Machia’h n’amènera pas la délivrance au seul peuple juif, mais à l’humanité tout entière. Il amènera le monde à sa plénitude et fera en sorte que toute chose retrouve sa place légitime.
Le Judaïsme, contrairement aux autres religions, n’aspire pas à l’hégémonie sur l’humanité. C’est l’inverse qui est vrai : lorsqu’un non-juif exprime son désir de se convertir au judaïsme, il est d’abord repoussé, car nous n’avons pas vocation à transformer les non-juifs en Juifs. Celui qui y tient véritablement malgré les difficultés que cela implique pourra certes être accepté, mais si un non-juif demande ce qu’il convient de faire, la réponse est qu’il doit être lui-même, une bonne personne telle que D.ieu a souhaité qu’il soit. Nous ne faisons pas de prosélytisme.
Selon la Torah, le rôle de l’humanité est de civiliser le monde, d’en faire un lieu où il fait bon vivre, un monde de foi en le Créateur, un monde de justice et de droiture. Ce rôle est synthétisé dans les Sept Lois Noahides qui constituent le socle d’une société humaine digne, ces Sept Lois que la nation juive s’est vu confier au mont Sinaï la tâche de diffuser auprès de ses frères humains.
Une nation de prêtres
Le rôle des Juifs est différent. Lorsque D.ieu choisit le peuple juif et lui donna la Torah, Il dit : « Et vous serez pour Moi un royaume de prêtres et une nation sainte »1 Tout comme au sein du peuple juif les prêtres (cohanim) ont une fonction particulière qui est de servir dans le Temple et d’augmenter la sainteté du peuple, de même le peuple juif dans son ensemble doit jouer ce rôle de « prêtre » envers le monde entier et transmettre les valeurs de foi et de sainteté à toute l’humanité.
De par cette importante et noble fonction, le peuple d’Israël aurait dû jouir de la considération et du soutien des autres nations envers. Mais nous vivons des temps d’exil, marqués par une confusion des valeurs et des principes et, bien que les nations perçoivent toutes la singularité du peuple juif, cela ne suscite pas chez beaucoup d’entre elles du respect, mais hélas, plutôt du rejet et de la haine.
Cette situation changera lors de l’ère messianique. Alors, les nations aideront les Juifs à remplir leur fonction, comme il est écrit : « Des gens du dehors seront là pour paître vos troupeaux ; des fils d’étrangers seront vos laboureurs et vos vignerons. »2 Et que feront les Juifs à ce moment ? Le prophète le dit à la suite : « Et vous, vous serez appelés prêtres de l’Éternel, on vous nommera serviteurs de notre D.ieu. » Lorsque le monde entier sera amendé, la relation entre Israël et les nations sera assainie et trouvera l’équilibre que le plan divin lui a prévu.
Deux étapes
Du scénario de la délivrance messianique que décrit Maïmonide,3 il ressort que cette évolution se fera en deux étapes. Dans un premier temps, Machia’h devra lutter contre certaines nations hostiles : « Il livrera les guerres de D.ieu... et triomphera des nations alentour. » Ces nations s’opposeront à l’ordre nouveau qu’il souhaitera instaurer et le combattront, mais elles seront défaites. Dans un deuxième temps, l’ensemble des peuples acceptera les paroles de Machia’h : « Il amendera le monde entier pour servir D.ieu ensemble. »
Selon l’ordre donné par Maïmonide, cette harmonie du monde n’interviendra que vers la fin du processus messianique, après la construction du troisième Temple et le rassemblement des exilés en Terre d’Israël. C’est seulement alors que le Machia’h amènera le monde et l’humanité à leur plénitude.
De fait, c’est précisément dans cet aspect que s’exprime la spécificité de l’apport du Machia’h, car la plénitude du peuple juif et de l’étude de la Torah dans la sérénité furent déjà atteintes dans une grande mesure à l’époque du roi Salomon et du roi Ézéchias. En revanche, l’harmonie entre les nations autour d’un but noble ne s’est jamais concrétisée et sera l’effet de la grande puissance du Machia’h : « Il se dressera comme la bannière des peuples ; les nations se tourneront vers lui, et sa résidence sera entourée de gloire. »4
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