J’ai entendu dire une fois que la douleur est en fait l’amie d’une personne :

  1. elle lui permet de savoir qu’il y a un problème.
  2. elle lui permet de savoir qu’elle n’est pas morte.

L’idée m’a paru un peu décalée, mais vraie.

Comment cela s’appliquerait-il au trouble ou à la douleur d’ordre spirituel ?

Rabbi Mena’hem Mendel, le troisième Rabbi de Loubavitch, fut sollicité par un disciple en proie à des pensées agnostiques.

– Pourquoi cela te dérange-t-il ? lui demanda le Rabbi.

– Parce que je suis un Juif ! s’écria l’homme.

– Dans ce cas, tu vas très bien, répondit le Rabbi.

D’après moi, la réponse du Rabbi enseigne deux puissantes leçons.

Alors, si vous souffrez de vous sentir déconnecté, célébrez le fait que cela vous touche

Tout d’abord, tant que l’on est dérangé par sa déconnexion d’avec le Divin, on est en (relativement) bonne forme ; au moins, on sait que son âme est vivante.

C’est dans l’apathie que réside le véritable danger.

Une absence de douleur peut signifier que l’on a perdu la sensation dans les « tendons » spirituels qui relient une personne à D.ieu.

Deuxièmement, la foi peut être plus forte qu’on ne le pense.

L’affaiblissement de la foi peut s’autoalimenter. Il peut créer sa propre « gravité » pour accroître son éloignement.

Mais quand la foi d’une personne persévère face au doute, cela exprime la puissance du calibre de cette foi.

Il y a un précédent historique à cela : lorsque les Juifs quittèrent l’Égypte, leur niveau spirituel était au plus bas et ils étaient compromis dans l’idolâtrie.

Mais en même temps, nos Sages nous disent que les Juifs tenaient tenacement à leur foi. De fait, la Torah utilise le terme « légion » ou « bataillon » pour décrire cette génération de Juifs, afin d’indiquer que – malgré leurs faiblesses théologiques – ils étaient « mobilisés » en tant que Juifs.

Alors, qu’en était-il ?

Étaient-ils au bord du reniement ? Ou bien étaient-ils tenacement reliés ?

Les deux.

Les Juifs éprouvaient une turbulence spirituelle, mais ils ne perdirent jamais leur ancrage au Divin. Cette ténacité les a maintenus jusqu’à ce qu’ils parviennent au Sinaï, où ils connurent la Révélation divine et la clarté spirituelle.

La ténacité spirituelle est l’épine dorsale d’une foi inspirée et pleine de corps. Elle nous permet de continuer d’avance quand nous nous sentons vides ; elle nous soutient jusqu’à la prochaine élévation spirituelle, qui peut être très proche.

Alors, si vous souffrez de vous sentir déconnecté, célébrez le fait que cela vous touche, et que vous pouvez encore ressentir quelque chose.

Mais, de grâce, restez mobilisé.

Eux l’ont fait.

Vous le pouvez aussi.