Délation à l’encontre de Rabbi Lévi Its’hak Schneerson
Je me souviens qu’une fois, revenant de l’extérieur, je suis rentrée dans ma maison et j’y ai trouvé un officier de police, un « Pristov », comme on disait alors. Celui-ci était assis, chez nous et il y avait, près de lui, un policier moins gradé. Ils tenaient à la main un acte de délation à l’encontre de Schneerson, dont la teneur était la suivante :
Schneerson est le descendant du Schneerson bien connu, ils faisaient allusion à l’Admour Hazaken1, qui a collecté des fonds pour les envoyer à l’étranger,2 ce qui était interdit par les autorités, à l’époque. De ce fait, il3 avait été incarcéré dans une forteresse. Or, son descendant sème, à son tour, le trouble parmi la population juive !
À cet acte de délation était joint un document, dans lequel il était dit que Schneerson résidait, au préalable, à Tchernigov, où il s’enivrait, au point d’ôter son Sirtouk.4 Son comportement était à ce point répréhensible ! Le délateur demandait donc que Schneerson soit expulsé de la ville.
Le signataire de cet acte de délation était un chef de famille important de la ville, riche et érudit de la Torah, mais farouchement opposé à la ‘Hassidout.
Quelques mois plus tard, cet opposant à la ‘Hassidout fut victime, alors qu’il marchait dans la rue, d’une crise cardiaque, qui lui fut fatale. Certains expliquèrent que c’était la « récompense » de sa délation. Sa famille demanda à Schneerson d’assister à l’enterrement.
Il faut préciser que l’épisode de Tchernigov s’était produit à l’occasion du mariage du frère de mon mari,5 qui avait épousé la fille6 de David Hirsch ‘Hein.7 Bien entendu, il y avait eu une joyeuse réunion ‘hassidique, lors de cette célébration.
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18 Nissan 5711,8 second jour de ‘Hol HaMoed Pessa’h, Brooklyn
Récits sur l’enfance du Rabbi
Nous sommes actuellement dans les jours de ‘Hol Ha Moéd et le fait que je me consacre, en ce moment, à la rédaction, n’est peut-être pas ce qu’il faudrait,9 mais je ressens un désir de noter quelques souvenirs. J’ai donc repoussé jusqu’après la fête l’écriture de quelques lettres, que j’avais l’intention de rédiger et j’écris maintenant ces quelques lignes.
Le 28 mars 1939, avant la fête de Pessa’h – je ne me rappelle plus de la date juive correspondante,10 car pour tout ce que je devais faire à l’époque, je me servais de la date russe – est le jour en lequel mon mari, dont la mémoire est une bénédiction, a été arrêté.11
Nous avons vécu de multiples péripéties, durant ces années. Pour tout ce qui concernait mon mari, dont la mémoire est une bénédiction, j’ai déjà, quelque peu, relaté tout cela par écrit, en fonction des forces dont je disposais et de mes souvenirs. Je ne voulais pas que tout soit complètement oublié. Or, personne d’autre que moi ne se trouvait avec lui, à l’époque.
Douze années se sont déjà écoulées, depuis lors, et je me trouve ici depuis pratiquement quatre ans.12 C’est grâce à D.ieu, qu’Il soit loué et grâce à mon fils Mendel, que D.ieu lui accorde une longue vie, que j’en suis arrivée là.
Ce n’est pas en vain que la récompense accordée pour le respect des parents est la longévité.13 Comme il14 me simplifie la vie avec la considération qu’il a pour moi ! Que D.ieu lui accorde, de ce fait, de longs jours et de bonnes années, en bonne santé et avec la réussite. Et, qu’il ne connaisse jamais le moindre mal, Amen.
Je n’exagèrerais pas en affirmant qu’il est saint et pur. Je me rappelle de sa croissance et de son développement moral, qui a commencé depuis sa plus tendre enfance.15
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À l’âge de deux ans, il savait poser les quatre questions.16 Il parlait alors comme les enfants de son « âge », selon le terme que l’on emploie ici.17
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Quand il a eu trois ans, avant tout, il était très beau, au sens le plus littéral. Il avait de longues boucles claires, que j’ai cachées,18 lorsque j’ai quitté la maison, en 1940.19 Mais, elles ont été perdues, avec le reste de nos biens. Lorsque je marchais avec lui, dans la rue, les passants qui l’apercevaient s’arrêtaient pour le regarder
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En20 1905,21 des pogroms ont été perpétrés, en Russie. Des femmes et des enfants étaient cachés dans une pharmacie et il22 a appris ce qui se passait. Le danger était sérieux. Des enfants plus grands que lui et d’autres de son âge pleuraient et faisaient beaucoup de bruit. Lui, en revanche, maîtrisait l’événement. Il agissait, non seulement pour que les présents ne souffrent pas à cause de lui, mais aussi pour obtenir que les autres enfants se calment, à leur tour.
Les personnes qui se trouvaient là et, de même, le pharmacien qui pénétrait, de temps à autre, dans la pièce pour nous surveiller, parlaient de lui avec émerveillement. Il avait alors trois ans !
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Avant le début du pogrom, il allait et venait dans la maison, en annonçant :
« C’est la fin du pouvoir personnel ! »23
Il avait entendu ce qui se disait, à ce propos24 et il avait compris, d’une certaine façon, que ce pouvoir faisait souffrir les Juifs. Je me rappelle que mon père.25 craignait que l’on entende ces mots et il lui a demandé de se taire26
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Par la suite, il commença à fréquenter le ‘Héder, jusqu’à ce que nous payions des professeurs pour lui enseigner la Torah à la maison. Quel plaisir nous en avons conçu !
Nous étions fiers de lui, en permanence, à chaque occasion. Il avait quelque chose de particulier, non qu’il l’ait recherché. Bien au contraire, il s’est toujours éloigné de cela. Mais, le respect que l’on éprouvait envers lui était comme une évidence.
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La Bar Mitsva du Rabbi
Je pense qu’il se rappelle sûrement du discours qu’il a fait, lors de la célébration de sa Bar Mitsva.27 Il me semble même qu’il a en fait deux, l’un sur la partie révélée de la Torah et l’autre sur sa dimension profonde.
Une très large assistance était présente, à cette fête. Nous avions beaucoup de bons amis. C’était, en outre, la période de la victoire des ‘Hassidim, dans le domaine du rabbinat, puisqu’un candidat ‘hassidique aussi éminent que lui avait été désigné comme Rav de la ville. De nombreuses personnes avaient donc assisté à cette Bar Mitsva, y compris celles qui n’avaient pas été invitées !
La fête de la Bar Mitsva a eu lieu pendant le Chabbat28 et la réunion ‘hassidique, à cette occasion, s’est poursuivie jusqu’après la Havdala. Je n’étais pas personnellement présente dans la pièce où les discours furent prononcés, mais tous furent émerveillés par leur contenu. Il est impossible de décrire cet émerveillement par les mots.
Je me souviens que l’ingénieur Foley, dont j’ai parlé ci-dessus,29 un homme très intelligent, qui possédait de bonnes connaissances de la Torah et une analyse très fine, s’est approché de moi et il m’a dit :
« C’est la première fois de ma vie que j’entends de tels propos de la bouche d’un enfant de cet âge ! »
Après cela, a commencé un épisode nouveau. Le père du Bar Mitsva lui a demandé de lui faire une certaine promesse. Je n’étais pas moi-même présente. Mais, il n’a pas été aisé d’obtenir son accord. Des vieux et des jeunes, des hommes ne pratiquant pas et ceux qui le faisaient quittaient alors la pièce en pleurant !
Il y avait alors une atmosphère que les mots ne peuvent pas décrire. Cela a duré de nombreuses heures. Puis, au final, le Bar Mitsva a donné une réponse positive.30 Par la suite, tous ont commencé à danser, avec des visages larmoyants, mais emplis de joie. Pour ainsi dire, tous avaient fait la transition vers un autre monde.31
C’était un enfant maigre, qui avait un visage raffiné, d’une grande inspiration, tel qu’on ne le rencontre que très rarement.
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