Je ne fais pas vraiment partie des femmes qui savent pétrir elles-mêmes leurs ‘Hallot pour Chabbat et les fêtes. Je suis plutôt une « bleue » dans ce domaine mais depuis que j’ai remarqué que j’étais un peu allergique au blé – qui me cause une sensation de fatigue – j’ai réalisé que la seule solution, c’était de faire moi-même mes ‘Hallot à base de farine bio. De plus, la cuisson des ‘Hallot et la Mitsva de prélever la pâte sont une des trois Mitsvot spécialement désignées pour les femmes juives. Pourquoi se priver de cette belle Mitsva ?

Cette Mitsva peut apporter vraiment la bénédiction de D.ieu dans la maison juive et c’est le moment idéal  pour demander à D.ieu tout ce dont j’ai besoin. D.ieu sait que j’ai tant de choses à demander, pour lesquelles prier : je me tiens devant la table remplie d’ingrédients, avec tant de peine dans mon cœur !

J’observe les différents ustensiles. La pâte est collante et désagréable…mais je réfléchis : « C’est une Mitsva si spéciale ! Je vais pétrir la pâte à la main ! ». Le fait de pétrir à la main est une sensation spéciale. Cela me rappelle l’histoire d’Avraham avec les anges qui étaient venus lui rendre visite. Il avait été si content de recevoir des invités qu’il était allé lui-même procéder à l’abattage des veaux pour servir à manger à ses hôtes. Mais il laissa à son épouse Sarah le soin de pétrir le pain parce que cette Mitsva lui appartenait. C’est d’ailleurs la première fois dans la Torah qu’apparaît la Mitsva de la ‘Halla.

J’ai versé la farine et tous les autres ingrédients dans une grande bassine et je me prépare à pétrir.

Avec cette farine, l’important c’est de ne pas pétrir trop longtemps. C’est pourquoi je me suis dit : « Je dispose de cinq minutes pour parler au bon D.ieu, pour Lui rappeler tout ce dont j’ai besoin. » J’ai mis le chronomètre en marche et j’ai commencé.

J’ai pétri la pâte : « Oh mon D.ieu ! J’ai besoin que mes enfants soient en bonne santé physique, spirituelle et mentale. »

Je pétris et je continue : « Mon D.ieu ! Je suis très soucieuse pour les soins dentaires que je dois subir bientôt. »

Je pétris et je pétris encore : « Mon D.ieu ! Je suis très en colère contre… ». Non ! De quel droit est-ce que je me permets ceci ?

J’en ai terminé avec mes « problèmes ». Quels problèmes ? Cela m’a pris une demi minute. Il me reste encore quatre minutes et demie. Maintenant je commence vraiment à apprécier ma recette.

« Oh mon D.ieu ! Envoie une guérison rapide et complète à tous les malades de ton peuple Israël ! »

Je pense au mari de mon amie qui est hospitalisé. Et à la fille de ma voisine qui est grippée. Le fils de l’amie de mon amie a eu un accident. Le cousin de ma belle sœur doit être opéré. Une femme que j’ai rencontrée dans un magasin doit subir une nouvelle séance de chimiothérapie. Malheureusement, la liste est longue, trop longue : « Pétrir, pétrir encore, aplatir la pâte et l’aplatir encore. » Je murmure devant ma pâte : « Oh mon D.ieu ! Guéris-les tous ! Ne laisse pas Tes enfants souffrir ! »

Cette pâte ne devient pas souple, elle colle. Cela devient de plus en plus difficile de pétrir. Je regarde le chrono : Oye Oye Oye ! Il ne me reste plus que deux minutes à pétrir ! 

« Oh mon D.ieu ! La fille de mon amie cherche à se marier depuis si longtemps ! Aide-la à trouver l’homme de sa vie ! »

Puis je pense à la fille de ma cousine qui a le même problème. Et je me souviens de ce jeune homme que j’ai rencontré et qui veut lui aussi se marier. Ah ! Et pourquoi pas ? Peut-être que cette charmante jeune fille dont j’ai fait la connaissance au cours de Torah serait celle qu’il lui faut ?

Drrr, Drr ! Le chrono sonne. Mais je n’ai pas encore terminé ! Il y a encore tellement de gens pour lesquels je souhaite demander à D.ieu une aide immédiate. Alors j’ai continué à pétrir, à tenter d’arracher la pâte qui colle à mes doigts. Peu importe si je pétris trop longtemps et que les ‘Hallot vont sortir trop lourdes du four. Ce n’est pas grave, j’ai encore tellement de prières à formuler.

Et j’ai continué à pétrir et à prier.

J’ai fini par couvrir la pâte pour la laisser gonfler : « N’apporte que du bien à toutes les personnes que j’ai mentionnées et pour lesquelles j’ai prié avec mes pauvres mots ! »

Une heure plus tard, je suis prête à prélever la ‘Halla de la pâte : « Oh mon D.ieu ! Envoie à ton peuple la délivrance dont il a tant besoin ! »

Selon la coutume, j’ai glissé quelques pièces dans la boîte de Tsedaka (charité) puis j’ai prononcé très lentement la bénédiction : « Barou’h Ata Ado-naye Élo-hénou Mélèkh Haolam Achère Kidechanou Bemitsvotav Vetsivanou Lehafrich ‘Halla ». J’ai prélevé une petite boule de pâte, je l’ai fièrement soulevée et j’ai proclamé : « Voici la ‘Halla ! » Puis je l’ai faite brûler.

J’ai façonné les pains aussi bien que j’ai pu, je les ai laissé gonfler encore une demi heure. Je les ai badigeonnés de jaune d’œuf battu et je les ai parsemés de graines de pavot. Enfin je les ai mis au four.

Quelle bonne odeur a envahi la maison !

Tout ceci m’a remplie de fierté et de bonheur. Je ne veux pas attendre trop longtemps avant de recommencer. J’ai encore tellement de gens à mentionner devant Celui qui me permet de réaliser une aussi belle Mitsva !

Qui veut manger mes belles ‘Hallot ? Elles ont été pétries avec amour, avec confiance, avec du miel et avec … des larmes !