L’une des caractéristiques de la future délivrance messianique est qu’aucun Juif ne demeurera en exil. Il n’en fut pas de même lors de la Sortie d’Égypte : les impies – ceux qui ne voulaient pas sortir d’Égypte – ne furent pas délivrés, et moururent lors des trois jours que dura la plaie des ténèbres. 1

Sur la Délivrance messianique, il est dit : « Par Ma vie, dit l’Éternel D.ieu, Je jure que d’une main puissante et d’un bras étendu... Je me comporterai en roi à votre égard ! »2 Même s’il se trouvera certains qui ne voudront pas être délivrés, D.ieu les délivrera contre leur gré et régnera sur eux « d’une main puissante ». Rachi commente ainsi le verset « D.ieu ramènera tes captifs »3 : « Il saisira chacun de Ses mains... ainsi qu’il est écrit : “Et vous, vous serez rassemblés un à un, enfants d’Israël.”4 »

Ils se repentiront

Mais comment est-il possible que les impies méritent la Délivrance ? La justice divine fera-t-elle défaut, à D.ieu ne plaise ? La réponse est qu’il ne s’agit pas d’une situation où ces gens resteront impies et seront délivrés tels quels, mais que D.ieu suscitera dans le cœur de chaque Juif un élan de repentir sincère, au point où tous seront dignes d’être délivrés. Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi interprète ainsi le verset « Il ne repoussera pas à jamais celui qui est banni de Sa présence »5 : « Il est certain que chaque Juif finira par faire téchouva »6 à l’approche de la délivrance messianique. Maïmonide, écrit pour sa part : « La Torah a assuré que le peuple d’Israël finira pas faire téchouva à la fin de son exil, et il sera immédiatement délivré. »7

Ainsi, lorsque Machia’h viendra, il éveillera tous les Juifs à revenir vers D.ieu de tout leur cœur. Il y aura alors le « grand choffar » qui allumera le feu de la téchouva même chez ceux qui étaient « perdus » et « relégués »,8 jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucun Juif en exil. C’est l’une des raisons pour lesquelles cette délivrance est qualifiée de « complète », car seule une délivrance qui concernera l’intégralité du peuple juif peut être qualifiée de « complète ».

Ce sera une conséquence des modalités de la délivrance. Du fait que celle-ci rendra la vérité divine manifeste dans le monde, il ne sera pas possible que quiconque en soit exclu. Si la vérité est que chaque Juif est lié à D.ieu dans la profondeur de son âme, et que son éloignement de Lui est seulement superficiel du fait de l’obscurité et du voile que projette l’exil, la révélation de cette vérité entraînera qu’il reviendra immédiatement à sa source et sera délivré.9

La souffrance de Machia’h

C’est pourquoi il est dit que Machia’h endurera de terrible souffrances pourvu qu’aucun Juif ne soit perdu en exil. Il prend même sur lui les souffrances que ses détracteurs et ses contempteurs auraient eux-mêmes dû subir, afin que ceux-ci soient également délivrés.

Il est ainsi rapporté dans le Midrash10 que D.ieu posa une condition à Machia’h :

– Ceux dont les fautes sont enfouies chez toi, ils te feront rentrer dans un joug de fer, et ils te feront comme à ce veau dont les yeux se sont obscurcis, ils étoufferont ton esprit par un joug ; et par la faute de ceux-ci, ta langue se collera à ton palais. C’est ce que tu veux ?

– Maître du monde, cette souffrance durera-t-elle de nombreuses années ?

– Par ta vie et la vie de ta tête, J’ai décrété sur toi sept ans. Si cela t’attriste, Je les élimine dès à présent.

– Maître du monde, c’est le cœur réjoui que je prends sur moi cette souffrance, afin qu’aucun Juif ne soit perdu.

Machia’h accepte ainsi de dures souffrances pour qu’aucun Juif ne soit exclu de la délivrance messianique.

Na’hmanide écrit des propos similaires.11 Il cite le verset « Et pourtant ce sont nos maladies dont il était chargé »12 et commente : « Car il est malade et affligé de nos fautes, par lesquelles nous aurions dû nous-mêmes être malades et affligés. » Plus loin, il explique que les souffrances du Machia’h nous guériront : « Par son mérite, D.ieu nous pardonnera, et nous serons guéris de nos fautes. »13

Telle sera la grandeur de cette ultime délivrance et du dernier libérateur : aucun Juif ne sera laissé pour compte.