Le grand érudit talmudique Rabbi Akiva, dont nous évoquons avec tant d'amour et de vénération le souvenir au jour de Lag BaOmer, ce même Rabbi Akiva qui fut le maître du Saint Tanna Rabbi Chimon bar Yohaï, dont l'anniversaire de la mort tombe le jour de Lag BaOmer, ce même Rabbi Akiva qui pendant de nombreuses années fut un berger inculte et qui devint plus tard le plus grand Tanna de son époque à la tête de 24 000 disciples, ce même Rabbi Akiva qui connaissait les secrets de toutes les « couronnes » placées sur les lettres de la sainte Torah et qui pouvait interpréter la Torah jusqu'aux plus infimes détails, tels qu'ils nous ont été donnés par Moïse sur le mont Sinaï, le même Rabbi Akiva qui à une époque de sécheresse s'était écrié : « Notre Père, notre Roi, nous n'avons pas d'autre roi que Toi ! Notre Père, notre Roi, aie pitié de nous ! » et aussitôt la pluie tomba du ciel, ce même grand et saint Tanna Rabbi Akiva ben Yossef périt comme un martyr pour la sanctification de Son Nom.

Rabbi Akiva était en effet un de dix suppliciés par ordre du roi, de ces dix saints et grands Tanaïm, qui furent suppliciés par ordre du cruel Turnus Rufus, le proconsul romain.

A cette époque, lorsque le régime romain dans la terre d'Israël avait interdit d'observer la Torah sous peine de mort, Rabbi Akiva ne cessa d'encourager ses frères persécutés à l'accomplissement des commandements divins. Il préconisa le sacrifice de la vie plutôt que de renier la foi juive. C'est alors que les Romains s'emparèrent de lui, l'enchaînèrent et le jetèrent dans la prison.

Rufus le cruel condamna Rabbi Akiva à subir une mort atroce. Mais en même temps un message lui parvint que le roi d'Arabie avait déclenché la guerre contre ses armées. Il se vit obligé de remettre l'exécution capitale et d'aller à la rencontre des insurgés.

Rabbi Akiva resta dans la prison sous une garde sévère et impitoyable. Personne ne put avoir accès à lui. Un jour, les sages étaient indécis d'une certaine pratique religieuse. Ils dépêchèrent vers lui son disciple Yo’hanan HaSandlar, déguisé en marchand ambulant. Rabbi Yo’hanan HaSandlar approcha du mur de la prison où Rabbi Akiva se trouvait incarcéré et se mit à crier : « Des aiguilles à vendre, des boutons à vendre ! » Il s'ingénia à formuler la question sur le même ton que ses cris, et demanda ; « Qu'en est-il ? Comment doit-on agir dans un cas pareil ? » Rabbi Akiva, du fond de sa cellule lui demandait : « Est-ce que tu as des baleines à vendre ? Cachère ! »

C'est ainsi que Rabbi Akiva, tout en restant dans sa cellule, arriva à donner ses avis et à trancher les questions touchant la pratique religieuse.

Lorsque Rufus revint de la guerre, il ordonna d'exécuter la sentence et de faire subir la peine capitale à Rabbi Akiva en présence de ses disciples et de toute la population. Le bourreau avait reçu l'ordre de faire mourir Rabbi Akiva dans d'atroces tortures, en lui arrachant la chair avec des peignes de fer.

C'était le matin du jour de Kippour, et pendant que Rabbi Akiva récitait son « Chéma Israël », le bourreau exécuta la sentence, mais Rabbi Akiva subit le supplice atroce sans pousser un seul soupir.

Bien mieux, un sourire effleurait ses lèvres pendant qu'on lui arrachait la vie.

Le barbare romain ne pouvait en croire ses yeux. « As-tu une formule magique quelconque, s'étonna-t-il, par laquelle tu arrives à l'insensibiliser contre la douleur, ou bien est-ce que tu souris pour me contrarier ? »

Rabbi Akiva ne put que jeter un regard de mépris sur son tortionnaire et lui répondit comme suit :

« Il nous a été ordonné d'aimer D.ieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre pouvoir. Jusqu'à maintenant, il m'a été donné de prouver mon amour à D.ieu de tout mon cœur et de tout mon pouvoir. Et maintenant, j'ai la possibilité de prouver mon amour à D.ieu de toute mon âme également. Je me réjouis du privilège qui m'est échu de pouvoir accomplir à l'heure actuelle ce commandement aussi. »

Lorsque Rabbi Akiva arriva au mot « E’had » (D.ieu est Seul et Unique) dans sa prière, il s'y arrêta en prolongeant le mot jusqu'à ce que sa sainte âme s'envole.

Le gouverneur Romain ne voulut pas rendre le corps de Rabbi Akiva et le jeta dans la prison.

C'est alors que le prophète Elie vint à Rabbi Yehochoua HaGarsi, un des disciples de Rabbi Akiva et l'attendit à la porte de sa maison. Lorsqu'il l'aperçut, il lui dit : « Veille sur toi, mon seigneur. » Rabbi Yehochoua lui répondit « Paix sur toi mon seigneur et maître. Qui es-tu et que veux-tu ? »

« Je suis un Cohen (prêtre) », lui dit le prophète Elie, et il lui dit que le corps de son maître Rabbi Akiva gît dans la prison. Ils s'en allèrent alors tous deux dans la prison. Ils trouvèrent la cellule grande ouverte et le gardien, en train de dormir. Rabbi Yehochoua HaGarsi pénétra dans la cellule et mit le corps de Rabbi Akiva sur le lit. Le prophète Elie s'empara alors du corps de Rabbi Akiva, le mit sur ses épaules et l'emporta.

Toute la nuit, ils portèrent le corps de Rabbi Akiva ; ils entrèrent enfin dans la ville d’Antiphras. La, ils montèrent trois marches, et ils descendirent trois marches, et soudain s'ouvrit devant eux une grotte. Ils pénétrèrent dans la grotte et ils virent une chaise, une table et un lit. Une bougie était sur la table. Ils placèrent le corps de Rabbi Akiva sur le lit et la bougie s'alluma aussitôt d'elle-même. Ils quittèrent alors leur grotte et l'entrée se referma.

Lorsque le prophète Elie s'en aperçut, il s'exclama : « Vous êtes bienheureux, vous, justes, bienheureux parce que vous peinez dans la Torah, vous êtes bienheureux, vous, craignant D.ieu, bienheureux Rabbi Akiva. »

Au même moment que Rabbi Akiva mourait, Rabbi Yehouda HaNassi naissait. Ainsi qu'il est écrit dans l'Ecclésiaste : « Le soleil se lève et le soleil se couche. Avant que le soleil ne se couche en un endroit, il apparaît en un autre. » Il en est de même chez les Juifs : lorsqu'une grande lumière s'éteint, une autre lumière s'allume à la place de la première.