vrai. Et je pensais de même à leur sujet !…»
Cette histoire vient de se produire et une réunion des trois survivants est prévue incessamment… Leur identité juive était l'ossature qui les a maintenus en vie, même si leurs parcours individuels ont divergé par la suite.
Tout comme le Rabbi de Loubavitch réunit des Juifs grâce à ses émissaires, disséminés dans le monde entier, ainsi le Machia'h rassemblera tout le peuple juif...
Rav Tuvia Bolton - www.ohrtmimim.org
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