« Maman, je veux que tu viennes à la maison maintenant. Je veux que tu sois là. » réclame mon plus jeune enfant. « Maman, est-ce que tu vas revenir à la maison ? »
Cette simple et douce question de mon petit de trois ans me fait mal au cœur. « Bien sûr que je vais revenir. Je serai à la maison dans deux jours. »
La réponse ne l’apaise pas, et il ne comprend pas que j’ai déjà mon billet de retour.« Maman, je veux que tu viennes à la maison maintenant » Deux jours, une semaine, un mois. Le temps ne signifie rien pour lui. Il ne fait pas la différence. Et me voir sur Skype le trouble. Nous n’avons pas de télévision ou d’écran vidéo chez nous. Il ne comprend pas où je suis, ni comment il peut me voir et ne pas être avec moi. Il ne comprend pas que je suis en contact permanent avec lui. Ma présence physique n’est pas avec lui, mais je pense à lui et je suis avec lui, toujours très connectée à lui, mais pas de la même manière tangible.
C’est la première fois que j’ai quitté la maison et laissé mes enfants, pour une session de formation d’une semaine qui me permettra d’acquérir une énorme quantité de compétences et d’outils à utiliser dans ma pratique. Je pensais que la séparation d’une semaine en valait la peine, mais je suis surprise par les réactions de mes enfants, en particulier du plus jeune. Je suis également surprise de combien ils me manquent !
J’ai tout préparé, les aliments cuits et congelés, un programme journalier, des instructions précises pour mon mari, et des vêtements fraîchement lavés et rangés. Sachant à quel point mes enfants sont proches de mon mari et combien ils l’adorent, et étant donné que tous leurs besoins étaient pris en charge, je ne pense même pas que j’allais leur manquer. À mon grand plaisir, j’ai eu tort ! Il n’y a rien de tel que la présence féminine d’une maman.
J’aurais voulu pouvoir exprimer avec des en mots ce qu’est exactement cette présence, mais je ne peux pas. Si je ferme les yeux, je pense à des bras chauds et doux, à un ventre arrondi, à une épaule douce, à un doux parfum. Je vois une femme faisant ce que seul son corps est capable de faire : allaiter son bébé. Ce n’est pas que mon mari n’est pas doux et attentif. Je suis tranquille sachant qu’il les couvre de câlins et de baisers, mais il n’est pas maman.
Lorsque le Temple fut détruit, nous n’avons pas seulement perdu le lieu physique de notre service de D.ieu. Nous avons perdu cette proximité, ce contact physique avec la Chekhina, l’attribut féminin de D.ieu, notre « Maman ».
Les coups de fil et Skype ne suffisent pasNous nous réveillons le matin, nous respirons, nous mangeons, et tout ce dont nous avons besoins est préparé et nous est fourni. Nous sommes connectés, et nous étudions la Torah et prions. Nous recevons des étreintes et des baisers, mais Maman nous fait défaut, Maman nous manque, Maman est absente.
Les coups de fil et Skype ne suffisent pas. À mesure que passent les années, nous commençons à douter. La Chekhina reviendra-t-elle vraiment à la maison ? Y aura-t-il vraiment une rédemption ? Le manque sera-t-il jamais comblé ? Retrouverons-nous jamais cette proximité, la proximité d’un bébé sur le sein de sa mère ? L’enfant peut en douter, mais je dois vous dire, du point de vue de la mère, cela viendra. Elle n’oublie jamais. Elle ne cesse jamais de penser à Ses enfants, ni de se préoccuper d’eux. Son amour est inconditionnel. En fait, quand nous sommes allés en exil, Elle a insisté pour venir avec nous. Elle ne peut jamais vraiment se séparer de nous, et quand viendra la rédemption finale, Elle se révélera à nous. Sa présence sera de nouveau tangible, et avec Elle, nous retournerons tous à la maison.
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