Pourquoi demandons-nous ce qu’est l’amour ?

Lorsque nous demandons « Qu’est-ce que l’amour ? », c’est en général a) soit parce que nous ne sommes pas sûrs/sûres qu’une certaine personne très spéciale nous aime réellement, ou bien b) parce qu’une certaine personne très spéciale nous accuse de ne pas l’aimer réellement.

Toutefois, lorsque nous sommes vraiment investis dans le fait de prodiguer et de recevoir de l’amour, nous ne nous posons pas de telles questions philosophiques. C’est seulement quand une chose vient à manquer que nous nous mettons à l’analyser et à en contempler la nature profonde. De même que personne ne s’attable pour prendre un repas complet tout en demandant : « Mais qu’est-ce donc, au fond, qu’un sandwich au poulet ? »

C’est seulement quand une chose vient à manquer que nous nous mettons à l’analyser et à en contempler la nature profondeAinsi, si nous en venons à nous demander ce qu’est l’amour, cela signifie probablement que nous ne nous sentons pas complètement aimé-e, ou que quelqu’un ne se sent pas complètement aimé par nous.

Quoi qu’il en soit, maintenant que la question est posée, tâchons de lui apporter une réponse.

« Est-ce que l’on m’aime ? » / « Est-ce que j’aime ? »

Les deux scénarios qui nous amènent généralement à nous demander ce qu’est l’amour donnent du sens à la question. Soit nous nous demandons « Est-ce que l’on m’aime ? », soit « Est-ce que j’aime ? »

Il est plus aisé d’aborder la question de ce qu’est vraiment l’amour en considérant en premier lieu l’amour dont nous sommes l’objet. Si nous apprenons à reconnaître que nous sommes aimés, nous pouvons dès lors en venir à reconnaître notre amour pour quelqu’un d’autre.

Lorsque nous sommes aimés, nous avons tendance à le ressentir dans nos tripes, de manière intuitive. Mais comment cela fonctionne-t-il ? Le cœur possède-t-il un sixième sens qui puisse lire les sentiments dans le cœur d’une autre personne ?

Dans les faits, cela n’a rien de tellement surnaturel. Au contraire, il s’agit d’un mécanisme tout ce qu’il y a de plus pratique. Notre cœur reçoit des signaux de nos sens. Tout ce que nous voyons, entendons, goûtons, touchons ou sentons nous édifie sur le monde qui nous entoure. Nul besoin de contemplation ou de questionnement. Nos organes sensoriels renvoient tout vers notre cerveau qui interprète toutes ces données et envoie son rapport à notre cœur. Dès lors, lorsque nous voyons un sourire plein d’amour, entendons des paroles aimantes ou ressentons une caresse aimante, notre cerveau traite cette information et en conclut : « Mais oui, je suis en train d’être aimé-e en ce moment même ! »

Bref, lorsque nous sommes aimés, il y a de cela une preuve tangible. Ce n’est pas une pensée abstraite ou une impression, c’est quelque chose de concret et d’attesté. Comme le roi Salomon l’écrivit dans les Proverbes (27, 19) : « Comme dans l'eau le visage répond au visage, ainsi le cœur d’une personne répond-il à une autre personne. » Ceci veut dire que lorsque nous sommes l’objet d’un amour, notre cœur ressent cet amour.

L’amour est une action

Maintenant nous pouvons nous attaquer au second volet de ce dilemme sur l’amour : comment savoir si nous aimons quelqu’un d’autre ?

La réponse est simple. Quand nous nous comportons de manière aimante avec une personne, c’est que nous l’aimons.

Quand nous demandons « Qu’est-ce que l’amour ? », nous pensons devoir définir une notion abstraite, comme lorsque l’on demande « Qu’est-ce que la liberté ? » ou « Qu’est-ce que le bonheur ? ». Mais en vérité, l’amour n’est pas un concept. C’est une action.

Demander « Qu’est-ce que l’amour ? », c’est comme demander « Qu’est-ce que courir ? » ou « Qu’est-ce que nager ? ». Si vous avez déjà vu quelqu’un courir ou nager, vous savez exactement ce que courir et nager impliquent.

Pour que l’amour soit un véritable amour, il doit s’exprimer sous forme d’actionLe terme hébraïque pour « amour », ahavah, exprime cette véritable définition de l’amour, car ce mot est construit sur la racine formée des consonnes h-v qui signifie « donner ». Pour que l’amour soit un véritable amour, il doit s’exprimer sous forme d’action. Si vous aimez votre bien-aimé-e, vous devez le montrer. De la même manière, si vous êtes aimé-é, cela se verra aussi. Vous le reconnaitrez par la manière dont vous êtes traité-e.

D.ieu nous enseigne comment aimer

D.ieu nous commande (Deutéronome 6, 5) « Et tu aimeras l’Éternel ton D.ieu ». Ce précepte nous amène à poser la question classique : « Comment pouvons-nous êtres commandés de ressentir un sentiment ? » Soit on ressent, soit on ne ressent pas, n’est-ce pas ?

Une des réponses que donne notre tradition à cela est qu’il ne nous est pas ordonné de ressentir un sentiment de manière abstraite. Ce que ce commandement nous enjoint de faire, c’est de nous comporter avec amour. À la lumière de cela, « Et tu aimeras », signifie en réalité, « Et tu accompliras des actes d’amour ».

Tel est le vrai test : action, gestes, accomplissement.

Les sentiments peuvent s’avérer trompeurs. Il arrive que ce que nous percevons comme de l’amour relève en fait d’une autre émotion. Mais les actions ne donnent pas lieu à équivoque. Alors, plutôt que de demander « Qu’est-ce que l’amour ? », nous devons nous demander « Est-ce que j’accomplis des actes d’amour envers mon/ma bien-aimé-e ? » et « Est-ce que mon/ma bien-aimé-e  accomplit des actes d’amour envers moi ? »